Un diététicien-nutritionniste bannit les habitudes des Sénégalais

Durant le ramadan, beaucoup de familles sénégalaises adoptent des habitudes alimentaires qui peuvent nuire à leur santé, avec notamment une consommation excessive de sucre, de fritures et d’aliments trop gras ou trop salés. Pour le docteur Abdoul Ba, il est nécessaire que les populations changent leur façon de s’alimenter pendant le mois de jeûne, pour éviter des complications de santé.
Il est difficile de rester près de 16 heures sans manger ou boire, mais ce n’est pas une excuse pour le jeûneur d’abuser de la nourriture, surtout à la rupture, au crépuscule. Un abus qui peut avoir des conséquences sur la santé de l’individu, s’il n’y prend pas garde. ‘’Le ramadan devrait aider à améliorer la santé du musulman, lui permet de se débarrasser de certains problèmes digestifs et de baisser fortement les risques d’accident cardiovasculaire. Malheureusement, la majeure partie des Sénégalais mange mal, surtout en cette période de jeûne. Ils dépensent énormément d’argent et se remplissent l’estomac dangereusement sans respecter certaines normes d’équilibre. Ce qui n’est pas sans conséquence sur leur santé. C’est pourquoi il faut se départir du ‘ndogou’ traditionnel au Sénégal. À la rupture, on peut prendre certains aliments, dont les dattes et l’eau, mais en quantité modérée. Les dattes apportent des sucres naturels et des fibres pour relancer doucement l’organisme après plusieurs heures de jeûne. On peut également manger une soupe nutritive ou un bouillon de légumes. Il faut privilégier aussi les protéines comme le poisson, la viande maigre, les œufs, les céréales complètes comme le mil, le fonio ou le riz complet pour une digestion plus facile et les vitamines’’, a conseillé le docteur Abdoul Ba.
‘’Il faut cependant éviter les jus industriels ou sodas trop sucrés, réduire la consommation de beignets (‘fataya’, ‘accra’) et le ‘ngalakh’ en grande quantité qui favorisent la prise de poids et les problèmes digestifs. Il faut surtout limiter les repas trop riches en graisses comme les viandes trop grasses ou les sauces trop lourdes’’, a insisté le spécialiste.
Pour le diététicien-nutritionniste, il ne sert à rien de faire des excès alimentaires en pensant faire des réserves. ‘’Le mois de jeûne purifie le corps et le débarrasse des saletés. Alors, si on abuse de la nourriture, cela augmente l’épuisement de l’organisme. D’ailleurs, quand on jeûne bien, on perd forcément du poids, le taux de sucre et la tension artérielle sont aussi bien régulés. Le ramadan doit éloigner des maladies au lieu de nous en causer après le mois. Mais pour cela, il y a des règles à suivre et à respecter pour bien se nourrir’’, a-t-il ajouté.
Raison pour laquelle le Dr Ba suggère aux jeûneurs de ne pas s’abstenir du ‘’Suhoor’’ ou ‘kheudd’’, mais de se conformer à certaines règles. ‘’Il doit être un petit déjeuner complet pour constituer les réserves d’eau et de nutriments nécessaires pour tenir dans la journée. Il doit être composé, de préférence, de la boisson, de pain, des légumes ou des fruits, de la viande ou des œufs et d’un produit laitier pour maintenir sa masse musculaire. Mais il ne doit être ni trop sucré ni trop gras’’, a conseillé le diététicien-nutritionniste.
Si le repas de l’aube obéit à certaines consignes, il en est autant pour celui de la rupture. Pour ne pas trop se déshydrater durant le ramadan, il faut prendre des précautions.
Selon l’universitaire, il est nécessaire de limiter au maximum les pertes en eau de l’organisme en cours de journée. A la rupture, il est préférable de se réhydrater par petites quantités plutôt que d’avaler plusieurs grands verres d’eau à la suite, a-t-il poursuivi.
IBRAHIMA BOCAR SENE SAINT-LOUIS