Publié le 4 Apr 2016 - 21:16
OBTENTION D’UNE LIBERTE PROVISOIRE POUR TAIB SOCE

Les  droits de ‘’l’hommistes’’ portent le combat

 

Les organisations de défense des droits de l’Homme entrent dans la danse pour la libération provisoire du prédicateur Taib Socé. On le dit mal en point. Me Assane Dioma Ndiaye, joint par EnQuête, a fait un véritable plaidoyer en faveur de sa sortie de prison.

 

La libération provisoire de Taib Socé est le nouveau cheval de bataille des organisations de défense des droits de l’Homme au Sénégal. En effet, au-delà de l’état de santé du prévenu qui se dégrade, la Ligue Sénégalaise des Droits Humains (L.S.D.H.), Amnesty International Sénégal, et la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme dénoncent un traitement discriminatoire de ce dossier. ‘’Certaines personnes de notoriété ont été condamnées par la Cour d’appel avec des mandats d’arrêt et ces mandats n’ont pas été poursuivis, parce qu’on estime qu’elles ont fait un pourvoi en Cassation. Or Taib Socé a fait un pourvoi, alors qu’il n’a pas été jugé  contradictoirement’’, fulmine Me Assane Dioma Ndiaye.

L’avocat, interrogé par EnQuête, est d’avis qu’on doit offrir  au prêcheur ‘’cette chance de faire un recours et de recouvrer la liberté’’. Me Ndiaye rappelle que Taib Socé n’a pas bénéficié d’un procès équitable, car il a comparu le jour de son délibéré, alors qu’il était en liberté et on l’a placé sous mandat de dépôt. ‘’Si les autres ont besoin de cette liberté en attendant d’être jugé du fait de leur pourvoi, Taib doit en bénéficier aussi. Nous invoquons l’égalité de tous les Sénégalais devant la loi’’, argument l’avocat. Qui fait ce constat amer : ‘’on constate que la notoriété et la richesse au Sénégal constituent des privilèges’’.

Toutefois, Me Assane Dioma Ndiaye reste optimiste sur l’évolution du dossier du prêcheur. ‘’Nous pensons que notre appel pourrait être entendu. On demande à la justice de l’examiner de façon attentive’’. Le défenseur des droits de l’Homme est d’avis que ‘’le droit à la vie prime sur toute autre considération. Si on nous dit qu’une personne est malade, la justice doit être reléguée au second plan’’.

Longues détentions et mandats de dépôt

Par ailleurs, cette détention de Taib Socé remet sur la table la question des longues détentions préventives et la précarité de la vie des prisonniers. Mais, Me Assane Dioma Ndiaye  pense que cette vieille revendication de leurs organisations est en phase d’être résolue. ‘’Nous avons une réaction positive de la part du ministre de la Justice. Il a fait une sortie, la semaine dernière, pour indiquer qu’il va s’entretenir avec les parquetiers et faire en sorte qu’il y est moins de mandat de dépôt’’. En effet, selon la robe noire, ‘’la philosophie des défenseurs du code de procédure pénale Sénégalais fait de la détention l’exception et la liberté le principe. Mais, regrette-t-il,  nous avons le  contraire dans la pratique’’.

Ainsi, il fustige les longues procédures qui entourent l’obtention d’une liberté provisoire. ‘’On ne  se soucie pas des garanties de représentation, ni des statuts sociaux. Le résultat aujourd’hui est que les prisons sont surpeuplées. La situation est invivable et les conditions carcérales incompatibles avec la dignité humaine’’, fait-il savoir. Me Ndiaye et ses pairs espèrent que le ministre va prochainement tenir une réunion avec les procureurs pour définir une nouvelle politique criminelle. Les défenseurs des droits de l’Homme préconisent, entre autres solutions, la construction de nouvelles prisons, la limitation de la détention provisoire en matière criminelle…

HABIBATOU TRAORE

Section: