Réflexion sur le culte de la beauté sénégalaise
Le culte de la beauté sénégalaise : une contrainte sociale ou une expression de soi ? Au cœur des discussions lors de l'étape dakaroise du Superwoman Tour.
Comment retrouver son authenticité dans un monde où les normes sociales, professionnelles et religieuses sont omniprésentes ? Quels modèles féminins peuvent inspirer les femmes sénégalaises pour nourrir leurs ambitions et briser un plafond de verre plus résistant que jamais ? Ces questions ont été discutées lors du Superwoman Tour à Dakar, où les ‘’Ayanas’' se sont réunies. Le thème principal de l'événement était "Être soi, entre culture et modernité". L'un des panels s'est concentré sur le culte de la beauté sénégalaise : est-ce une contrainte sociale ou une expression de soi ?
Dans son intervention, Aminata Thior, fondatrice de Setalma, a partagé des chiffres révélateurs sur l'industrie de la beauté, mettant en évidence l'importance accordée par les femmes sénégalaises à leur apparence. Il est indéniable que ces chiffres témoignent de l'essor des marques de cosmétiques, des salons de manucure et des centres de soins du visage.
‘’Au Sénégal, c’est très rare de voir une femme se maquiller elle-même quand il y a un événement. Elles vont automatiquement au salon de maquillage. Le service, c’est au minimum 2 000 F par personne’’, a-t-elle déclaré, soulignant la multiplication des autres offres (onglerie, pédicure, etc.). ‘’Parce qu’il y a une forte demande. Quand on voit le potentiel du marché dans le domaine de la coiffure en 2021, c'est 29 millions d’euros. On avait dit qu’en 2025, ce serait 71 millions d’euros’’, a-t-elle poursuivi, demandant à innover en alliant tradition et modernité.
Amina Thior n'a toutefois pas voulu prendre une position tranchée.
Nafytoo Diop, de son côté, a clairement affirmé que l'expression de soi est au cœur de cette démarche. Selon elle, bien que cela puisse être perçu comme un poids social, il est essentiel de se rappeler que les femmes le font avant tout par plaisir. "Je pense qu'en général, une femme qui porte ses tenues traditionnelles, qui met ses perles et qui investit beaucoup d'énergie dans les atouts de la séduction le fait parce qu'elle en a envie, avant tout pour elle-même", a-t-elle déclaré.
Cependant, elle reconnaît avoir rencontré des femmes qui ressentent ce poids social. "Il est vrai que j'ai déjà accueilli des femmes dans ma boutique Épice de femmes et j'ai pu observer des regards éteints. Elles venaient chercher des conseils et faire des achats parce qu'elles étaient soumises à la pression de la société, en raison de la famille, des amis et des remarques de leur mari. Au Sénégal, si tu ne remplis pas toutes ces obligations, on te fait des remarques : tu dois être 'diongue' (élégante et capable de rendre les siens heureux). Même lorsque ces femmes ne sont pas heureuses dans leur mariage, elles se sentent obligées par la peur d'avoir une coépouse... C'est un poids dans ce sens. Cependant, je pense que cet aspect ne concerne pas la beauté en elle-même. Car la femme sénégalaise aime prendre soin d'elle, elle apprécie l'élégance. Nous sommes toujours attendues pour être impeccables’’, a expliqué Nafytoo Diop.
Le Superwoman Tour, un événement emblématique qui a déjà conquis Paris et Abidjan, a fait escale pour la première fois à Dakar, clôturant ainsi une tournée mémorable. Cet événement, par essence fédérateur, offre aux femmes l'occasion d'échanger sur les nombreux défis auxquels elles sont confrontées au quotidien, constamment tiraillées entre tradition et modernité, comme l'explique Amie Kouamé, fondatrice du média Ayana et organisatrice du Superwoman Tour.
En abordant le thème principal, elle note qu’être soi-même, c'est assumer nos imperfections. Et qu'il faut naviguer entre tradition et modernité, tout en trouvant notre propre voie.
BABACAR SY SEYE