Publié le 30 Mar 2018 - 12:19
MASSAMBA MBAYE (CRITIQUE D’ART)

‘’Il existe un marché de l’art au Sénégal’’

 

Le journaliste et critique d’art Massamba Mbaye a animé, avant-hier, une conférence organisée par l’Association internationale des critiques d’art (Aica) en partenariat avec la Galerie nationale. Il a tenté, au cours de son exposé, de démontrer, contrairement à ce que beaucoup soutiennent, qu’il existe un marché de l’art au Sénégal.

 

Au cours de bien de rencontres ou de conférences, des professionnels ont soutenu qu’il n’existait pas un marché de l’art au Sénégal. Une certitude que ne partage pas le journaliste et critique d’art Massamba Mbaye. Il animait, avant-hier mercredi, la 3e conférence de l’Association internationale des critiques d’art, section Sénégal (Aica), organisée en partenariat avec la Galerie nationale qui accueillait, à cet effet, la rencontre.

‘’Stratégies de valorisation sur le marché des artistes plasticiens sénégalais : forces et faiblesses’’, était la thématique principale de son exposé. Partant de faits historiques, il a défini l’environnement économique dans lequel baignent les arts plastiques au Sénégal. Ensuite, il s’est intéressé à la notion de marché. C’est dans ce sens qu’il a développé l’idée selon laquelle, pour avoir un marché, il faut une offre diversifiée, une demande qualifiée et un besoin spécifique. Trois caractéristiques que l’on retrouve au Sénégal. Il y a une production variée, des gens qui achètent, donc une demande relativement solvable. Ce qui lui fait donc dire ‘’qu’il y a bel et bien un marché de l’art au Sénégal’’. Même si certains, dans la salle, n’étaient pas convaincus, soutenant qu’il y a un ‘’embryon de marché’’, mais pas de marché en tant que tel.

Idée que réfute naturellement le conférencier, mais aussi le président de l’Aica, M. Sylla. ‘’Le marché de l’art existe, il est juste informel’’.

Convaincu de sa thèse, Massamba Mbaye s’est évertué, lors de cette conférence, à relever les forces et faiblesses de ce marché. Ainsi, certains plasticiens ne savent pas se réinventer. Ce qui ne participe pas à la diversification du marché. ‘’Des fois, on se retrouve dans une uniformisation. Par exemple, il peut arriver des moments où, parce qu’une technique est à la mode, tous les artistes s’y mettent. Un artiste doit faire ce en quoi il croit et non pas suivre la tendance’’, a-t-il signalé. 

D’autres, comme l’avait d’ailleurs souligné le critique d’art Sylvain Sankalé, lors d’une conférence qu’il animait à la Maison de la culture Douta Seck, dès qu’ils trouvent un filon, s’y complaisent. ‘’Ils ne changent pas de techniques, donc ne font pas évoluer leur travail. Beaucoup d’artistes travaillent également de manière informelle. Beaucoup ne paient pas d’impôts et refusent souvent de communiquer leurs recettes annuelles ou même mensuelles, de peur d’avoir le fisc à leurs trousses. Ils n’ont ni attaché de presse ni même de carte de visite. Ils ne communiquent que lors de leurs exhibitions. Peu d’entre eux sont présents sur les sites de vente en ligne. Ceux qui arrivent à vendre ici tout de même ont des prix adaptés au marché. Le Sénégal compte des artistes relativement dynamiques, ce qui lui assure très souvent une production diversifiée’’,  croit savoir M. Sankalé.

BIGUE BOB

 

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