Publié le 2 Jan 2020 - 19:29
FILM PROJECTION DE ‘’NIAKA’’ A LA 4e EDITION DE BANLIEUE FILMS FESTIVAL

‘’Le ‘niaka’ est une socialisation de la femme’’ 

 

Le film ‘’Niaka’’ (initiation des femmes diolas) de Baba Diedhiou, fait partie des films qui ont été projetés lors de la 4e journée de l’édition 2019 de Banlieue Film Festival. Ce court-métrage documentaire apporte des éclaircissements sur cette coutume pratiquée en Basse-Casamance.  

 

Le ‘’boukout’’ est bien connu des Sénégalais. Ce qui n’est pas le cas du ‘’niaka’’, qui désigne l’initiation des femmes diolas dans le bois sacré. C’est aussi un documentaire du réalisateur l’artiste Baba, de son vrai nom El Hadj Samba Diedhiou. En 17 minutes seulement, M. Diedhiou réussit à montrer l’importance, les préparatifs et l’engouement qu’il y a derrière l’organisation du ‘’niaka’’, qui est aussi un moment de communion, de prières et de fête.  La diaspora ainsi que les habitants des villages environnants viennent assister à cet évènement. Ce rassemblement s’accompagne d’activités cultuelles telles que des danses de masques et des séances de lutte.

A travers ce court-métrage, contrairement à l’opinion populaire, le réalisateur renseigne que le ‘’niaka’’ est un rite différent de celui des hommes appelé ‘’boukout’’.  D’après les détenteurs de cette tradition, le ‘’niaka’’ donne plus de valeur à la femme. Les interlocuteurs de M. Diedhiou considèrent que ce rite prépare l’initiée à la ‘’vrai vie’’. ‘’C’est une école de formation où il y a un enseignement à la fois généraliste et spécifique, préparant la femme à prendre sa place dans la société’’, précise le réalisateur qui est, par ailleurs, un Diola originaire de la Basse-Casamance.

A ses yeux, la femme qui franchit cette étape est susceptible de faire tout ce qu’un homme peut réaliser. De ce point de vue, le ‘’niaka’’ instaure une sorte de parité homme-femme. C’est la raison pour laquelle cette coutume est d’une importance capitale chez les populations de la Basse-Casamance.

Une pratique qui se modernise

‘’Jadis, les filles qui n’avaient pas satisfait à cette exigence, ne pouvaient ni se marier ni recevoir de la terre pour cultiver et sont exclues, de fait, de la communauté’’, explique-t-on. La non-initiée n’était donc pas considérée comme une femme à part entière. ‘’Parce que c’était aussi une manière de lutter contre le mariage précoce’’, justifie M. Diedhiou.

Toutefois, avec la modernité, moult changements sont intervenus. Les jeunes filles ne sont plus obligées de rester dans le bois sacré pendant de longues périodes. Désormais, les filles qui poursuivent leurs études n’y séjournent qu’au plus trois jours. Mieux, une fille peut être initiée le matin, puis sortir le soir (mais à l’abri des regards) pour vaquer à ses occupations.

Par ailleurs, entre deux cérémonies de ‘’niaka’’, deux décennies peuvent s’écouler.  La dernière édition avant celle de 2018 date de 1986. Elle était organisée à Silinkine. ‘’Ça demande une longue préparation et beaucoup d’organisation. Il faut que les sages sortent et que beaucoup d’argent soit réuni’’, explique M. Diedhiou.

Ce film de Baba Diedhiou, projeté dans le cadre de Banlieue Films Festival, a été bien accueilli par le public. Le réalisateur a été félicité d’avoir éclairé la lanterne des gens sur le ‘’niaka’’ qui est ‘’une socialisation de la femme et non une excision’’.

Le film ‘’Niaka’’ est réalisé en langue diola. En le sous-titrant en français, Baba Diedhiou a utilisé une police grosse et fixe, permettant aux gens de mieux lire.  Sélectionné au festival du Cinéma numérique de l’année passée, ce film est diffusé pour la première fois au Sénégal.

Ce documentaire est accompagné d’une série de photos que l’artiste avait exposées chez Lulu au mois de mars 2019, pour honorer la femme.

BABACAR SY SEYE

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