Publié le 20 Nov 2019 - 04:31
FORUM GALIEN AFRIQUE

Plaidoyer pour plus de femmes dans les filières scientifiques

 

Le Sénégal va abriter, du 25 au 26 novembre prochains, la 2e édition du Forum Galien en Afrique. Une occasion, pour les chercheurs, de plancher sur quelques problématiques. Notamment celle de la présence des femmes dans les sciences à l’échelle du continent, qui ne représentent que 20 %.

 

Pendant deux jours, Dakar sera la capitale africaine de la santé et de l’innovation. Le Forum Galien Afrique, qui sera organisé du 25 au 26, accueillera des experts scientifiques, d’éminentes personnalités politiques et de la société civile. Cette rencontre va permettre aux chercheurs de débattre sur différents thèmes tels que le leadership des femmes dans les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (Stim). 

En conférence de presse hier, le coordonnateur du comité scientifique du Forum Galien, le professeur Ibrahima Seck, a fait savoir que des études témoignent de la notable présence et de l’épanouissement des femmes dans les domaines scientifiques, de l’innovation, de l’excellence technologique et de la croissance économique.

A l’heure actuelle, et malgré cette embellie, soutient-il, les femmes représentent plus de 50 % de la population africaine, mais leur nombre dans les Stim est inférieur à 20 %. Alors que, souligne le professeur en médecine publique, aujourd’hui, le développement passe forcément par l’utilisation des sciences de l’ingénierie, de la technologie, mais aussi des mathématiques. Il fait remarquer que si les femmes participent en général au développement, on n’a pas d’excellents résultats en termes d’innovation et de qualité. ‘’Il faut que l’Afrique fasse tout pour encourager les femmes vers les Stim’’.

Au cours de ce forum, les panélistes vont essayer de répondre à certaines questions : pourquoi ces femmes sont peu représentées ? Qu’est-ce qui fait qu’elles ne sont pas attirées par les sciences, Etc. ?

D’autres thèmes seront aussi abordés lors de cette rencontre. Le premier a trait au changement climatique induit par l’accroissement des gaz à effet de serre. Lequel entraine des répercussions sur la dégradation des sols précipitant ainsi la sécheresse, des inondations et l’apparition des maladies à transmission vectorielle, la malnutrition, les maladies diarrhéiques.

Le deuxième thème va porter sur les innovations technologiques. Car, souligne M. Seck, ces dernières ont fini de transformer les approches des maladies, surtout la manière de les diagnostiquer et de les traiter. ‘’Pour certaines tumeurs cérébrales, on n’a plus besoin de faire des craniotomies. Il suffit juste, à partir d’électron d’une vidéo, d’essayer d’aller jusqu’au niveau de la tumeur et de faire une chirurgie esthétique. Donc, il sera question de faire l’état des lieux en Afrique’’, explique le médecin.

Création d’une industrie pharmaceutique africaine

Il a été noté également que presque 90 % des médicaments que l’Afrique consomme sont importés. Ce qui fait que leur coût est très élevé.  En conséquence, il y a toujours des populations qui ont des difficultés d’accès à ces médicaments, alors que le continent recèle de potentialités en matières premières. Selon le professeur, en réalité, quand les patients se rendent au niveau des hôpitaux, ce n'est pas parce qu'il y a de bons médecins, ni parce qu'il y a de bons équipements ; c'est parce qu’ils espèrent y trouver le bon médicament. Alors que ces médicaments posent problème en termes d'accès.

‘’On s'est dit pourquoi ne pas stimuler, entre autres réponses, cette idée de créer une industrie pharmaceutique, puisque les médicaments sont, en réalité, développés à partir des matières premières. Ces matières premières, pour la plupart, existent en Afrique, mais ne sont pas exploitées. Elles sont exportées, transformées ailleurs en médicaments et revendues encore plus cher aux pays africains’’. A l’en croire, c’est aussi une opportunité pour mieux sensibiliser afin de voir si le continent a les capacités et les possibilités pour fabriquer lui-même des médicaments de qualité aux normes requises. ’’Mais attention ! Cela ne nécessite pas seulement d’avoir une industrie pharmaceutique ; il faut insister sur la qualité des produits qui seront développés et la qualification du personnel qui sera engagé’’, fait-il savoir. 

Autre thème à aborder : la tradithérapie. La médecine traditionnelle conserve une place très importante, dans le système de santé africain. Elle est beaucoup moins coûteuse que la médecine moderne, et des tradipraticiens se retrouvent jusque dans des zones reculées. Ce qui explique notamment le fait que les populations continuent d’y recourir régulièrement. Selon le professeur Ibrahima Seck, la médecine traditionnelle, dans les zones les plus reculées, en particulier, règle beaucoup de problèmes parce qu’elle est moins onéreuse. ‘’A côté de cette médecine moderne qui repose sur une technologie et une science au coût onéreux, on va essayer de voir comment allier médecine traditionnelle’’, suggère-t-il.

D’éminents spécialistes en la matière vont dégager les enjeux et les perspectives sur cette question. La couverture sanitaire universelle sera aussi au cœur des débats.

Golden Jubilé en 2020

De l’avis de la présidente du comité, la professeure Awa Marie Coll Seck, c’est aux Africains de définir les enjeux qui vont aider le continent. C’est pourquoi, lors de la réunion avec les partenaires, ils ont pensé à la médecine traditionnelle qui occupera une place ‘’très importante’’ dans cette rencontre. ‘’L’objectif est de permettre aux chercheurs africains d’échanger des contacts et de susciter des réflexions sur les enjeux qui nous interpellent’’.  

Cette année, le forum attend environ 300 participants pour les sessions techniques, et 1 000 participations pour d’autres activités. Ce sera l’occasion de lancer le jury du prix Galien Afrique où une vingtaine de personnes d’Europe, des Etats-Unis, d’Afrique et d’Asie seront choisies. Le Golden Jubilé va être également lancé à Dakar pour 2020. Selon Awa Marie Coll Seck, un déjeuner de travail sur les maladies tropicales négligées est prévu. ‘’On parle de ces pathologies au Sénégal depuis quelques années. Certaines ont disparu de notre pays, d’autres existent au niveau de toute l’Afrique. Donc, ce sera l’opportunité d’avoir un déjeuner de travail avec les étudiants pour pouvoir en discuter’’.

VIVIANE DIATTA

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