Publié le 11 Sep 2016 - 16:36
TERME RETROUVE DANS PRESQUE TOUTE LA SOUS-REGION

Tabaski, un mot d’origine berbère

 

La tabaski est un terme que chacun pourrait prendre comme un des vocables de sa langue maternelle. Mais ce mot est retrouvé dans toutes les langues négro-africaines et renvoie à la même réalité, la fête musulmane. Linguistes et historiens sénégalais sont d’accord sur son origine berbère. Mais il y a quelques divergences sur le vecteur de transmission à travers la sous-région.

 

Tabaski ! Le nom est tellement familier aux Sénégalais que chacun croit en détenir une connaissance évidente. D’aucuns pensent que c’est une composante du lexique propre à leur langue maternelle. D’autres le prendraient pour un terme arabe, du fait que le vocable renvoie à une fête musulmane. Et pourtant, ce mot n’appartient à aucune des langues du pays, ni à l’arabe qui est la langue de la religion. Le mot est en fait d’origine berbère. C’est ce qu’ont révélé nos trois interlocuteurs qui sont unanimes sur ce point. Le Linguiste Amadou Diallo, l’historien Abderrahmane Ngaïdé et l’écrivain le colonel Momar Guèye se retrouvent tous sur l’origine berbère du mot.

S’agissant du mot lui-même, le colonel Guèye souligne : ‘’Selon le Pr. Raymond Mauny, qui a occupé l'une des premières chaires d'histoire de l'Afrique en France, le mot ‘’Tabaski’’ viendrait du berbère ‘’Tafaska’’ qui signifie ‘’Fête’’, écrit-il dans un article consacré à ce sujet. Quant M. Ngaïdé, sans être catégorique, il croit savoir que ça vient du mot ‘’Teveski’’ (à ne pas confondre avec la marque de lait en Mauritanie) qui en berbère désigne cette même fête musulmane. M. Diallo le linguiste soutient que le terme a la même étymologie que le mot hébreu pachak qui a donné pâques.

Ce qui frappe avec le mot Tabaski, c’est qu’il est le même dans presque toute la sous-région ouest africaine. Le colonel Momar Guèye le relève d’ailleurs dans son article. ‘’Il convient de noter que le mot ‘’Tabaski’’, est très répandu dans les pays soudano-sahéliens, du Sénégal au Tchad, en passant par le Mali, le Burkina, le Niger, la Côte d’Ivoire, la Gambie, la Guinée et le Nigeria…’’, écrit-il.

Reste maintenant à savoir comment ce vocable a réussi à faire le tour de ces pays ? La réponse est sans doute à chercher dans l’influence des berbères dans le passé.  Ces derniers ont transmis beaucoup de mot aux langues négro-africaines. Weer (lune), takusaan (soir), timis (crépuscule) sont autant de mots empruntés du berbère. ‘’L’islam nous est venu des berbères. On nous a dit que ce sont les arabes qui nous ont islamisés, mais en réalité, c’est passé par les berbères. Les Almoravides, c’est berbères. Ils viennent de la Mauritanie, ils sont partis jusqu’en Espagne. Ils ont été les vecteurs de l’islamisation d’une partie du Maroc, avec Marrakech. Kumbi Salé, l’empire du Ghana était entouré de berbères’’, explique l’historien Abderrahmane Ngaïdé. Pour lui donc, les berbères ont transporté le mot partout à travers leur odyssée sous-régional, voire régionale.

La Tijaania ou le pulaar ?

 Si cette thèse n’est pas loin de celle du colonel Guèye, ce n’est pas tout à fait la même. ‘’Les Amazighs sont une ethnie berbère du Maroc et de l’Algérie. Au Sénégal tout le monde sait que ces deux pays sont les origines de la Tarikha Tijaania fondée par le vénérable  Aboul Abbas Cheikh Ahmed Tijaan Chérif et qui est très répandue dans le pays (…). Cette notoriété de la Tijaania peut facilement expliquer l’adoption du mot Amazighs ‘’Tafaska’qui a donné le mot ‘’Tabaski’’ chez les wolof du Sénégal’’, argumente-t-il. Dans son entendement, ce n’est donc pas l’omniprésence des berbères à l’époque qui a été le vecteur, mais plutôt la dimension sous-régionale de la confrérie Tijaan.

Quant au linguiste Diallo, il pense qu’avec le phénomène de l’emprunt entre les langues, il n’est pas surprenant de voir des termes d’une langue se retrouver dans une autre. Pour ce cas particulier, il est d’avis que ça pourrait être le pulaar, une langue présente dans tous ces pays qui ait assuré la circulation du mot. ‘’Si vous allez en Cote, d’Ivoire jusqu’au Niger et au Burkina Faso, c’est peut-être le peul qui l’a transmis. Ce sont donc des langues qui sont parlées ici et là-bas, notamment le pulaar’’, soutient-il.

BABACAR WILLANE

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