Publié le 13 Jul 2018 - 17:32
ATELIER EVALUATION FESNAC

Abdou Latif Coulibaly invite ses collaborateurs à ‘’prendre leurs responsabilités’’

 

‘’Je suis un fervent partisan de l’évaluation’’, a dit hier le ministre de la Culture Abdou Latif Coulibaly. Raison pour laquelle il soutient et encourage toute initiative allant dans ce sens dans son département, d’où sa présence à l’atelier d’évaluation du 10e Festival national des arts et de la culture tenu à Dakar. Il a profité de la tribune offerte pour inviter ses collaborateurs à plus de responsabilité dans les missions qui leur sont assignées.

 

‘’Quand on regarde les troupes qui participent au Festival national des arts et de la culture (Fesnac), on se rend compte qu’elles restituent le patrimoine. Or, pour moi, elles devaient s’inspirer du patrimoine pour faire leurs créations’’. C’est, en substance, le sentiment du coordonnateur des centres culturels régionaux du Sénégal, Tidiane Diallo. Le coordonnateur l’a partagé, hier à Dakar, lors de l’atelier d’évaluation de la 10e édition du Fesnac. Il n’aurait pas dû. Ce n’était ni le lieu ni le moment indiqué, selon le ministre de la Culture Abdou Latif Coulibaly, qui présidait la rencontre. ‘’Pour moi, ces propos seraient pertinents si, à la fin même de la 10e édition du Fesnac, j’avais reçu un rapport de vous consignant tout cela. Cela aurait permis de prendre ces critiques en compte, aujourd’hui, au cours de cet atelier. A défaut d’un rapport, mes bureaux ne vous sont pas fermés. Vous aviez la latitude, depuis, de venir m’en faire part’’, a regretté M. Coulibaly.

‘’J’appelle tout le monde à assumer ses responsabilités. Si nous voulons bien faire, il faut de l’autocritique et un travail interne de critique. Nous ne sommes pas dans une dynamique de cacher des choses. Mais quand on occupe certains postes, il y a des choses qu’on peut régler à l’interne’’, a ajouté Abdou Latif Coulibaly.

Une réponse qui ne visait pas que M. Diallo, mais tous ces responsables très prompts à critiquer, quand ils peuvent agir à leur niveau. C’est le cas de la directrice du centre culturel régional de Diourbel, Sira Ouroundou Ba Dieng qui, à la suite de Tidiane Diallo, a posé la question de la non-participation des grands artistes résidant dans les régions au Fesnac. ‘’C’est vous que j’ai nommée à Diourbel. Donc, vous devez être à même de me dire pourquoi les grands artistes rechignent à participer au Fesnac. Si vous n’avez pas les outils pour ça, dites-le nous et le ministère interviendra à ce moment. Mais ne venez pas me poser la question’’, lui a rétorqué Abdou Latif Coulibaly. Non sans préciser : ‘’Je peux d’ores et déjà vous dire que certains ne participent pas parce qu’ils veulent de l’argent.’’

Des moyens que le Fesnac n’a pas. La tutelle aide du mieux qu’elle peut les troupes participantes qui doivent bénéficier du soutien des collectivités locales. Lequel fait souvent défaut, tel que l’a fait savoir la directrice du centre culturel régional de Diourbel. Cela dénote un certain désintérêt ou une omission de leurs devoirs envers leurs administrés.

Un représentant du Conseil départemental de Louga, prenant part à la cérémonie d’hier, a fustigé l’état piteux dans lequel se trouvent certains centres culturels régionaux. Abdou Latif Coulibaly n’a pas manqué de lui rappeler que la ‘’culture est une compétence transférée’’ et que c’est aux collectivités locales de la prendre en charge. ‘’L’Etat ne vient qu’en appoint’’. Cependant, cela ne signifie pas que cette question ne mérite pas que les gens s’y penchent. Lors de cet atelier, il est prévu de réfléchir autour de la gouvernance du Fesnac et de parler ainsi des rapports entre le festival et les collectivités locales, renseigne la directrice Fatou Sidibé Guèye.

‘’Un diagnostic intégral et sans complaisance’’

Les échanges précités laissaient présager une journée intéressante de débats sans langue de bois. Ayant donné le ton, le ministre les a invités à en faire autant. Ainsi, il attend des participants à cet atelier "une analyse critique et prospective, un diagnostic intégral et sans complaisance, ainsi que des propositions concrètes d’amélioration pour insuffler du sang neuf au Fesnac, après 20 ans d’existence". Dans ce sens, trois axes de réflexion ont été définis. Le premier s’intéresse à la périodicité de la manifestation. D’une biennale, elle est passée à une manifestation annuelle en 2016, après une édition assez bien réussie à Kolda.

Cependant, après Louga, l’on se demande si l’option biennale n’était pas la meilleure. Les travaux entamés hier le diront. En attendant, le ministre est d’avis que la 10e édition tenue à Louga a été un succès. Il s’est félicité de la tenue des colloques sous la direction d’Abdoulaye Racine Senghor. Ils ont été d’une importance capitale, selon le ministre de la Culture. Cela est peut-être dû à l’implication d’universitaires à ces rencontres. Et d’après l’enseignant-chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Ibrahima Wane, les universitaires ne sauraient être mis à l’écart dans cette organisation. Lui y prend part depuis la première édition, en 1997.

Quoi qu’il en soit, pour le ministre, la 10e édition a lancé "les bases d’un partenariat fécond au profit de la jeunesse culturelle de notre pays. Puisse ce partenariat être consolidé et élargi, afin de tirer pleinement profit de la science universitaire".

Cela sera peut-être pris en compte dans l’évaluation. Car, après cette dernière, une nouvelle démarche doit être entreprise afin d’éviter certains écueils.

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