Publié le 2 Sep 2021 - 20:33
COALITION DE L’OPPOSITION

Les secrets d’un clash !

 

Aida Mbodj, Guirassy, Pape Diop, entre autres entrées, auraient finalement amené le PDS à bouder la grande coalition de l’opposition, en direction des élections territoriales de janvier 2022. Laquelle sera lancée, aujourd’hui, à Fun City.

 

L’accouchement a été douloureux. Mais au finish, le bébé va naitre. Aujourd’hui, dans les locaux de Fun City sur la VDN, Ousmane Sonko et ses alliés vont lancer la Coalition YAW (Yewi Askan Wi). Il y est annoncé, pour le moment, 22 partis et mouvements politiques, dont Pastef, PUR et Taxawu Senegaal. Malgré, l’annonce depuis quelques jours de sa mise en place, les tractations ont eu lieu jusqu’au bout. Si, c’était au football, on aurait dit jusqu’au temps additionnel. Et finalement, le leader de Pastef semble avoir imposé ses règles. A prendre ou à laisser. Sans aucun chantage ou pression !

Jusqu’au moment où nous mettions ces lignes sous presse, beaucoup de responsables étaient incapables de s’affirmer dans un sens ou dans un autre. Jouant sur plusieurs tableaux. Pour certains, on semblait même être étonné de la date de lancement. ‘’Ah bon… Si tu le dis ! Moi, je ne peux en dire beaucoup, je sais juste qu’il y avait encore quelques réglages à effectuer’’, confie un responsable, dont le parti joue les premiers rôles dans la coalition.  

Au Parti démocratique sénégalais, on s’est voulu on ne peut plus catégorique. Les libéraux ont, en effet, craché sur la ‘’charte’’ de Sonko et Khalifa. Dans un communiqué signé par le porte-parole Tafsir Thioye, ils ont tenu à préciser : ‘’Le parti démocratique sénégalais s’étonne de la circulation d’une charte pour la création d’une coalition sous la mention ‘ont signé : le PDS, Taxawu Senegaal, Pastef. Le PDS informe n’avoir signé aucun document à ce propos. Sans en être informé officiellement, le PDS a appris qu’une cérémonie de signature est prévue, ce jeudi, alors que jusque-là, des points de désaccords signalés par plusieurs partis subsistent et n’ont pas été résolus’’.

Selon la formation d’Abdoulaye Wade, il y a ‘’plusieurs jeux dans l’ombre, ainsi que des détours et subterfuges inutiles qui plombent toute initiative de cette nature’’.

Mais qu’en est-il véritablement ? Pourquoi le PDS a finalement décidé de se rebeller contre les autres partis leaders de la coalition ? Les versions divergent d’un camp à l’autre. Mais il existe une constance, reconnue par des sources proches du Parti démocratique sénégalais. Il s’agit de la cooptation dans la coalition de certains leaders comme Aida Mbodj, Pape Diop…, considérés comme ‘’traitres’’ au PDS. ‘’Comment on peut s’allier avec des gens qui nous ont trahis fraichement, pour aller combattre Macky Sall. Vous voulez qu’on se remette à la même table, discuter avec eux et les mettre aux mêmes positions, c’est de l’idiotie’’. 

En fait, si l’on en croit la source, le PDS a vécu beaucoup de péripéties qui l’amènent à prendre les précautions nécessaires avant de se hasarder dans de nouvelles alliances. ‘’Nous participerons aux locales dans les meilleures conditions, dans le cadre d’une coalition gagnante. Et ces conditions, il faut les mesurer, les tester, les évaluer. Il faut bien voir avec qui nous serons pour être dans ces localités. Il convient de rappeler, qu’au sortir des élections de 2014, le PDS avait remporté 114 mairies. Aujourd’hui, il ne nous reste qu’une trentaine. Les gens ont pris nos électeurs, ils ont pris nos voix, ont gagné des mairies et après sont partis les monnayer au pouvoir. Nous ne pouvons pas vivre la même chose ; ce serait une bêtise. Nous sommes obligés de voir avec qui nous irons aux prochaines locales’’.

Le cas Aida Mbodj

Ainsi même s’ils ne le disent pas, l’une des principales pommes de discordes a été la position d’Aida Mbodj, à qui Ousmane Sonko semble tenir comme à la prunelle de ses yeux. Et il l’aurait clairement signifié aux différentes composantes de la coalition. ‘’En réalité, rapporte une source proche de Pastef, ‘’Le PDS voulait être uniquement avec PASTEF, TAXAWU et PUR. Il ne voulait ni de Aida Mbodji, ni de Guirassy, encore moins de Pape Diop…. Comme à son habitude (manipulation et mise en scène), il veut anticiper sur sa future explication de son absence de la grande coalition. Les points de désaccord dont leur communiqué fait état ne proviennent que de leurs caprices politiques visant à exclure certaines figures de l’opposition (anciens ministres sous Wade) qui ont eu des différends avec le Prince de Qatar Sir Rimka’’.

A en croire notre interlocuteur, aucune charte de coalition n’est encore signée. ‘’Le PDS, représenté dans les négociations par Mayoro Faye, Doudou Wade, Cheikh Dieng et Lamine Thiam, a pris part à toutes les discussions sur la création de la coalition et s’est toujours arc-bouté sur son désir de mettre sur pied uniquement une coalition dite des ‘4 Grands’. Les jours à venir, nous révèlerons davantage les basses manœuvres du PDS pris en otage par les pros Karim qui, de jour en jour, isolent Abdoulaye Wade de la vie du parti’’.

Mieux, terminent nos interlocuteurs, ‘’le signataire du communiqué s’est rendu personnellement chez Ousmane Sonko pour négocier une signature d’une charte bilatérale (PASTEF-PDS). Ce que le Président du PASTEF a catégoriquement refusé arguant qu’il faut s’ouvrir à toute l’opposition’’.

Selon nos informations, le FDS de Dr Babacar Diop est aussi partant, même si les négociations n’ont pas encore pris fin. Interpellé, Déthié Fall n’a ni affirmé ni infirmé son entrée dans la grande coalition. Il a donné rendez-vous ultérieurement. Par ailleurs, des dissensions sont aussi à craindre dans certaines coalitions comme le CRD et Jotna. Si certains sont dans les dispositions de rejoindre la coalition ; d’autres sont encore réticents. C’est le cas de Pape Diop qui, tard dans la nuit d’hier, a fait parvenir à EnQuête un communiqué dans lequel il dit se démarquer de la coalition. Il s’en explique : ‘’La Convergence libérale et Démocratique Bok Gis Gis qui n’a été associée ni de près ni lojn aux discussions qui ont jeté les bases de cette coalition, considère que ce qui se fait sans elle, se fait contre elle’’. Il ajoute qu’il ‘’est illusoire d’avoir un cadre unique regroupant toute l’opposition’’.

DE MAMADOU DIOP DECROIX, SECRETAIRE GENERAL AJ PADS

‘’Notre parti ne peut s'associer à l'initiative en cours’’

‘’J'ai reçu ce mercredi 1er septembre 2021 à mon domicile le Président Khalifa Ababacar Sall venu me présenter le projet de coalition XXL de l'opposition et le projet de charte qui l'accompagne. Nous avons eu des discussions franches dans un esprit fraternel. J'en ai rendu compte au Secrétariat permanent de notre parti au cours de sa séance hebdomadaire de ce mercredi. Le secrétariat permanent a remercié le Président Khalifa Ababacar Sall de sa visite et réaffirmé la disposition naturelle de notre parti à œuvrer en permanence pour l'unité de l'opposition. Cependant, au vu de fortes réserves exprimées quant à la méthode, notre parti ne peut s'associer à l'initiative en cours.

Nous continuons cependant de penser qu'il faut unir le maximum de forces susceptibles d'être unies pour faire face au régime en place et créer les conditions de sa défaite aux prochaines élections locales et à celles qui suivront. Ce nouveau pôle oppositionnel devra être fondé sur de solides bases démocratiques et populaires pour l'objectif patriotique de libération nationale et d'émancipation sociale. Le principe d'égale dignité, même si les uns et les autres sont de poids électoral différent, doit être constamment préservé pour mettre à l'aise toutes celles et tous ceux qui veulent prendre part au combat pour une alternative réellement crédible’’.

MOR AMAR

Section: