Publié le 15 Sep 2021 - 02:13
LUTTE CONTRE LE CORONAVIRUS

Le Sénégal n’est pas à l’abri d’une nouvelle vague 

 

Le Sénégal n’est pas épargné d’une nouvelle poussée épidémique. Cette précision vient du directeur général du Centre des opérations d’urgence sanitaire (Cous). Le docteur Alioune Badara Ly faisait l’évaluation de la pandémie dans le pays.

 

En seulement trois mois, la 3e vague avec son variant Delta a fait d’énormes ravages. Cette vague, qui a débuté globalement vers la mi-mai, mais qui s’est consolidée en juin 2021, a causé 31 484 cas de Covid-19 et 634 décès. Par rapport à la première vague, cette 3e vague a entrainé plus de 15 380 cas et plus de 6 161 cas par rapport à la 2e vague.

Mais depuis six semaines maintenant, notamment le 26 juillet, une baisse est constatée. Ce qui fait dire au directeur général du Centre des opérations d’urgence sanitaire (Cous) qu’il faut travailler sur la surveillance virologique qui est extrêmement importante.

Selon le docteur Alioune Badara Ly, qui faisait hier le point sur la situation épidémiologique de la Covid-19 depuis le 2 mars 2020 jusqu’au 31 août 2021, après la réunion du Comité national de gestion des épidémies (CNGE), ils sont en train de surveiller ce qui est en train de se passer dans le monde. ‘’On parle de nouveaux variants. Même s’ils ne sont pas pour le moment classés préoccupants, Nous devons faire en sorte que ces variants n’entrent pas dans le pays, en renforçant les points d’entrée. Nous devons anticiper sur toutes les situations qui peuvent survenir demain. Nous ne sommes pas à l’abri d’une nouvelle poussée épidémique. Il faut que les choses soient claires à ce niveau’’, précise-t-il.

A l’en croire, ils sont en train de faire l’évaluation de la riposte sur la 3e vague et anticiper sur la simulation de différents scénarii probables. Qui, souligne le Dr Ly, leur permettront d’identifier des mesures pratiques pour faire face à toute éventualité. Cela, soutient-il, puisque le pays va vers l’organisation de grands évènements religieux comme le Magal de Touba, le Gamou, mais aussi la réouverture des classes. Pour le docteur Alioune Badara Ly, cette situation dans laquelle l’on se trouve aujourd’hui montre une baisse globale de l’ensemble des indicateurs qu’ils suivent. Aussi bien le nombre de cas, les décès et les cas graves, les taux d’incidence, le taux de positivité chez les contacts. Une baisse, dit-il, consécutive au nombre de cas positifs depuis six semaines, passant de 5 639 cas à 273 cas la semaine dernière. ‘’Successivement, nous sommes passés de 5 639 cas le 26 juillet, à 42 cas la semaine du 2 août. Nous avons eu 2 842 cas la semaine du 9 août. Ensuite, 1 161 cas la semaine du 16 août à 738 cas la semaine du 23 août, à 474 cas la semaine du 30 août. La semaine dernière, on était à 273 cas. En ce qui concerne les cas graves, le nombre est passé successivement de 61 cas à 52 d’abord, puis à 42, ensuite à 32 cas graves. La semaine dernière, on avait 22 cas, soit une diminution de 10 cas. Ce qui représente, en matière de taux de diminution, 45,5 % entre les deux dernières semaines écoulées’’, renseigne le Dr Ly.

Quant aux décès, il déclare que la semaine du 6 septembre dernier, ils ont enregistré cinq décès, alors que la semaine d’avant, ils ont noté 48 décès. Ceci, fait-il savoir, représente une baisse pratiquement de deux fois le nombre de décès enregistré au cours de ces dernières semaines. Cependant, prévient-il, il ne faut pas crier victoire trop tôt, car le virus est encore parmi nous. ‘’Nous devons continuer et renforcer le respect des mesures barrières, notamment le lavage des mains, la distanciation physique et le port du masque. A côté de ces mesures de base qui sont le socle sur lequel devra s’appuyer toute stratégie de riposte, la vaccination devient un enjeu extrêmement important’’, conseille-t-il.

Une tendance non-baissière à Kolda

Selon le Dr Ly, toutes ces trois vagues sont caractérisées par des niveaux de transmission de plus en plus élevés. ‘’Mais fort heureusement de courte durée. Ceci traduisait une transmission beaucoup plus intense et probablement l’installation d’une immunité de groupe qui s’est installée plus rapidement, entre autres facteurs. L’analyse de l’évolution mensuelle des différentes vagues montre que la 1re vague a duré de mars à novembre 2020, soit 9 mois. Pendant cette période, 16 107 cas de Covid-19 et 333 décès ont été enregistrés. Pendant cette période, on n’a pas identifié de variants dits préoccupants parmi les quatre reconnus et signalés par l’OMS’’, explique-t-il.

Quant à la 2e vague qui a duré de décembre 2020 à mars 2021, soit six mois, elle a comptabilisé 25 326 cas de Covid-19 et 807 décès. Lors de cette vague, le variant Alpha a été identifié.

S’agissant des régions, le directeur général du Cous déclare que huit régions ont enregistré plus de 1 000 cas. Il s’agit de Dakar, qui reste largement l’épicentre de la maladie avec 48 511 cas, soit 66 % des cas, de Thiès avec 7 798 cas, soit 11 % des cas identifiés. Diourbel, Saint-Louis et Kaolack tournent autour de 3 % et 5 %.  Les régions de Ziguinchor, Louga et Fatick suivent avec respectivement 2,57 %, 2,31 % et 1, 95 %. Ces huit régions représentent 97,5 % de l’ensemble des cas qui ont été confirmés au niveau du Sénégal. ‘’Quand on regarde aussi l’évolution récente de la pandémie au niveau de ces régions, au cours des dernières semaines, nous constatons que Dakar a aujourd’hui huit semaines de baisse consécutive. Les régions de Thiès et de Ziguinchor sont à six semaines de baisse. Les régions de Saint-Louis et de Diourbel sont à leur cinquième semaine, Kaolack et Sédhiou sont à leur deuxième baisse consécutive. La région de Fatick, comme Kaffrine, est à sa première semaine de baisse consécutive des nouveaux cas’’, relève-t-il.  

Avant de préciser que quelques régions restent malgré tout dans des situations de non-baisse, avec de légères hausses, mais pas significatives. Il s’agit de Kolda qui connait depuis quelques semaines une hausse du nombre de cas. ‘’C’est une région qu’il nous faut surveiller. A côté, il y a les régions de Louga, de Matam, de Kédougou et de Tambacounda qui ne sont pas encore dans une tendance baissière forte. Elles connaissent aussi des hausses qui ne sont pas significatives’’.

VIVIANE DIATTA

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