Au Sénégal, en 2023, environ un demi-million de la population adulte (4,4 %) utilise des produits du tabac, dont 8,2 % chez les hommes et 0,8 % chez les femmes. Ces chiffres issus de la deuxième édition de l'Enquête mondiale sur le tabagisme chez les adultes (GATS-II), réalisée en 2023, constituent une étape majeure dans le processus de renforcement de la surveillance épidémiologique du tabagisme au Sénégal.

L'Enquête mondiale sur le tabagisme chez les adultes ou Global Adult Tobacco Survey (GATS) est la norme mondiale en matière de surveillance systématique de la consommation du tabac et des produits à base de nicotine (produits du tabac fumés, sans fumée et chauffés) chez les adultes, et du suivi des indicateurs clés de lutte antitabac.

GATS Sénégal 2023 est une enquête ménage réalisée auprès d'hommes et de femmes âgés de 15 ans et plus, résidant dans des ménages ordinaires. Elle a été réalisée par l'Agence nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), avec la collaboration du ministère de la Santé et de l'Action sociale (MSAS) à travers le Programme national de lutte contre le tabac (PNLT). L'échantillonnage a été conçu de manière à garantir une représentativité des indicateurs au niveau national et fournir des données comparables à l'échelle internationale pour l'ensemble du pays, séparément par sexe, par tranche d'âge, par niveau d'étude et par milieu de résidence (urbain/rural).

Elle a permis au pays de disposer d'une série de données relatives à l'évolution de certains indicateurs dont la prévalence du tabagisme chez les adultes, la nature, la magnitude et la distribution du tabagisme, les connaissances, attitudes et perceptions des populations, ainsi que le contexte/environnement influençant la consommation.

Le document renseigne que 4 148 ménages ont été sélectionnés et, dans chaque ménage, un individu a été choisi au hasard pour répondre à l'enquête. Au total, 3 878 individus ont été interviewés avec succès. Le taux de réponse global est de 97,3 %, avec un taux de réponse pour les ménages de 98,6 % (98,3 % en milieu urbain et 98,9 % en milieu rural) et un taux de réponse individuel de 98,8 % (99,0 % en milieu urbain et 98,5 % en milieu rural).

L'édition GATS Sénégal 2023 a recueilli des informations sur les caractéristiques des répondants, la consommation de tabac (produits du tabac fumés, sans fumée ou chauffés), l'utilisation de la cigarette électronique, le sevrage tabagique, le tabagisme passif, l'économie du tabac, l'exposition aux médias, ainsi que les connaissances, attitudes et perceptions à l'égard du tabagisme.

Les adultes fument 8,3 cigarettes par jour

Selon le rapport, en 2023, environ un demi-million de la population adulte (4,4 %) utilisait des produits du tabac, dont 8,2 % chez les hommes et 0,8 % chez les femmes. Parmi les adultes, 86,9 % utilisaient uniquement du tabac fumé, 3,3 % du tabac sans fumée, 3,7 % uniquement des produits du tabac chauffés, 4,9 % du tabac fumé et du tabac sans fumée, 0,7 % du tabac fumé et des produits du tabac chauffés, et 0,6 % des produits du tabac sans fumée et des produits du tabac chauffés.

Globalement, 3,4 % des adultes (6,5 % des hommes et 0,4 % des femmes) fumaient quotidiennement du tabac et 0,7 % en fumaient occasionnellement.

Dans l'ensemble, renseigne le document, 2,9 % des adultes (0,3 million) fument des cigarettes manufacturées en 2023. En moyenne, les adultes qui fument quotidiennement des cigarettes manufacturées consomment 8,3 cigarettes par jour. Environ la moitié (49,6 %) des utilisateurs quotidiens consomment 5 à 9 cigarettes par jour.

La prévalence globale de la consommation de tabac sans fumée en 2023 s'élève à 0,4 % chez les adultes au Sénégal, dont 0,5 % chez les femmes et 0,3 % chez les hommes, selon la même source.

Dans l'ensemble, 36,6 % des adultes connaissent les cigarettes électroniques et 1,5 % les ont déjà utilisées (2,0 % des hommes et 0,9 % des femmes). La proportion d'adultes utilisant des cigarettes électroniques en 2023 était de 0,4 % (0,6 % des hommes et 0,3 % des femmes). La prévalence de l'utilisation de la cigarette électronique est de 0,6 % dans les zones urbaines et de 0,2 % dans les zones rurales.

Six adultes sur dix pensent à arrêter de fumer

L’enquête a aussi révélé qu’un peu plus de six adultes sur dix (62,5 %) qui fument du tabac en 2023 ont l'intention d'arrêter de fumer ou pensent à le faire. Dans l'ensemble, 52,4 % des adultes fumeurs de tabac ont déclaré avoir fait au moins une tentative d'arrêt au cours des 12 derniers mois précédant l'enquête, avec une prévalence de 50,6 % dans les zones rurales et de 53,8 % dans les zones urbaines.

Globalement, les trois quarts (74,4 %) des adultes qui fumaient du tabac et qui ont fait une tentative d'arrêt l'ont fait sans aucune aide.

Il ressort aussi de l’enquête qu’un peu plus d’un adulte sur cinq (21,1 %), travaillant dans une salle fermée, a déclaré être exposé à la fumée secondaire sur son lieu de travail au cours des 30 derniers jours ayant précédé la collecte. En outre, 18,1 % des adultes qui ne fument pas de tabac estiment être exposés à la fumée secondaire sur leur lieu de travail. Le nombre d'adultes exposés à la fumée secondaire à domicile est estimé à 1,6 million (15,0 %), dont 1,3 million d'adultes non-fumeurs (13,0 %).

Parmi les adultes qui ont visité divers lieux publics au cours des 30 derniers jours, 24,8 % ont été exposés à la fumée de tabac dans les restaurants, 74,8 % dans les bars ou les boîtes de nuit, 15,4 % dans les bâtiments gouvernementaux, 11,7 % dans les transports en commun, 25,4 % dans les universités et 6,0 % dans les établissements de soins de santé.

Depuis 2014, une législation antitabac au Sénégal interdit de fumer dans des lieux publics tels que les établissements de soins de santé, les établissements scolaires, professionnels et universitaires (sur un rayon de 200 m), les bâtiments administratifs, les lieux de travail fermés et les transports publics.

La dépense mensuelle moyenne en cigarettes est de 8 778 FCFA

Selon l’Enquête mondiale sur le tabagisme chez les adultes, en 2023, la dépense mensuelle moyenne en cigarettes était de 8 778 FCFA. Par groupe d'âge, la dépense mensuelle moyenne en cigarettes varie de 8 524 FCFA chez les 25-44 ans à 11 192 FCFA chez les 45-64 ans.

La même source note que depuis décembre 2018, la taxe d’accise sur le tabac est de 65,0 %. Les résultats de l’enquête de 2023 renseignent une proportion de 93,4 % d’adultes favorables à une augmentation des taxes sur le tabac et sur les produits du tabac.

Il convient de noter qu'au Sénégal, la loi 2014-14 relative à la lutte contre le tabagisme du 28 mars 2014 exige des avertissements sanitaires sur les paquets de cigarettes, y compris des avertissements sanitaires illustrés couvrant 70,0 % des surfaces principales des paquets, en plus des messages d'avertissement textuels placés sur les surfaces latérales des paquets. Cette mesure est en vigueur depuis 2017.

Dans l'ensemble, en 2023, parmi les adultes qui fument et qui ont remarqué les avertissements anti-tabac sur les paquets de cigarettes, 37,5 % ont envisagé d'arrêter de fumer. La prévalence est de 39,4 % dans les zones urbaines et de 35,4 % dans les zones rurales.

Tabagisme et maladies graves

Selon le document, dans l'ensemble, 87,2 % des adultes (86,1 % des adultes qui fument actuellement du tabac et 87,2 % des adultes qui ne fument pas) pensent que le tabagisme provoque des maladies graves. Environ 85,7 % des adultes (86,9 % des adultes qui fument actuellement du tabac et 85,7 % des adultes qui ne fument pas) pensent que le fait de respirer la fumée des autres provoque des maladies graves chez les personnes qui ne fument pas. Ces croyances sont partagées aussi bien en milieu urbain (90,5 %) qu'en milieu rural (81,6 %).

L’enquête révèle que 90,3 % des adultes pensent que le tabac provoque le cancer du poumon, 64,7 % qu'il peut provoquer une crise cardiaque, 71,8 % qu'il provoque le cancer de l'estomac, 67,7 % qu'il provoque des accidents vasculaires cérébraux, 58 % qu'il provoque des naissances prématurées, 57,3 % qu'il peut provoquer le cancer de la vessie et 67,2 % qu'il provoque une perte de masse osseuse.

Néanmoins, le document révèle que la prévalence du tabagisme a diminué chez les adultes, passant de 6,0 % en 2015 à 4,4 % en 2023. Cela représente une baisse de 1,6 point de pourcentage sur la période. En variation relative, cela correspond à une baisse de la prévalence de 26,7 % (25,5 % chez les hommes et 33,3 % chez les femmes).

Dans le même temps, l'exposition au tabagisme passif dans les lieux publics a diminué. Mais les réductions relatives les moins importantes de l'exposition au tabagisme passif ont été observées dans les bars/boîtes de nuit (-5,7 %), les restaurants (-13,9 %) et les transports en commun (-18,2 %). En revanche, dans les universités (-55,4 %), les établissements de soins de santé (-41,2 %), les établissements scolaires (-38,6 %), les bâtiments gouvernementaux (-36,4 %), les lieux de travail (-30,6 %) et les domiciles (-30,6 %), la baisse a été plus marquée.

CHEIKH THIAM