Publié le 10 Nov 2016 - 11:23
PARUTION DU LIVRE ‘’L’ETHIQUE, LE SOIGNANT ET LA SOCIETE’’

Le Professeur Abdoul Kane diagnostique le système de santé 

 

Dans son livre de 200 pages présenté hier, le Professeur Abdoul Kane touche du doigt les maux qui gangrènent les hôpitaux. Dans l’ouvrage, il indique le vaccin qu’il faut injecter à toutes ces structures sanitaires publiques pour créer un système de soin répondant aux aspirations des populations, à travers l’éthique médicale.

 

‘’L’Ethique, le soignant et la société’’. C’est l’ouvrage que vient de publier le professeur Abdoul Kane, chef du service de cardiologie de l’hôpital Général de Grand Yoff. Il espère, à travers ce livre qu’il a  présenté hier, susciter le débat sur ce qui doit fonder une vraie République. L’auteur pense que le système de santé est étroitement lié à la société et la seule chose qui manque, c’est un débat sincère. Alors que tout le monde est d’accord que ça ne marche pas. Dans son ouvrage réparti en sept parties, il explique que l’éthique médicale correspond à ce qu’il faut faire en pratique pour aboutir au bien du patient en préservant les intérêts de la collectivité.

Selon lui, il faut faire jouer une vraie péréquation dans la santé, ne pas faire de la propagande et que les pistes posées soient réelles en enseignant l’éthique, mais en le faisant très tôt et très longtemps. Il demande aussi, dans son livre, de créer une synergie pour réfléchir sur le bien-être des populations. ‘’Le malade client n’est pas ou ne devrait pas être un simple moyen pour s’enrichir, pour réaliser des prouesses techniques, pour faire de la recherche, si utile prétend-elle être, mais bien l’objectif, une fin en soi. Médecins et patients doivent développer une relation privilégiée fondée sur une estime réciproque permettant au soignant, armé d’attention et de gentillesse, de mieux comprendre les attentes du malade’’, dit-il. Pour lui, soigner, instruire et soutenir devraient être les principes fondamentaux que tout soignant doit garder à l’esprit tout au long de sa carrière.

Mauvais accueil

Hélas, les écueils à un bon accueil sont nombreux dans nos structures de soins, constate le Professeur Abdoul Kane. ‘’Les formalités sont longues et difficiles. L’orientation n’est pas toujours adéquate. Un service continu de qualité est difficile à obtenir’’, décrit-il. Aux insuffisances de l’accueil s’ajoute un manque criard d’écoute. Cet aspect, dit-il, est négligé dans nos structures de soins et nos écoles de formation. Cela se traduit par un manque d’empathie de la part de certains soignants ou futurs soignants. C’est pourquoi l’auteur invite, dans cette deuxième partie de l’ouvrage, les agents de la santé à être attentifs au patient qui gémit et qui peine à marcher. ‘’Pour améliorer l’accueil, il ne s’agit pas de s’arrêter à ces kiosques érigés à l’entrée de la structure de soins ou au recrutement d’hôtesses élégamment vêtues que les usagers ne songent d’ailleurs pas toujours à solliciter, préférant s’adresser au personnel en blouse’’, dit-il.

L’obsession du gain

Par ailleurs, le Professeur dénonce le fait que l’hôpital soit devenu une entreprise qui fait de la rentabilité son crédo. ‘’Même si l’on s’en défend du bout des lèvres, les administrateurs des hôpitaux publics africains pensent davantage à ce que les soins rapportent en espèces sonnantes qu’en terme de qualité des soins. Il y a ainsi les bons et les mauvais malades. Les premiers solvables et atteints de maladies génératrices de revenus, permettent d’équilibrer les comptes. Les seconds qui sont désespérément pauvres ou appauvris par les soins sont négligés. D’autres investissent beaucoup d’argent pour vendre leur image, au moment où tout manque dans leurs hôpitaux’’, regrette-t-il dans la troisième partie

Selon lui, les préceptes essentiels à une bonne éthique médicale peuvent être transposés à la société. Il faut respecter chaque homme, respecter tout de lui et tout en lui, favoriser son épanouissement. ‘’Le combat est difficile et peut être long. Mais c’est un combat de tous les acteurs et de tous les instants’’, indique-t-il dans la quatrième partie de son ouvrage. La 5ème partie rappelle qu’un bon croyant devrait être un bon soignant et que celui-ci doit s’inspirer des valeurs religieuses pour améliorer sa pratique. Le Professeur Kane de relever certains défis éthiques africains liés au secret médical bafoué, à la prise en charge des personnes âgées, la prise en charge des déficients mentaux, l’accompagnement en fin de vie.

VIVIANE DIATTA

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