Publié le 12 Sep 2025 - 10:59
DÉTACHEMENT DU MINISTÈRE DE LA CULTURE, NOMINATION D’AMADOU BA

Un espoir pour les acteurs

 

Suite au remaniement ministériel, le fait que le département de la Culture ne soit plus lié à la Jeunesse et aux Sports est bien apprécié par plusieurs acteurs. Et la nomination d’Amadou Ba à la tête du ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme semble apporter l’espoir.

 

À la faveur du réaménagement du gouvernement, la Culture a été détachée du ministère de la Jeunesse et des Sports. Alors que la ministre Khady Diène Gaye reste en poste au ministère de la Jeunesse et des Sports, Amadou Ba est nommé pour gérer le ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme. Cette séparation du ministère en charge de la culture a été longuement réclamée par plusieurs acteurs du secteur. Parmi eux, le Syndicat autonome des administrateurs culturels du Sénégal (Syac) s’est particulièrement distingué.

Ainsi, le Syac saisit l’occasion de la nomination récente d’Amadou Ba (ancien député à l’Assemblée nationale) à ce poste pour, a priori, ‘’féliciter les autorités pour leur sens de l’écoute et leur profonde volonté d’améliorer la gestion des affaires publiques’’. Dans un communiqué parvenu à ‘’EnQuête’’, Samba Mballo et Cie déclarent : ‘’Cette nomination témoigne de la confiance des plus hautes autorités en ses qualités d’intégrité, de loyauté et d’engagement sans faille pour le redressement de notre cher pays. Elle marque également une volonté forte de relever les défis, grands et urgents, de ces trois secteurs stratégiques et d’asseoir une meilleure gouvernance culturelle portée par la vision Sénégal 2050.’’

Les membres du syndicat se disent convaincus que ces qualités sont ‘’garantes’’ de la capacité du nouveau ministre à redonner à ce département ministériel tout son éclat et sa pertinence, et, par-dessus tout, à œuvrer pour la dignité des professionnels qui y excellent. Pour eux, le parcours exemplaire d’Amadou Ba au sein de l’hémicycle, en tant que député, et son expertise de juriste ‘’aguerri, nourri de compétences et de clairvoyance reflètent un professionnalisme remarquable et une progression méritée au sein de l’État’’.

Sa nomination semble ainsi porter l’espoir de corriger les manquements et de consolider les acquis, mais aussi et surtout, de ‘’réparer les injustices’’ subies par les animateurs culturels et conseillers aux affaires culturelles. ‘’Ce corps de métier, pourtant seul formé spécifiquement par le ministère de la Culture à l’École nationale des arts et métiers de la culture (Enamc, ex-ENA) pour travailler au sein de ses différentes directions et services, a été victime de décisions arbitraires et préjudiciables’’, regrettent Samba Mballo et Cie.

En conséquence, pour eux, le rôle des animateurs culturels – de la création à la préservation du patrimoine, et de l’animation des huit pôles territoriaux au renforcement de la cohésion nationale – ne peut être sous-estimé. ‘’Leur contribution, qui allie planification stratégique, gestion de projets d’animation et médiation culturelle, est indispensable pour promouvoir les valeurs nécessaires à la réalisation’’, disent-ils.

Redonner le sourire aux animateurs et conseillers culturels

Dans un contexte de nombreux défis pour le développement des industries culturelles et créatives, le Syac espère que le nouveau ministre saura redonner espoir aux animateurs et conseillers culturels. Il souhaite également que ce dernier fasse de la culture un atout majeur pour la souveraineté du pays et tienne compte des préoccupations des acteurs culturels de tous les sous-secteurs.

À ce jour, précise le Syac, 69 jeunes animateurs culturels opérationnels sont sans emploi, alors même que ‘’le département ministériel souffre d’un manque de personnel qualifié’’, particulièrement dans les 14 centres culturels régionaux. Or, pour une matérialisation de l’action culturelle dans les politiques publiques des différents pôles territoriaux, le recrutement et l’affectation des jeunes animateurs culturels restent une condition sine qua non, d’après ce syndicat.

Paradoxalement, dit-il, cette situation contraste avec le nombre conséquent de retraités maintenus à leur poste. En outre, ajoute-t-il, ‘’le caractère très sélectif du concours pour l’animation culturelle à l’Enamc et le nombre limité d’animateurs formés chaque année (maximum 12) soulignent l’urgence absolue de concevoir un plan efficace de déploiement de cette ressource humaine précieuse et rare au sein de l’ensemble des services du ministère, et au-delà’’.

Les mesures urgentes pour relancer le cinéma sénégalais

Pour sa part également, le SG de l’Association des techniciens de l’audiovisuel et du cinéma sénégalais (Atacs), Kara Guèye, considère que le détachement de la Culture du ministère des Sports et de la Jeunesse est une bonne nouvelle. ‘’Cela permet enfin de donner à la culture la place qu’elle mérite, avec une stratégie propre et des moyens adaptés pour structurer le secteur et renforcer son rayonnement national et international’’, soutient le CEO et fondateur de Filmika.

Monsieur Guèye énumère quelques mesures urgentes pour relancer le cinéma sénégalais. En premier lieu, il note qu’il faut adopter et appliquer la convention collective du cinéma et de l’audiovisuel. L’idée est de protéger les techniciens, encadrer les contrats, améliorer les conditions de travail et poser des bases solides pour une industrie professionnelle.

Secundo, Kara Guèye invite à booster les initiatives locales avec du concret : soutenir les associations, festivals, ciné-clubs et projets portés par les jeunes créateurs dans les régions, en les dotant de moyens financiers et logistiques réels.

Tertio, il souligne l’importance de réhabiliter les salles et renforcer la visibilité internationale : relancer les salles fermées, créer de nouveaux espaces de diffusion, et accompagner la circulation des films sénégalais dans les festivals, plateformes et réseaux mondiaux.

Interpellé sur le Fopica, il pense qu’il a été ‘’une avancée majeure’’ pour soutenir le cinéma sénégalais. Il a, dit-il, permis de financer plusieurs productions et de redonner un souffle à la création. Mais Kara Guèye estime que ce fonds, à lui seul, n’est pas suffisant pour répondre aux besoins réels de toute l’industrie. ‘’Les montants disponibles restent limités face au coût d’une production cinématographique et beaucoup d’acteurs restent en marge du dispositif’’, dit-il.

Pour l’améliorer, il faudrait, selon lui, augmenter et diversifier ses ressources en mobilisant des financements innovants (taxes parafiscales sur les télécoms, contributions des diffuseurs et plateformes de streaming) ; rendre plus transparents et réguliers les appels à projets, afin que les professionnels puissent planifier leurs productions sur plusieurs années ; élargir le champ d’action : financer non seulement la production, mais aussi la distribution, l’exploitation des salles, la formation et la promotion internationale.

Ainsi, le Fopica peut devenir un véritable levier de structuration de l’industrie et non seulement un fonds de soutien ponctuel.

BABACAR SY SEYE

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