Publié le 21 Apr 2017 - 22:18
ALIOUNE BADARA BEYE, PCA DU THEATRE NATIONAL DANIEL SORANO

‘’Sorano va devenir un établissement à caractère industriel et commercial’’

 

Lors du conseil des ministres du mercredi 19 avril, le projet de loi abrogeant la loi n°66-62 du 30 juin 1966 portant création de la Compagnie nationale du Théâtre Daniel Sorano a été abrogé par le chef de l’Etat. Désormais, la compagnie nationale va vers un établissement économique. Joint par EnQuête, le PCA de ce temple culturel, Alioune Badara Bèye, revient sur l’intérêt de cette modification.

 

L’abrogation de la loi 66-62 de 1966 vous inspire quoi ?

En tant qu’acteur culturel et Pca de Sorano, je peux vous donner la clarification suivante : Cette loi que l’on a abrogée facilite le changement de statut de Sorano. Celui-ci était un établissement public à caractère administratif.  Il passe maintenant au statut d’établissement à caractère commercial et industriel et éthique. Il faut qu’il y ait changement. Il faut comprendre que c’est une loi qui l’avait créé et, naturellement, d’autres lois interviennent. Sorano va devenir un établissement à caractère industriel et commercial.

Donc, c’est un projet de loi qui sera déposé à l’Assemblée nationale et qui va permettre le changement de statut de Sorano. L’établissement va changer d’orientations générales, c’est-à-dire sur le plan de la rentabilité et de la liberté, en ce qui concerne la gestion. Et une partie même devient une entreprise financière.  C'est-à-dire lui permettre d’avoir des promotions, des marchés avec des compagnies internationales, de signer des contrats, des films avec des compagnies internationales. Et ce, pour la mouvance des troupes et la rentabilité du théâtre national Daniel Sorano. Déjà, ce changement va faire que  la salle connaîtra une certaine hausse pour la location.

Est-ce que l’Etat va continuer à subventionner le théâtre national Daniel Sorano ?

Oui, l’Etat va continuer de subventionner Sorano, mais pas à long terme. A long terme, on souhaite que Sorano soit rentable. Le caractère principal, c’est qu’actuellement, c’est l’Etat qui supporte entièrement cela, parce qu’il a augmenté le budget de Sorano.  Il est passé de 350 000 000 à 450 000 000 F CFA. Cela veut dire que l’Etat ne lâche pas Sorano. Mais, à long terme, quand Sorano sera dans les conditions de rentabilité maximum pour se prendre entièrement charge, en ce moment, l’Etat financièrement se désengagera petit à petit. Parce que là, Sorano pourra se prendre entièrement en charge. C’est ça la grande différence entre les deux établissements. 

De manière concrète, jusqu’à quand l’Etat continuera-t-il à soutenir cet établissement ?

Cala peut prendre du temps. Cela dépend des performances de la compagnie. C’est le moment pour le théâtre national Daniel Sorano         d’accélérer sa politique, avoir une politique commerciale beaucoup plus agressive, un marketing plus significatif, beaucoup plus de largesses. Il y aura aussi beaucoup plus  d’ambiance dans les contacts, le marketing. Le professionnalisme va devoir être développé. Il faudra améliorer ses productions artistiques, développer les pratiques, multiplier les contacts, changer de partenaires et internationaliser les partenaires.

Dans quelle mesure cette décision a-t-elle été prise ?

Cette décision a été prise parce que c’est un vœu des artistes et de l’Administration. Beaucoup de ministres ont souvent essayé, mais cela n’a pas abouti. J’ai assisté à beaucoup de projets tendant à changer le statut du théâtre. Cela date de 1966. C’est juste que les réalités ne sont plus les mêmes. C’était vraiment un théâtre très étatique qui n’avait pas la possibilité de faire beaucoup de choses, avant. Maintenant, il y a une ouverture commerciale et économique. Vraiment, il y a eu beaucoup de tentatives, mais c’est venu avec  le Président Macky Sall. C’est une autre ère qui s’ouvre pour Sorano dans ce domaine.

Cette décision, est-elle en faveur ou défaveur des agents de Sorano ?

C’est à la faveur du personnel.  C’est vrai qu’il y avait la sécurité, mais, cela n’ouvre pas beaucoup de perspectives. Sorano doit aussi se coller aux réalités mondiales dans le domaine du spectacle. Cela nécessite, par exemple, le coût d’un spectacle qui peut aller jusqu’à 40 000 000 F CFA 50 000 000 FCFA. Sorano, à l’état actuel, ne peut pas le faire, parce que d’abord, il continue de pratiquer les aspects administratifs et autres ; mais quand il aura cette liberté destinée à l’exclusivité pour des télévisions occidentales, des films occidentaux etc., il y aura beaucoup de rentabilité. Sur le plan social, ça ne touche pas la promotion des artistes. Les acquis seront toujours préservés, et puis l’Etat va donner à Sorano une autre dimension.                

HABIBATOU WAGNE

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