Publié le 18 Sep 2020 - 04:33
RENOUVELLEMENT PASSEPORTS AUX ILES CANARIES

Cri de détresse de Sénégalais d’Espagne

 

C’est la panique pour certains Sénégalais établis aux îles Canaries, en Espagne. Alors que certains passeports sont arrivés à expiration depuis avril, ils peinent à voir les équipes mobiles pour leur enrôlement. Président d’association, Momar Dieng Diop sonne l’alerte.

 

Chez les Sénégalais établis aux Iles Canaries, en Espagne, le supplice continue pour avoir un passeport. Cela fait plusieurs mois que les commissions itinérantes en charge de leur confectionner le sésame ne se tiennent plus. Plongeant certains membres de la communauté, dont les passeports sont arrivés à terme, dans l’expectative.

Président de l’Association des Sénégalais de Fuerteventura, Momar Dieng Diop déclare : ‘’Moi, je pense que les gens n’ont aucun respect pour nous. Nous sommes laissés-pour-compte. Tous les passeports de 2015 sont arrivés à expiration et nous ne savons que faire. La seule commission qui fonctionne est à Madrid et il est difficile, pour nous, de s’y rendre ; surtout en ces temps de pandémie. Il est même plus facile d’aller au Sénégal que d’aller à Madrid. Nous demandons au ministre de nous venir en aide.’’

En fait, sur leurs terres d’accueil, le passeport est indispensable pour toute démarche administrative : renouvellement carte de séjour, procédures de régularisation… Sans ce titre, les risques sont énormes pour ces Sénégalais en terre espagnole. Mais le plus exaspérant, selon leurs dires, c’est le manque total d’informations claires et précises. ‘’Ils ne nous ont donné aucune information précise. La seule raison avancée, c’était la pandémie. Nous pensons que la Covid-19 ne saurait être invoquée pour nous refuser ce droit. Ces gens sont des fonctionnaires. Ils ont l’obligation de travailler. Si c’est pour d’autres motifs, ils n’ont qu’à nous le dire et on trouvera ensemble des solutions’’.

Fatigués de courir derrière le consulat, les Sénégalais des îles Canaries avaient saisi, le 3 août dernier, le ministère des Affaires étrangères, mais en faisant passer leur courrier par le consul général. Il leur aura fallu attendre plus d’un mois pour avoir une réponse. ‘’Nous avons été obligés de saisir l’ambassadeur auparavant, parce que nous sommes très inquiets. La situation est catastrophique. Beaucoup de Sénégalais sont dans l’illégalité. C’est par la suite que le consul nous a envoyé une lettre le 11 septembre dernier, pour dire qu’il a transmis la lettre au ministre. Pendant ce temps, les Sénégalais continuent de souffrir au niveau des îles. Nous demandons aux autorités de nous venir en aide’’.

Vivant dans une zone enclavée, ces Sénégalais peuvent difficilement se rendre à Madrid, en ces temps de coronavirus, et même en temps normal. Raison pour laquelle, il y a quelques années, ils s’étaient mis d’accord avec les autorités consulaires et celles en charge de l’établissement desdits documents, pour y déployer de façon régulière des équipes mobiles, moyennant le paiement de 18 euros supplémentaires, en sus du prix de la quittance qui est de 32 euros.

Le député Mor Kane explique

Joint par téléphone pour en savoir davantage, l’ambassadrice du Sénégal au royaume d’Espagne nous a renvoyé vers le consul général. N’ayant pas son numéro, ‘’EnQuête’’ a joint le député de la diaspora, Mor Kane, pour plus d’éclairage. Ce dernier explique : ‘’En fait, ce dispositif a été suspendu, suite à la réclamation d’une partie même de la communauté à Tenerife. Moi, je faisais partie de ceux qui ont négocié pour la mise en place de ces équipes mobiles. Tout se passait bien mais, à un moment, des Sénégalais ont écrit des lettres pour se plaindre du paiement des 18 euros supplémentaires. A la suite de cela, les autorités ont mis un terme à ce mécanisme. Il a été décidé que, désormais, il n’y aura ces équipes mobiles que sur la base des ordres de mission. C’est de la faute exclusive des Sénégalais.’’

Mais, à en croire Momar Diop, c’est comme si cette situation était le fait d’une minorité. L’Etat, selon lui, devrait plutôt revenir à la situation ante. ‘’Ces acquis, nous devons les préserver et les conserver, car c’est la communauté elle-même qui avait conçu et accepté ce modèle très efficient et efficace, surtout dans ce contexte actuel. Par conséquent, une minorité basée à Tenerife, et pour des considérations subjectives et crypto-personnelles, ne devrait pas nous priver de ce mécanisme qui nous a valu autant de succès’’.

En fait, les 18 euros en question servaient à la prise en charge des équipes d’enrôlement dépêchées sur ces terres insulaires. Cela a permis, pendant longtemps, de rapprocher le consulat des administrés.

Dans ce contexte marqué par la pandémie de coronavirus, M. Diop estime que ces équipes mobiles constituent le principal moyen pour répondre avec efficience à la demande des Sénégalais. ‘’Nous pensons que la seule alternative possible, à l’état actuel, c’est de déployer des équipes mobiles au niveau des localités, pour éviter ces déplacements souvent périlleux et minimiser autant que faire se peut les risques de contagion. Nos compatriotes, surtout ceux des îles Canaries, sont confrontés à de sérieux problèmes’’.

MOR AMAR

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