Publié le 16 Jan 2012 - 17:08
23 LIONS CAN 2012

Cheikh Mbengue : la gauche dure

Cheikh Mbengue

 

La bonne pioche ! En pleine polémique sur les binationaux en France, Cheikh Mbengue annonce sa décision de rejoindre la Tanière. ''Cela n'a eu aucune influence, même si mon annonce tombe mal avec cette histoire. Mais je ne l'ai pas décidé sur un coup de tête. Je sais que cela ne va pas plaire à tout le monde et même décevoir certaines personnes. Mais c'est mon choix", lâche le néo-international sénégalais.

 

 

La nouvelle a de quoi donner du baume au cœur à tous les férus de football sénégalais. Car voici des années que l'équipe nationale du Sénégal fait du colmatage au poste de latéral gauche. Omar Daf, droitier, aura longtemps donné le change, très souvent avec bonheur, avant d’être rattrapé par l'âge et les blessures. Ni Boukari Dramé, ni Guirane Ndaw, encore moins Jackson Mendy ne seront ses dignes héritiers.

 

L'arrivée de Cheikh Mbengue est donc du pain béni et confirme l'embellie du foot sénégalais qui sort douloureusement du traumatisme de la double l'élimination à la Can et au mondial 2010.

 

 

Sa première cape est un coup de maître. Du haut de ses 23 ans et pour une première en Afrique, de surcroît face au Cameroun, Cheikh Mbengue sort une prestation de haut vol. Le début d'une longue histoire d'amour avec l'équipe du Sénégal ? Tous les observateurs l’affirment. Tout le peuple l'espère. Lui se laisse griser par ses premières impressions en terre africaine après une confrontation face aux Lions Indomptables. ''Au Cameroun, c'était assez exceptionnel. C'était un match âpre, dur…''. Un peu comme il les aime.

 

 

Après deux matchs avec les Lions, Cheikh Mbengue a de bonnes sensations. ''Ce groupe est promu à un bel avenir'', assure-t-il. Son appétit s'en trouve aiguisé. ''On peut faire quelque chose de grand'', susurre-t-il. Il a en ligne de mire la Can 2012.

 

 

Fidèle à la ville rose

 

Cheikh Sidy Bouya Mbengue, né un 23 juillet 1988 à Toulouse, a toujours vécu dans sa ville natale. Pur produit du centre de formation du Toulouse FC, il est passé pro en janvier 2008. La même année, il est appelé par Erick Mombaerts, sélectionneur de l'équipe de France espoir.

 

Près de quatre ans après, le jeune Sénégalais continue de faire les beaux jours de son ''club de cœur''. ''Sur le terrain, c'est un très grand joueur. Je crois qu'il va monter très vite'', laisse entendre Paulo Machado, un de ses coéquipiers en club. Selon Daniel Braaten, le Norvégien de Toulouse, Mbengue ''est peut-être le meilleur latéral gauche du championnat de L1''. De taille moyenne, tonique, le joueur a le physique et l’Adn des grands latéraux modernes. Teigneux dans les tâches défensives, le joueur n'hésite pas à prendre son couloir et jouer sa partition offensive.

 

 

Objet de toutes les convoitises durant l'été dernier, Cheikh a refusé ''d'aller au clash'' pour rempiler avec le club de la ville rose. Ni les six millions d'euros de Newcatle, ni l'intérêt du directeur sportif de Marseille, José Anigo (son premier choix), ni celui du champion de France, Lille, n'ont pu convaincre ses dirigeants de le laisser filer. Lui ne leur en tient pas rigueur. ''Je ne suis pas pressé, je suis jeune'', rétorque-t-il avec sérénité. Son heure viendra de conquérir l’Europe. ''J’aspire à jouer un jour dans un plus grand club. En France d’abord, puis à l’étranger'', laisse-t-il entendre. Avec une préférence pour les Championnats anglais et espagnol.

 

 

Toutefois, la carrière du néo international sénégalais n'a jusqu'ici pas été un long fleuve tranquille. Car, le joueur est ''fragile''. Régulièrement blessé, Cheikh Mbengue a du mal à enchaîner les matchs. Tel Sisyphe condamné dans les Enfers à rouler sur la pente d'une montagne un rocher qui retombait toujours avant d'avoir atteint le sommet, Cheikh Mbengue a longtemps couru cette saison, derrière sa forme de croisière. Même s'il commence à retrouver de bonnes sensations en club, après avoir enchaîné quelques matchs en championnat.

 

 

Guerrier

 

''Sur le terrain, je ne rigole pas''. Sans être un sanguin, Cheikh Mbengue a un caractère bien trempé. ''Je n’ai jamais été un joueur talentueux, mais j’ai toujours eu ces qualités d’agressivité et d’engagement'', analyse-t-il. Sa combativité sur le terrain lui a cependant valu bien des déboires.

 

En 2007, en CFA, il se voit infliger 13 matchs de suspension par la commission de discipline de la FFF à la suite d'un tacle dangereux. Rebelote en 2009, cette fois-ci, il écope de 03 mois de suspension. Joueur violent ? Non ! Excès d'engagement ? Sûrement. Lui parle de ''maladresse''. Son credo serait : Toujours ''viser le plus haut possible''. ''J'essaie d'être le plus performant possible toute l'année'', affirme-t-il avec force.

 

Mais d'où puise-t-il sa force ? Sans conteste, de sa famille. ''Nous sommes très famille'', lâche Papa Ndione, son oncle, dans un reportage télé de la TFM. Cheikh est loin d'être dépaysé à Toulouse où il vit entouré des siens. ''Je ne sais pas s'il y a quelque chose de plus important que ma mère, parce que je sais que si j'ai sa bénédiction, il ne peut rien m'arriver'', croit fermement celui qui a perdu son papa à l'âge de 17 ans. ''Ma mère a 5 enfants, ce n'était pas facile. Il revenait à moi et à mon grand-frère d'aider notre mère à s'en sortir''. ''Il est très attaché à moi'', confirme sa maman Mame Dior.

 

 

Armand, le concurrent et… pote de chambre

 

''On a tous envie de gagner quelque chose pour le Sénégal''. Cheikh ira à la Can avec l'envie légitime de briller et de faire monter le Sénégal sur le toit du foot africain. À 23 ans, il aura l'occasion de poser les jalons d'une longue et belle histoire d'amour avec le maillot national. Lui qui justement est venu au Sénégal, pour jouer.

 

Le natif de Toulouse a ignoré les sirènes de l'équipe de France pour tenter d’écrire l'une des pages d'or du foot sénégalais. ''J'ai déjà dit que je ne voulais pas prendre le risque d'être sélectionné une fois (en équipe de France) et plus rien. Et puis, l'équipe du Sénégal, même si elle est en reconstruction, est quand même une des meilleures d'Afrique", disait-il au moment de rejoindre la Tanière. Un choix qu'il n'a pas regretté.

 

Mais après avoir été désigné comme nouveau maître du couloir défensif gauche, Cheikh Mbengue doit déjà se battre pour le garder face à la concurrence nouvelle d’Armand Traoré avec qui il partage la chambre en sélection. ''La concurrence, dit-il, fait partie du métier, c'est ce qui fait progresser. Si je joue, je donnerai le meilleur de moi-même. Si, on ne me fait pas jouer, c'est qu'il est meilleur que moi. On est deux au poste, tant mieux pour le Sénégal. Que le meilleur joue !'' Paroles d’un dur…

 

La première sélection

Pas le temps de s’acclimater, de prendre ses marques ou de commencer en douceur à la maison. Pour une première en équipe nationale, Cheikh Mbengue se retrouve titulaire dans un match couperet contre le Cameroun, à l’extérieur. Rien que ça… Le Sénégal doit faire un bon résultat à Yaoundé pour mettre la bande à Eto'o définitivement hors de la course à la qualification à la Can.

 

Le match est difficile face à une équipe du Cameroun remontée à bloc et désireuse d'éviter l'impensable, une non qualification à une Can. Ses impressions : ''Sur le match, je pense que je m'en suis bien sorti. C'est un match où on a souffert défensivement, même si l'arbitre ne nous a pas aidés, non plus''. En effet, Cheikh Mbengue sort une prestation de haut vol. Le Sénégal fait un nul blanc. Sérieux sur son côté gauche, le sociétaire du TFC met d'accord tous les observateurs. Le Sénégal tient enfin son latéral gauche tant recherché.

 

 

Repères

Cheikh Mbengue

Né le 23 juillet 1988 à Toulouse (France)

Taille : 1m83

Poids : 75 kg

Poste : Défenseur

Club : Toulouse (2008 - ?)

 

Gaston COLY

 

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