C’est un Aliou Cissé ‘’triste et déçu’’ qui s’est présenté, hier, face à la presse, après la défaite du Sénégal (1-0) contre la Colombie, synonyme d’élimination à la Coupe du monde 2018. Malgré cette désillusion, il reste fier de ses joueurs qui avaient montré, selon lui, de la volonté d’aller de l’avant.

Vous êtes le premier pays à quitter la compétition à cause du règlement. Etes-vous déçu ?

C'est la règle du jeu. C’était établi par la Fifa, donc il faut s'y plier. On aurait aimé être éliminé d'une autre façon, mais c'est comme ça. Le Sénégal a un football engagé et qui dit football engagé, dit cartons jaunes.

Qu'est-ce qui explique ce résultat pour le Sénégal ?

C'est la loi du football. On ne se qualifie pas, parce qu'on a plus de cartons que le Japon. Je suis fier de mes garçons. Le Sénégal ne se qualifie pas, parce qu'il ne le mérite pas. Ainsi va la vie.

Toutes les équipes africaines sont éliminées au premier tour. Est-ce que cela veut dire qu'on n'a pas le niveau ?

Je ne le pense pas. Des équipes africaines éliminées dès la 2e journée, c'est un constat. Maintenant, le Sénégal et le Nigeria sont passés pour disputer leur qualification au deuxième tour jusqu'à la dernière journée des matches de groupe. Je pense qu'il faut qu'on discute les chapeaux. Ce n'est pas évident quand on tombe sur le chapeau 1 avec des équipes très fortes. Globalement, je pense que le football africain est en train de progresser. On avance, mais doucement. Il ne faut pas qu'on abandonne, parce que je suis certain que nous sommes sur le bon chemin. On n'a pas à avoir honte du football produit ici par l'Afrique.

Est-ce que vos joueurs étaient au courant que la qualification ou l'élimination pouvait se jouer aux cartons jaunes ?

Les joueurs étaient au courant. Le règlement, c'est le règlement. Maintenant, notre football à nous se base aussi sur l'engagement. Quand on nous l'enlève, il est difficile de trouver le jeu du Sénégal. Est-ce que ce règlement est bizarre ? Je ne sais pas, mais je ne demanderais pas à mes joueurs d’éviter les cartons. L'engagement physique, c'est dans notre Adn. Je pense qu'on aurait pu marquer un but. Quand on a un temps fort, il faut savoir marquer et concrétiser. Ce n'est pas arrivé et c'est dommage. Je ne sais pas s’il y a penalty ou pas. En deuxième période, on a eu de la maitrise aussi, même si la Colombie a eu plus de temps forts. Aujourd'hui (hier), je suis triste et déçu pour les joueurs de cette génération qui ont consenti beaucoup d'efforts. On va continuer à les accompagner, parce qu'il y a des choses meilleures qui les attendent.

Quid de l'état d'esprit ?

En première mi-temps, on a été conquérant. Si on avait mené au score, il n’y aurait eu rien à dire. J'ai vu une équipe qui s'est projetée, qui s'est créé des situations de jeu. Sur l'état d'esprit, j’ai vu des garçons conscients et qui avaient envie d'aller de l'avant. Il y a de belles choses qui nous attendent.

Les coups de pied arrêtés ne sont-ils pas les péchés du Sénégal ?

Est-ce que c’est normal quand on prend un but ? Ce n’est pas normal. C'est un état d'esprit. Ni poids, ni tactique, ni taille. C'est le plus déterminé qui le prend. C'est dommage parce qu’on l’a beaucoup travaillé offensivement et défensivement. Mais, aujourd’hui, on perd sur coup de pied arrêté.

On a vu la Colombie jouer sur le côté droit et au finish cela a payé. Est-ce votre lecture aussi ?

Avec notre système, on devait surveiller leur côté droit, parce qu'ils ont des joueurs dangereux dans ce secteur. Youssouf Sabaly et Diao Keïta ont su bien fermer ce couloir. En deuxième période, peut-être le manque de fraîcheur a joué et au fur et à mesure ils ont pris le dessus sur ce côté. Mais, dans l'ensemble de la rencontre, nous avons fait un match complet et on aurait mérité de passer.

BOUBACAR KEITA (ENVOYE SPECIAL)