Publié le 25 Jul 2013 - 01:16
DROGUE DANS LA POLICE

Les libéralités du commissaire Keïta avec le patrimoine de l'OCRTIS

 

Alors que tout le pays est suspendu aux conclusions de la Direction de l'inspection des services de sécurité chargée de faire la lumière sur l'affaire de la drogue au sein de la haute hiérarchie de la police, le grand déballage se poursuit.

 

Démêler l'écheveau de l'affaire de la drogue qui secoue la police peut se révéler être une sinécure pour les enquêteurs de la Direction de l'inspection des services de sécurité rompus aux enquêtes difficiles. Dans la mesure où, chaque jour qui passe apporte une once de lumière dans cette affaire que les autorités sénégalaises s'échinent de clore dans les meilleurs délais. En attendant, le lieutenant de police Babacar Mbengue, adjoint du commissaire central de Thiès, nous en apprend un peu plus sur les méthodes et les pratiques du commissaire Cheikhna Keïta. Notamment dans la manière dont il s'est accaparé des ''moyens appartenant à la Section opérationnelle pour les mettre à la disposition exclusive de ses enfants''.

Le lieutenant Babacar Mbengue a assuré le commandement de la section opérationnelle de l'Ocrtis, ''de mars 2008 au 18 février 2013''. À ce titre, il révèle que, sous le magistère du commissaire Abdoulaye Niang, la section opérationnelle a pu se doter, grâce ''à la coopération internationale'', notamment la police fédérale allemande, d'un lot de matériels ''de surveillance et de filature très sophistiqués composés de balises, de tracking, d'ordinateurs Hi-tech d'une valeur presque de 200 000 euros (130 millions F Cfa)''. Le lieutenant souligne que sa section avait également bénéficié des largesses de la coopération française qui leur permit de disposer de trois véhicules Renault. Une Renaut Logan transformée en taxi pour les investigations, une autre en suiveuse. Une troisième Renault Duster, aménagée pour accueillir le matériel.

Qu'a fait le commissaire Cheikhna Keïta à son arrivée ? ''Le commissaire Keïta a non seulement confisqué le matériel dans son bureau, mais il a donné le véhicule Duster au petit d'une de ses filles qui le conduisait jour et nuit''. Le lieutenant Mbengue ne s'en arrête pas là, il souligne que l'un ''des deux véhicules 4x4 Pick up double cabine de marque Toyota Hilux servait à acheminer les matériels de musique du groupe Takeifa, lors de leurs soirées''.

 

La DEA américaine suspend son projet d'implantation au Sénégal

Le lieutenant Babacar Mbengue insiste sur le volet international et montre comment les américains désireux d'implanter au Sénégal une antenne de la Drug Enforcement Administration (DEA) pour l'Afrique de l'Ouest, ont fait marche arrière avec l'arrivée du commissaire Keïta, malgré tout le travail qui avait été fait en amont. Les américains, révèle l'adjoint du commissaire central de Thiès, ont pris du recul après une réunion qui s'était déroulée dans le bureau même du commissaire Keïta. ''Les américains ont déclaré qu'ils n'avaient pas confiance en la personne du commissaire Keïta, vu qu'il parlait de choses qu'il ne maîtrisait pas et qu'il tirait sur toutes les autorités politiques, religieuses, policières, militaires et judiciaires du Sénégal, en les traitant de trafiquants de drogue et blanchisseurs d'argent.''

 

Saisies records

Si les américains avaient choisi le Sénégal pour y ouvrir une antenne, c'est parce que le Sénégal avait fini de se faire une place dans le concert des nations champions de la lutte contre le trafic de drogue. ''Sous la direction du commissaire Abdoulaye Niang, l'Ocrtis était un service très respecté et très sollicité par les américains et la plate-forme des Officiers de liaison européens basée au niveau de l'ambassade de France à Dakar''. Le lieutenant Mbengue en veut pour preuve des échanges d'informations confidentielles, des opérations de balisage de navires suspectés de trafic international de cocaïne, des investigations conjointes, ayant permis des ''saisies records'' de drogue. ''7 tonnes de cocaïne en Espagne, 300 kg en Italie, 8 tonnes 400 kg de Haschich au port de Dakar, 2 tonnes de chanvre indien à Mbao, en 2010''.

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