Publié le 2 Jul 2021 - 19:50
CHRONIQUE PAR PHILIPPE D’ALMEIDA

Où il est encore question de Covid…

 

L’on ne se lassera jamais de s’indigner du détachement apparent des pouvoirs publics eu égard au coronavirus, pandémie qui aura prouvé et qui continue de démontrer sa vitalité létale, s’habillant de variants aussi divers qu’incernables pour figer dans l’impuissance autorités sanitaires et politiques.

La fin du couvre-feu a sonné l’incipit de ce détachement récent et a limité l’action à la publication de bulletins quotidiens pour habiller de statistiques la tragédie silencieuse qui frappe les familles dans le silence convenu de la communauté nationale.

Cette communauté s’est regardée dans le miroir de sa conscience et a décidé que son économie ne pouvait pas être à l’arrêt indéfiniment, que ses plaisirs ne pouvaient être mis entre parenthèses et que ses libertés, quoi, ses libertinages nocturnes ne pouvaient être sacrifiés sur l’autel des réalités, fussent-elles funestes.

Alors, la vie a repris son cours, depuis le mois de mars, avec son cortège funèbre de victimes qu’on ne nomme plus, d’hospitalisations qui finissent souvent mal, dans l’évidence d’un déni collectif sidérant.

Tandis que sous d’autres cieux, l’on déconfine avec la plus grande prudence, non sans  la crainte légitime qu’inspire le fameux variant Delta dont l’hypervirulence est avérée et qui peut, à tout moment, replonger les pays en soif de liberté retrouvée, dans le cauchemar du printemps 2020, eh bien, chez nous, on reste comme prostrés dans le confort de l’autruche.

En Europe, le risque est grand d’une quatrième vague. C’est l’annonce qu’a faite hier l’Organisation mondiale de la santé, se basant sur l’hyper contagiosité du variant delta, qui fait poindre, sur l’ensemble de la planète, des menaces nouvelles. Pour conjurer un possible retour en arrière et la probabilité de nouveaux confinements, de nombreux pays de l’autre côté de la Méditerranée envisagent l’obligation vaccinale, en l’occurrence pour le personnel soignant qui, un peu partout, paradoxalement, affiche les mêmes réserves que les plus défiants du commun des mortels à l’égard du  vaccin… On croirait rêver !

Le Sénégal a enregistré, mercredi, deux décès dus au Covid-19 ainsi que 135 nouveaux cas liés à cette maladie, a annoncé le ministère de la Santé et de l’Action sociale, sans avoir été en mesure de nous dire le variant à l’origine de ces nouvelles contaminations qui, chaque jour, ont leur lot de victimes.

Par ailleurs, le taux de positivité s’établit désormais autour de 6, 67 % et Dakar reste la région la plus frappée du pays.

 Au total, 43 263 cas de Covid-19 ont été enregistrés au Sénégal, depuis l’arrivée de la pandémie sur son territoire, dont 41 487 patients déclarés guéris et 1 168 autres décédés. Voilà pour la réalité des chiffres ; et le progrès vaccinal ne rassure guère. En effet, l’on aurait pu croire que les Sénégalais, voulant à tout prix recouvrer leur liberté, eussent manifesté plus d’engouement à se faire vacciner. Là encore, on devra se désillusionner : 529 420 personnes seulement ont reçu au moins une dose de vaccin, depuis le début de la campagne de vaccination fin février. Sur une population de 16,7 millions d’habitants, ce taux de vaccination rend illusoire la possibilité d’une immunité collective qui pourrait donner à tous la certitude que la Covid est derrière nous.

On en est bien loin et cela ne semble inquiéter personne. Il semble même que l’on ait pris l’option de la limitation thérapeutique et de s’en vanter : le traitement à l’hydroxychloroquine et à l’azithomycine, que l’on nous dit efficaces sur les malades ‘’dans un état peu sévère’’, participe de cette fierté idéologique qui fait l’option de la guérison plutôt que de la prévention et qui abandonne à la fatalité, l’infernale spirale des contaminations et de la mort. Et la mort est bien là : 1 159 morts au 25 juin 2021, auxquels il faut ajouter deux morts en moyenne par jour, depuis…

Il faut s’interroger sur l’intention des pouvoirs publics ; sur les projets qui sont les leurs, face à cette pandémie qui n’a pas disparu et qui sème encore dans le monde désolation et terreurs. Dans la bulle de déni dans laquelle ils se sont enfermés, pourront-ils sentir l’urgence qu’il y a à prendre des décisions catégoriques sur la vaccination, pour en accélérer le rythme ? Pourront-ils prendre la mesure de la menace d’une troisième, voire d’une quatrième vague qui, fortes d’un variant Delta qui ne limite ni sa géographie mortelle ni son arrogance homicide, pourraient à nouveau, refermer le pays et arrêter son souffle ? Rien ne semble le présager.

 

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