Le graffiti sur tableau vendu

Afin que les graffeurs vivent de leur art, Mizerables grafff a initié une exposition collective qui s'ouvre samedi à la biscuiterie de la Médina.
Place aux arts urbains. Du 9 au 23 du mois courant, une exposition collective a lieu à la Biscuiterie de la Médina (BDM). C'est une première et sans nul doute la plus grande exposition collective d'art urbain contemporain qui regroupe près de trente artistes. Baptisé ''art mur'' (NDLR : artistes réunis pour travailler ART dans un monde d'union et de réussite MUR), l’événement est une initiative de Mizerables grafff dont Deep est le leader. Le vernissage donne l'occasion au public de découvrir le graffiti sous d'autres facettes. ''Les graffeurs travaillaient généralement sur des murs. Cela embellit la ville certes mais ça ne remplit pas les poches'', a expliqué Deep à EnQuête. Avec une exhibition de leurs œuvres pendant 15 jours, ils pourraient bénéficier de leur travail. Les tableaux vont, en effet, être mis en vente.
Ceci n'est pas le seul objectif de ce festival. Mizerables grafff veut aussi ''combattre les forces du mal''. Ces dernières sont les acteurs culturels qui ''utilisent le graffiti d'une manière anormale'', selon Deep. Ainsi, ''cette exposition est une idée pour défendre notre art. Il y a des gens qui organisent des festivals ou des manifestations autour du graffiti qui ne rendent pas service aux graffeurs'', a-t-il ajouté. Très en verve contre cette catégorie, Deep s'est voulu plus clair : ''Ils organisent des manifestations auxquelles ils invitent les jeunes qui sont à la recherche de notoriété. Ils ne leur donnent pas plus que le prix du transport au moment où ils gagnent des millions''. Ce qui assure aux organisateurs une promotion que les boys n'ont pas toujours.
Ce sont ces boys-là qui sont mis aux premiers rangs pour cette exposition. Parmi eux figurent Willy Kemtane, Diablos, Madzoo, Guisso, Zeynixx, Chimère, Kraft, etc. La plus âgée des exposants est Mère Faye qui a 65 ans et le plus jeune est Baby Key qui a 5 ans. Le grand absent reste l'organisateur du festival de graffiti festigraff Docta. ''J'ai appelé tout le monde sauf Docta parce que je le considère comme l'une des forces du mal. Il n'aide pas le mouvement'', a-t-il lâché. Cette rencontre vaut 7 millions de francs Cfa à ses organisateurs. ''Aucun sponsor n'a répondu à notre appel. Notre partenaire naturel, le ministère de la Culture, est resté muet. On roule sur fonds propres'', a déclaré Deep. La manifestation accueillera en plus des graffeurs, des slameurs, hip-hoppeurs et performeurs en récupération. Le freestyle roller est aussi attendu.
BIGUÉ BOB
AVERTISSEMENT!
Il est strictement interdit aux sites d'information établis ou non au Sénégal de copier-coller les articles d' EnQuête+ sans autorisation express. Les contrevenants à cette interdiction feront l'objet de poursuites judiciaires immédiates.