Publié le 6 Jun 2017 - 13:22
COLLOQUE FESTIVAL SALAM

La part d’histoire dans ‘’Jazawu Sakkoor’’

 

Hier s’est ouvert à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar le colloque marquant le début des festivités de la 3e session du Festival ‘’Salam’’. Le Pr Ibrahima Thioub a livré la première communication du panel ‘’les figures, les forces et les localités’’. Une occasion pour lui de revisiter un des poèmes de Cheikh Moussa Kâ.

 

‘’Situer la performance soufie’’, telle est la thématique générale du colloque organisé dans le cadre de la troisième édition du festival ‘’Salam’’. Et c’est l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) qui reçoit la rencontre ouverte hier. Avec des professeurs de l’université de la Caroline du nord à Chapel Hill et leurs collègues sénégalais, ils vont échanger pendant trois jours sur le soufisme. C’est dans ce cadre que l’historien, par ailleurs recteur de l’Ucad, Ibrahima Thioub s’est penché sur ‘’Jazawu Sakkoor de Shaykh Musa Ka : une lecture confrérique de la crise des pouvoirs ceddo en Sénégambie’’. ‘’Ce texte est un poème wolof et son auteur dit que c’est une prose de Cheikh Ahmadou Bamba qu’il a versifié’’, explique M. Thioub. Ce dernier s’est, pour la présente analyse, intéressé au ‘’Jazawu Sakkoor geej gui’’. Un poème de 764 vers racontant l’exil de Cheikh Ahmadou Bamba au Gabon par la mer. ‘’L’interprétation la plus populaire le renferme dans une critique acerbe du pouvoir colonial, une interprétation nationaliste’’, informe l’universitaire. Mais  pour lui, c’est plus que cela.

‘’On s’est très peu intéressé à la lecture que le poète opère sur les pouvoirs ceddos, des Etats wolof de la Sénégambie qui étaient en crise avec un déclin irrémédiable du personnel colonial (…)’’, constate M. Thioub. Là commence les problèmes. Ceux qui ont été recyclés vont commencer à combattre les confréries émergentes. ‘’Ce qui débauche sur toutes sortes de conflits, des guerres saintes, appel au jihad, exactement comme ce qui se passe actuellement. Quand vous lisez ce texte de Cheikh Moussa Kâ, vous avez l’impression de suivre le journal de 20h dans les mêmes termes’’, assure l’historien.

En outre, rappelle le panéliste, au moment où le guide du mouridisme s’installait dans le Baol, Merlin avait fini de mettre en place une nouvelle chefferie. Cette dernière était au contact direct des populations et était recrutée dans les familles aristocratiques qui avaient régné sur les états monarchiques. Les recrues étaient envoyées à l’école franco-arabe de Tunis où ils se familiarisent avec les méthodes de l’Administration française. Seulement, les populations ne reconnaissaient pas leur autorité. Elles étaient beaucoup plus proches des leaders maraboutiques en particulier Cheikh Ahmadou Bamba, surtout celles rurales.

Ainsi, les mourides refusaient de faire allégeance à cette administration, de payer l’impôt et les taxes abusives. Une répression est tentée en vain. Un complot est ourdi contre Bamba ce qui l’amena à s’exiler au Gabon. Ainsi, ‘’le poème met en confrontation le pouvoir du Baol et la communauté mouride. Le Baol est dirigé par un roi qui porte le titre de Teigne’’, rappelle-t-il. Dans le poème, l’exemple qui est donné est celui du Teigne Tanor Dieng qui a été élu au cours d’une réunion dirigée par un capitaine de l’armée française. La dévolution du pouvoir ne respectait plus la constitution du Baol. Il voulait être reconnu comme le seul leader musulman demandant aux mourides de lui faire allégeance. Ce qu’ils refusèrent. Une belle part d’histoire enfouie dans ce texte littéraire aux vers riches. 

BIGUE BOB

 

Section: 
EL HADJI CHEIKHOU SALL DE LEBALMA SUR L’INCULPATION ET LE FINANCEMENT : ‘’La Fintech est une révolution qui redonne le pouvoir aux populations’’
THIÈS – DÉNONCIATION DU RETARD DANS LA MISE EN ŒUVRE DE SON AUTONOMIE : L’ENSA en grève de 72 heures
DÉTACHEMENT DU MINISTÈRE DE LA CULTURE, NOMINATION D’AMADOU BA : Un espoir pour les acteurs
JANT BEATS FESTIVAL : Un nouvel événement audacieux dans le paysage culturel
BRASSAGE RDC-SÉNÉGAL : Cœur de lion et de léopard
CHEIKH NDIGUEL LÔ : ‘’Ma retraite, c'est ma mort’’
CÉLÉBRATION DES 50 ANS DE CARRIÈRE DE CHEIKH NDIGUEL LÔ : Cinq décennies de succès mondial  
6E EDITION DIALAWALY FESTIVAL : Trois jours de rythmes, de couleurs et d’unité à Dagana
ARTS VISUELS : L'identité et la souveraineté en question
FRANÇOIS AKOUABOU ADIANAGA (DG FESPACO) ‘’Il faut travailler sur la distribution du cinéma en Afrique’’
DIFFUSION ET EXPLOITATION DES FILMS AFRICAINS : Mobiciné, un modèle de réussite en Afrique
FESTIVAL IMAGE DU FLEUVE (FIF) DE BOGHÉ : « Destin d’un migrant » d’Omar Brams Mbaye remporte le Grand Prix
Festival 72 heures de Yarakh
FESTIVAL IMAGE DU FLEUVE DE BOGHÉ : Le Sénégal bien représenté
ACCES A L'INFORMATION : Entre ambition légale et défis de mise en œuvre
ANIMATEURS CULTURELS ET CONSEILLERS AUX AFFAIRES CULTURELLES : Le clash s’accentue avec la tutelle 
DÉFIS DE PROFESSIONNALISATION ET DE STRUCTURATION : Formation des artistes, une innovation majeure dans le Salon national des arts visuels
SALON NATIONAL DES ARTS VISUELS : Balla Ndao  remporte le prix du Président de la République
SALON NATIONAL DES ARTS VISUELS 2025 : Ancrage territorial, vitrine des créatrices, pluralité de techniques 
À Son Excellence Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye, Président de la République du Sénégal