Le Docteur Amadou Ndiaye, dans son dernier ouvrage, décrypte les chansons de Baaba Maal. Il ressort de ses analyses que le message du leader du dahaadé légnol n’est pas foutanké, ni sénégalais mais… universel.

‘’Baaba Maal et le Fouta : message local et patrimoine universel’’, c’est le titre du nouveau livre d’Amadou Ndiaye, Docteur en sciences sociales et vétérinaires et enseignant chercheur à l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis. En présence du leader du « Dahaadé légnol », la cérémonie de dédicace a eu lieu le samedi dernier, au siège de la maison d’édition l’Harmattan Sénégal. Dans une salle pleine d’amis, de parents et d’intellectuels, le Professeur Amadou Ly, qui a par ailleurs préfacé le bouquin, est revenu sur son importance. Selon lui, Baaba Maal est une richesse culturelle pour le Fouta et le Sénégal tout entier. 

Le destin de Baaba est strictement lié au Fouta. Il explique que dans ce livre, l’auteur s’intéresse à la dimension intellectuelle de l’œuvre de l’artiste Baaba Maal. Après une présentation de la géographie et de l’histoire du Fouta, Amadou Ndiaye a décrypté le patrimoine immatériel (vie socioéconomique et socioculturelle) de la zone. Il ne s’arrête pas là car il revisite aussi   les dimensions intellectuelle, spirituelle et socio-émotionnelle du Fountanké soumis aux influences culturelles négro-africaines (Foulbé, Mandinka, Sérère, Soninké, Wolof...), arabo-berbère, occidentale et mondiale. Donc selon le Professeur Ly, le livre confirme le poids du terroir sur l’évolution personnelle des fils du Fouta.

Présidé par le ministre de la Formation professionnelle, de l'Apprentissage et de l'Artisanat, Mamadou Talla, qui se définit comme un ami personnel de l’artiste, on a noté une forte présence des cadres du Fouta à la cérémonie. L’artiste semble être un fédérateur et fait l’unanimité des ressortissants de la région du fleuve. La cérémonie de dédicace est devenue, à un certain moment, une séance de témoignages et d’hommage à Baaba Maal. Tous les témoins ont exprimé l’importance de l’œuvre de Baaba dans la diaspora sénégalaise, notamment les nordistes. Mamadou Talla, pour sa part, a soutenu que  la valeur culturelle de Baaba Maal est mobilisatrice.  Car, dit-il, l’artiste,  à travers son œuvre, a permis de fédérer les jeunes nés à l’étranger qui reviennent aujourd’hui fièrement au Fouta qu’ils ne connaissaient pas et qu’ils ont connu grâce à ses chansons.  ‘’En lisant ce livre, je retrouve mon histoire personnelle’’, affirme le ministre.

L’auteur lui, n’a pas pu trouver assez de mots pour rendre hommage à l’élu du jour. ‘’C’est à vous de lire l’ouvrage et de le juger’’, a-t-il dit.  L’enseignant chercheur à l’UGB de Saint-Louis d’ajouter : ‘’Je me rappelle quand j’étais étudiant, je révisais avec la musique de Baaba Maal.’’  L’enfant de Podor est considéré comme le porte-étendard de la culture pulaar. Beaucoup d’invités ont reconnu avoir été bercés par la musique du dahaadé légnol (la voix de la communauté peul Ndlr).

L’hôte du jour n’a pas manqué d’exprimer sa reconnaissance à l’égard de ses parents du Fouta et de tous les Sénégalais. ‘’Ma plus grande fierté, c’est quand j’allais en France et que je voyais des fillettes de 8, 6 ans reprendre mes chansons. Ainsi,  cela les poussait à venir passer leurs vacances au Fouta.  Je suis pulaar, sénégalais et africain‘’, a-t-il précisé dès le début de son discours. Baaba Maal  a donc  consacré l’essentiel de ses propos au continent noir. Aussi dira-t-il : ‘’Au sortir des indépendances, nous voulions casser la barrière des castes pour que chacun puisse choisir librement ce qu’il voulait devenir. Moi je ne suis pas un griot, on m’a introduit dans la famille des griots.’’

ABDOURAHIM BARRY