Publié le 29 Jan 2014 - 21:32
TROIS QUESTIONS A JOE OUSMANE FALL

‘’Le théâtre a besoin de visionnaires’’

 

Que signifie ‘’democrazy’’?

C’est un titre qui m’est venu comme ça. C'est un jeu de mots. Il y a démocratie et crazy qui signifie la folie. Ceci par rapport à notre environnement. C'est tout un tas de choses que nous vivons tous les jours. C’est-à-dire les tares de la société. C’est un titre pris à dessein et qui déjà renseigne sur l’engagement du texte et de la création.

Le texte est assez violent. C’est un choix délibéré ?

En fait, je me suis retrouvé avec un texte que j’ai écrit en 2012 d’un seul trait et c’est au finish que je me suis rendu compte que je brossais pas mal de sujets qui interpellent les populations africaines. J’évoque notamment la corruption, l’hypocrisie qui a fini de devenir une ‘’valeur’’ de notre société actuelle, l’insalubrité, le bruit assourdissant qui a fini par devenir un décor dans nos villes africaines.

Il y a beaucoup de sujets abordés dans ce texte. Le personnage dénonce beaucoup de choses. Mais ne s’épargne pas non plus. Lui-même relève ses défauts. Many (ndlr : c’est le nom du personnage principal) n’est pas blanche comme neige. Dans le spectacle, elle dit qu’elle est une étudiante et qu’elle n’a pas où crécher. Des fois, elle dort chez des amies à la cité universitaire.

D’autres fois ce sont ces ‘’mbaraan’’ qui sont de vieux politiciens qui l’accueillent et lui donnent de l’argent. Elle est une fille de 21 ans qui veut se faire et chercher de l’argent par tous les moyens. Ses parents n’ont pas les moyens de lui offrir tout ce qu’elle veut. Elle dit dans le spectacle qu’elle est une fille des ‘’eaux’’. Cela veut tout dire. La pièce se termine sur une note d’espoir pour le futur de l’Afrique.

Vous comptez allier jeu de scène et vidéo pour le spectacle, pourquoi ce choix inédit dans la mise en scène ?

J’étais très jeune quand j'ai fait ma première pièce. Je n’avais pas encore fait de formation de metteur en scène. Et pourtant, j’étais déjà très engagé. Je parlais de départ volontaire dans cette pièce. Un de mes proches l’avait fait et cela n’avait pas marché pour lui. Cela m’avait inspiré. Aujourd’hui, quand j’ai fait le constat, j’ai vu qu’au Sénégal, le décor dans la mise en scène n’a pas trop avancé.

J’ai fait beaucoup de recherches sur le théâtre et la mise en scène ; je me suis dit que je peux apporter autre chose. On a toujours un décor rigide avec des chaises, des tables et autres avec 20 personnages qui parlent tous en même temps. Au départ, j’avais un texte de 3 personnages. Je l’ai réduit pour me retrouver avec un monologue.

Le décor ne sera pas rigide, mais visuel avec de la vidéo, de la photographie et même de la peinture, pour illustrer et apporter un plus par rapport à ce que dit la comédienne. C’est une démarche nouvelle et je crois que le théâtre a besoin de visionnaires, de gens qui sortent un peu de l’ordinaire, pour amener de nouvelles choses.

B. BOB

 

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