Publié le 22 Mar 2025 - 23:20
‘’NDOGOU DU CŒUR’’  

Entre solidarité et communion 

 

Les distributions de ‘’ndogou’’ sont devenues une routine pendant les mois de ramadan, des moments de communion où le partage reste un leitmotiv vivace. Derrière le vacarme entourant ce phénomène, de nombreuses questions, des enseignements pour plus d'impact dans la communauté. ‘’EnQuête’’ fait immersion dans le quotidien en période de ramadan des jeunes Parcellois de l’Unité 17 : Wa café gui jëf jël.

 

Il est presque 18 h et demie. La lueur du soir fait ses dernières apparitions. Dans un espace se retrouvent de jeunes Parcellois. L’ambiance bat son plein : hommes, femmes et enfants sont sortis massivement répondre à ce rituel. Certains membres viennent de quitter leur travail, habillés en costume-cravate ; les femmes s’affairent à couper les pains tartinés avec du beurre, chocolat et mets salés. Une musique dansante des  “chicory” accompagne ces allers et retours ornant le décor aux abords de la route. À pied d’œuvre depuis 16 h, Djiby Mbaye revient sur le caractère désintéressé de cette pratique. “C’est une initiative qui date de très longtemps. Elle a été mise en place par les jeunes du quartier qui le font sans l’aide de personne”, informe-t-il enthousiaste.

Pour lui, même si cet acte de solidarité est plus en vue durant le mois de ramadan, ils tentent d'avoir le même engagement toute l'année. Au-delà de cet acte de générosité, c'est une véritable dynamique de solidarité et de famille qui se dessine.

Selon Djiby, avant, les familles ne se connaissaient pas trop, mais grâce à l'initiative elles se connaissent mieux. “Nos épouses ne se connaissaient pas auparavant, maintenant elles entretiennent d’excellentes relations grâce à cet élan de solidarité et de cohésion sociale”, confie-t-il derrière ses lunettes noires.

Retrouvé en train de s’activer autour des marmites de café-Touba, Ousmane Camara revient sur le sens de cette communion. “Nous ne manquons pas d’endroits où aller manger. Néanmoins, on a préféré se mettre à la disposition des personnes et de venir ici pour pérenniser cette cohésion sociale. Ça nous fait toujours plaisir de voir des personnes couper leur jeûne grâce à notre action ; ça nous va droit au cœur”, raconte-t-il.

Dans ce quartier, la distribution du ‘’ndogou’’ est devenue une tradition bien ancrée. “À l'origine, nous avions vu nos grands frères le faire à  l'Unité 11. Et nous avons décidé de faire comme eux. Au début, c’était par des cotisations, de modiques sommes de 100 F CFA et peu de marmites, jusqu’à en arriver là aujourd’hui” renseigne Séga Guèye.

Selon lui, c’est devenu l’affaire de toutes les personnes qui vivent dans le quartier, des gens de tous les âges, de toutes les communautés.

Jeune chrétien, François Cabou quitte son lieu de travail tous les jours à 16 h pour venir s'occuper de la préparation du café. Il magnifie cette cohésion sociale et le dialogue interreligieux dans le quartier. Très dynamique et dévoué aux côtés de ses amis musulmans, il témoigne : “Cela montre la bonne entente. D’abord, parce que nous avons grandi dans le même quartier et ensuite, parce que ça raffermit les liens entre musulmans et chrétiens, entre les habitants du quartier plus généralement.”

Les femmes ne sont pas en reste. Elles accompagnent et encouragent cette initiative de leurs hommes. “Ce sont des jeunes qui pouvaient s'intéresser à d’autres choses, mais ils préfèrent œuvrer dans ces actions sociales. C'est un acte d'une grande portée. Je pense qu'ils ne mesurent pas totalement la portée de ce qu’ils font”, souligne la dame Amar, sourire aux lèvres.

En ces périodes de vaches maigres et de paupérisation grandissante des populations, l'initiative est hautement saluée. Selon l’imam Omar Sylla, donner à une personne à manger vaut mieux, selon les hadiths du Prophète Mohamed, que construire des milliers de mosquées. “Maintenant, précise l’imam, les jeunes ne doivent pas perdre de vue que le jeûne est plus obligatoire que ce qu’ils font. Alors, ça ne fera qu’améliorer leurs bienfaits en alliant les deux”.

Par ces actes, ces jeunes apportent leur contribution à une longue tradition d’entraide et de solidarité. La question des ‘’ndogou’’, selon eux, rentre dans ce même sillage, cultivant la cohésion sociale et l’apport mutuel entre populations.

 Si le phénomène est apprécié de manière unanime, il suscite des réticences de la part de certains citoyens qui réprouvent la façon de faire de certains organisateurs qui harcèlent presque les gens, soit pour quémander des contributions soit pour donner le ‘’ndogou’’ à des gens qui n'en ont pas besoin.

À l'Unité 17, les jeunes semblent être bien conscients de ces reproches et essaient de les éviter. Cette année, ils ont cependant été confrontés à une conjoncture un peu difficile. “Nous utilisons deux kilos de café-Touba chaque jour, mais il arrive qu’on soit dans l’impossibilité d’en avoir un kilo, à cause de la cherté du produit”, déclare Séga Guèye.

Ablaye Touré (stagiaire)

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