Publié le 22 Dec 2020 - 18:55
NON-CIRCULATION DE LA VRAIE MONNAIE ECO

Le sabotage de la France vilipendé

 

Des organisations nationales et internationales ont lancé une pétition pour dénoncer le sabotage de la France de la décision africaine de mettre fin au colonialisme monétaire. Les signataires du document fustigent le retard de la circulation de la vraie monnaie Eco, en remplacement du franc CFA, annoncée depuis décembre 2019.

 
 
Le remplacement de la monnaie coloniale, le FCFA, en circulation depuis 46 ans par l’Eco, par une monnaie unique de la CEDEAO, est toujours attendu par les pays membres de la communauté. Hier, des organisations comme les Forces démocratiques du Sénégal (FDS), le Forum social sénégalais (FSS), le Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine (Frapp), la Ligue démocratique/Debout (LD/Debout), Pastef/Les patriotes, Yoonu Askan Wi/Mouvement pour l’autonomie populaire (Yaw)… ont lancé une pétition pour exiger la fin de l’accord de coopération monétaire entre la France et les pays africains.
 
Les signataires du document, à travers ce retard, condamnent ainsi sans réserve le complot de la France d’Emmanuel Macron visant à saboter, à leurs yeux, la décision africaine de mettre fin au colonialisme monétaire, financier et bancaire qu’elle impose aux pays africains. ‘’C’est, en effet, à travers les larmes et le sang que les populations africaines de 15 pays (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Congo, Côte d’Ivoire, Comores, Gabon, Guinée-Bissau, Guinée équatoriale, Mali, Niger, Sénégal, Tchad, Togo) ont été artificiellement séparées et dont les monnaies sont inconvertibles de l’une à l’autre et sont arrimées à l’euro, ce qui plombe nos revenus commerciaux et nos capacités d’épargne’’, regrettent Guy Marius Sagna et ses compagnons.
 
Des modifications de façade
 
A leurs yeux, cette reculade est le fruit de la mobilisation anti-impérialiste de toutes celles et ceux qui se sont battus pendant des décennies pour l’abolition de la monnaie coloniale et qui ont donc contraint la France et ses affidés à annoncer précipitamment la ‘’fin du franc CFA’’. Une ‘’fin’’ qui se traduit, d’après leur analyse, par un changement de dénomination de la monnaie franc CFA en Eco, ainsi que la centralisation des réserves de change des États de l’UEMOA auprès du Trésor français et le départ des représentants de la France du Conseil d’administration de la BCEAO. En effet, le président français Emmanuel Macron et son homologue ivoirien Alassane Ouattara ont annoncé la réforme du franc CFA, le 21 décembre 2019, pour donner naissance à une monnaie dénommée aussi ECO.
 
Seulement, renseignent les signataires de la pétition, les changements annoncés, en décembre dernier, par les présidents Macron et Ouattara n’ont jusque-là pas fait l’objet d’une approbation parlementaire africaine. Ce qui fait d’ailleurs dire à Guy Marius Sagna et Cie qu’il ne s’agit que des modifications de façade approuvées en urgence par les institutions françaises.
 
Les membres de ces différentes organisations pensent, par conséquent, que le processus initié par la France est ‘’anti-démocratique, anti-populaire et exclut les peuples, les sociétés civiles, les patronats et les parlements africains’’ d’une décision qui les concerne au premier chef.
 
‘’L’accord monétaire avec la France a été renouvelé, alors que nous exigeons la fin de l’occupation monétaire française. Nous demandons que la France sorte de la gestion de nos politiques monétaires par la fin de l’accord entre nos pays et la France. Le maintien de la parité fixe entre cet Eco-Macron et l’euro est une préférence commerciale accordée à l’Union européenne et à la France. Cette parité fixe vise, en outre, à éliminer le risque de change pour les investisseurs européens et français en particulier’’, dénoncent-ils.
 
‘’Présidents préfets de la France’’
 
Pire, les signataires du document sont d’avis que le choix, par ‘’la France et ses valets de la dénomination Eco, qui a été volée à la CEDEAO’’, révèle l’intention française de torpiller le projet de la monnaie CEDEAO, afin d’étendre le franc CFA à d’autres pays africains avec une nouvelle dénomination Eco. ‘’Il est grand temps que nos chefs d’État cessent d’être les préfets de la France, pendant que nos économies continuent d’être pillées outrageusement à travers l’onction d’une monnaie, paravent du vol et de l’appauvrissement continu de nos populations. Tant qu’il en sera ainsi, le développement ou même la chimère de l’émergence resteront une illusion’’.  
 
Les organisations signataires de la pétition n’ont pas manqué de fustiger ‘’la parodie de mise à mort du franc CFA néocolonial’’ et d’exiger, par la même occasion, la fin de l’accord de coopération monétaire entre la France et les pays africains. ‘’Nous invitons tous les Africains, toutes les organisations progressistes à se mobiliser contre la présence monétaire française en Afrique et à faire barrage en Afrique et dans la diaspora à cette nouvelle tromperie monétaire. Nous exigeons aussi l’organisation de débats nationaux et de référendums nationaux, démocratiques et sincères sur la monnaie’’.  
 
HABIBATOU TRAORE

 

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