Publié le 1 Jan 2013 - 07:53
RÉTRO – CULTURE

 2012, le Sénégal des arts en ébullition

 

L’année 2012 est un grand cru pour la Culture sénégalaise en ce sens qu’elle a vu s’y dérouler des changements profonds et durables, que ce soit dans les secteurs du cinéma, de la littérature, de la musique ou des arts… Rétrospective.

 

 

Pas d’année blanche, en 2012, pour la Culture sénégalaise ! Dans leur ensemble, les acteurs du secteur ont été très productifs, mais avec des fortunes diverses… Cela donnant des résultats parfois bluffant, parfois inattendus.

 

La musique sort de sa zone de confort

 

Fini, le temps ou les musiciens se contentaient de pousser la chansonnette ! Cette année, ils ont été sur tous les fronts… Celui de la politique, d’abord, avec le rôle essentiel joué par les hip-hopers du Rap Galsen dans le mouvement du 23 juin, lors des événements de la Place de l’indépendance, pendant l'élection présidentielle, bref… dans le changement de régime. Celui du social, ensuite, avec l’implication, tous styles musicaux confondus, des chanteurs et instrumentistes sénégalais pendant la période des pluies, avec l’aide qui a été apportée aux sinistrés des inondations. On se rappelle les concerts caritatifs de «4 ténors», au Grand Théâtre, ou encore du stade Iba Mar Diop, avec Coumba Gawlo et compagnie. Celui de l’innovation, enfin, avec énormément de sorties d’album, notamment de la part d’artistes connus pour ne pas régulièrement mettre d’opus sur le marché (comprenez, «pas chaque année») : Baba Hamdy, Matador, Awadi, Simon, Fou Malade, Viviane Chédid, Aïda Samb (qui défend ce soir ses chances aux Kora Awards)… Nos artistes n’ont pas chômé !

 

La croisée des chemins artistiques

 

Exit le gigantisme, les temps sont, pour nos gouvernants, à la praticité : avec la nomination de Youssou Ndour, un artiste, à la tête du ministère de la Culture, le gouvernement de Macky Sall a montré sa volonté de laisser derrière lui les débats aériens pour s’occuper de préoccupations plus proches des acteurs du secteur. Une prise de position de l’État renforcée par l’abandon du projet des «7 merveilles» de Dakar, un chantier pourtant porté à bout de bras par le président de la République sortant, Me Abdoulaye Wade. Mieux encore, la récente enveloppe (de 320 millions de francs Cfa) affectée, lors de la session budgétaire du début du mois, à l’entretien du Monument de Renaissance avait provoqué un tollé à l’Assemblée nationale… Sans parler du changement, très récent, à la Direction du Grand Théâtre de Dakar ; Keyssi Bousso remplaçant par voie de décret présidentiel le Dr Youma Fall.

 

Un cinéma national partagé entre deuil et gloire

 

On ne sait pas trop s’il faut rire ou pleurer, en 2012, sur le compte du cinéma national sénégalais. D’un côté, il y a l’immense douleur d’avoir perdu des figures emblématiques de la trempe de Thierno Ndiaye Doss, Mouss diouf ou encore de la comédienne saint-louisienne, Mame Sèye Diop.

Mais d'un autre côté, il y a la fierté toute aussi grande d’avoir, dans les rangs de nos cinéastes, des hommes comme Moussa Touré et Alain Gomis qui, pour la toute première fois, permettent au Sénégal de marquer un doublé aux Journées cinématographiques de Carthage, en Tunisie.

Sans oublier la réjuvénation du secteur avec l’avènement de nouveaux cinéastes (Les Cinégalais, par exemple), le dynamisme de nos festivals locaux (Festival Image et Vie, Festival du Film de Mariage, l’hommage national rendu à Soumano Vieyra), le boom d’audience des productions télévisuelles («Un café avec», «Père bou Xar», «Nadité Yi»), etc. Enfin, n’oublions pas la récente signature, par le ministre Abdoul Aziz Mbaye, de la convention relative aux travaux de réhabilitation des locaux de l’ex-service d’Hygiène de Dakar, affecté à la Direction de la cinématographie… Les cinéastes sénégalais ont encore de beaux jours derrière leurs caméras.

 

Le monde des Arts sort de sa léthargie

 

Même si, cette année encore, l’édition de la Biennale de Dakar a été ce qu’elle a été..., c’est-à-dire rien de nouveau…, force est de constater que les plasticiens n’attendent plus qu’on leur serve une vitrine sur un plateau et vont désormais eux-mêmes à la rencontre du public. En témoignent le foisonnement d’événements artistiques d’envergures diverses à travers la capitale tout le long de l'année 2012 : l’«AfroPixel Festival», l’exposition Récidive à l’Ifan, la double exposition Dapper à l’île de Gorée, l’exposition pédagogique organisée par l’École nationale des arts (ENA) à la Galerie nationale, etc. Ces exemples, variés, sont autant d’illustrations qui montrent que les talents artistiques du Sénégal se trouvent aujourd’hui, plus que jamais, dans une logique proactive.

 

Des livres à foison

 

Felwine Sarr, Ibou Fall, Mamadou Niang, El Hadj Mbara Sène ou encore Vieux Savané et Makébé Sarr sont autant d’auteurs, parmi des dizaines d’autres, qui nous ont régalés, «livresquement» parlant, avec la parution ou la présentation de leurs opus en 2012. Tous ceux-là ne sont que l’arbre qui cache la forêt, puisque plusieurs dizaines de livres ont été édités cette année et un nombre important de rencontres s’est tenu, notamment au West african research center (WARC) et à la librairie Athéna de Dakar… Un bel exemple que devrait, néanmoins, suivre le secteur public surtout que la Direction du livre et de la lecture (ministère de la Culture) a, cette année encore, brillé par son absence de la scène littéraire.

 

SOPHIANE BENGELOUN

 

 

 

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