Publié le 6 Apr 2019 - 21:33
EXPOSITION D’ARTS

Montée ‘’exponentiELLE’’ des femmes au musée Henriette Bathily

 

Une vingtaine d’artistes exposent au Musée de la femme Henriette Bathily, depuis le début du mois de mars, en hommage aux femmes. L’expo court jusqu’au 6 avril.

 

Des œuvres de divers genres sont actuellement exposées au Musée de la femme Henriette Bathily sis à la place du Souvenir. Cela va de la peinture à la photographie, en passant par l’installation et la vidéo. Comme ces photos au fond noir présentées par Sophie Lehire, extraites de l’Acte 1 de l’exposition ‘’Les géants’’. L’auteure y propose une réflexion sur la place des femmes et marque son indignation face aux inégalités de genre qui existent encore aujourd’hui. Sophie Lehire met en vedette des ‘’Femmes au foyer’’. Des bassines servent de cadre, leurs fonds accueillent les clichés en noir et blanc de mains de dames ridées, fatiguées et altérées par les produits utilisés quotidiennement pour le ménage. Le choix des bassines ne renvoie pas juste au travail de ces femmes. Sa forme circulaire et contraignante est le reflet des efforts de ces ‘’reines discrètes des maisons’’.

L’objectif d’Hélène Caux a cadré des ‘’Sur-vivantes’’.  Il y a cette petite fille de 13 ans, nigérienne, prise en photo à quelques minutes de son mariage. Allongée sur un matelas, son regard semble vide. Différent de celui perdu de cette jeune Malienne, Touareg, survivante de la guerre du Nord. En basket, jean et pull à capuche, une jeune activiste africaine, obligée aujourd’hui de se cacher, est également mise en avant dans la série de quatre photographies que propose Mme Caux. Elle est à peine reconnaissable, c’est apparemment à dessein, mais semble tout de même déterminée.

De nombreux portraits de femmes courageuses qui participent au changement. Aussi, des hommages à des femmes valeureuses. Claire Lamarque, à travers une installation, célèbre l’écrivaine Ken Bugul. Si cette dernière a écrit ‘’Le Baobab fou’’, Lamarque lui dédie ‘’Le baobab d’enfance’’ tout blanc. Ce qui donne une aire de pureté et un aspect indétrônable à cette écrivaine au ‘’style à la fois cash et poétique’’. ‘’Le baobab blanc’’ trône au milieu du Musée de la femme Henriette Bathily, mais n’est pas aussi imposant que le tableau de 2 m 16 cm sur 3 m 50 cm d’Abdoulaye Diallo. ‘’Le banquet des épouses, Xawaré bi’’ est le titre de ce majestueux tableau qui propose différentes scènes de vie. Des portraits de femmes, on en distingue comme celui du Pr. Penda Mbow avec le foulard de tête et les lunettes. Elle n’est pas la seule ‘’Linguère’’ sur cette toile qui vaut le détour. On y admire Myriam Makeba ou encore la talentueuse écrivaine Mariama Bâ.

 Cette dernière critique dans ses œuvres les inégalités entre homme et femme dues à la tradition africaine. Bérengère Brooks, dans l’un des différents sketchs qu’elle propose dans cette exposition, revendique les mêmes choses. Elle use du quatrième art pour le  faire. Dans la première pièce théâtrale qui passe, elle semble vouloir dire que la femme a ses spécificités. Elle a ses sensibilités et a son rythme. Elle dénonce, dans une autre représentation, comment sont traitées les femmes mariées et même les femmes tout court. A l’une d’entre elles, on refuse un poste de chauffeur à cause de sa condition de femme.

Au même moment, dans cette exhibition, Frédérique Binet essaie d’embellir une sportive en la maquillant. Il voulait ainsi lui faire du relooking, une ‘’métamorphose’’, comme le titre de son œuvre. Ce ne fut pas un jeu d’enfant. ‘’Cette jeune femme m’intriguait, j’ai voulu en faire ma muse… Je l’ai maquillée, coiffée de perruques, habillée de longues et belles robes en wax, de jolies petites robes parisiennes, de jean mode, de T-shirts, de talons aiguilles. Je ne ressentais pas, je n’arrivais pas saisir son image. Elle a enfilé ses vêtements de sport, s’est positionnée naturellement et là j’ai compris. J’ai eu ma photo (…)’’, lit-on sur une note présentant l’œuvre.

Alliant peinture et récupération, Syra Bâ a présenté, dans ‘’ExponentiELLES’’, ‘’Xool’’. ‘’A travers son regard digne et profond, ce portrait représente le défi quotidien des femmes d’ici et d’ailleurs, qui vivent les mêmes contraintes, les mêmes réalités et sont porteuses de cette volonté commune de repousser les limites, d’aller au bout de leurs idées et de vivre pleinement leur expérience de la vie’’, selon une note. En outre, toutes ces œuvres magnifient la ‘’Femme actrice du changement’’, thème de cette exhibition à laquelle participe une vingtaine d’artistes et intitulée ‘’ExponentiELLES’’. Elle est une initiative d’un collectif de femmes du même nom. L’exposition court jusqu’au 6 avril prochain.

BIGUE BOB

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