Publié le 7 Dec 2020 - 18:55
RESTRICTIONS CONTRE SOKHNA AIDA DIALLO, VEUVE BETHIO THIOUNE

Ses avocats pestent contre la gendarmerie

 

Sokhna Aida Diallo et ses coépouses Sokhna Bator Thiam et Sokhna Adja Saliou devaient recevoir, samedi dernier, certains de leurs disciples dans leur résidence de Saly. Pour éviter une énième intervention de la gendarmerie, ses avocats ont saisi le haut-commandant de la gendarmerie et fait le procès de l’interventionnisme des pandores.

 

Dans une lettre, Mes Khoureyssi Ba et Mouhamadou Bamba Cissé, conseils d’Aida Diallo, Bator Thiam et Déthié Pène, ont saisi le haut-commandant de la Gendarmerie nationale et directeur de la Justice militaire, pour attirer son attention sur la situation qui prévaut dans la résidence de feu Cheikh Béthio Thioune, sise à Médinatoul Salam. ‘’La brigade de gendarmerie nationale de la localité se singularise par des interventions récurrentes ayant pour conséquence de porter atteinte délibérément à des libertés constitutionnelles telles que la liberté de célébrer le culte de son choix, le droit inaliénable de propriété ainsi que le caractère sacré de l’inviolabilité du domicile’’, lit-on dans la missive dont ‘’EnQuête’’ détient une copie.

Les robes noires prévenaient ainsi l’autorité, parce que leurs clientes devaient recevoir la visite de certains de leurs disciples, le samedi 5 décembre dernier. Ils ont assuré que toutes les dispositions étaient prises pour que tout se passe bien. De ce fait, les avocats ont invité la maréchaussée que leur devise ‘’’Pro Lege Pro Patria’ est une invite au respect de la primauté de la règle de droit, à prévenir les hommes placés sous votre (haut-commandant de la gendarmerie) haute autorité dans le département de Mbour contre toute tentation de velléité, de rompre avec les principes de stricte neutralité et d’observation de l’équidistance’’.

Les avocats informent, en outre, que les ‘’interventions intempestives’’, notées souvent ‘’sont à la requête d’individus n’ayant du reste aucune qualité à agir, faute d’établissement, à ce jour, d’un jugement d’hérédité arrêtant de façon définitive la liste des personnes aptes à succéder à feu Cheikh Bethio Thioune’’. Ces dames préviennent qu’elles comptent, le 17 avril 2021, célébrer une cérémonie annuelle que tenait le défunt cheikh, marquant sa rencontre avec Serigne Saliou Mbacké.

Magal célébré dans des conditions ‘’surréalistes’’

‘’Après avoir été injustement privées de la célébration du Magal dans la ville de Touba, puis sur la voie publique de leur localité Medinatoul Salam, madame Sokhna Aida Diallo et ses coépouses et sœurs Bator Thiam et Dethié Pène dite Adja Saliou avaient été contraintes de célébrer le Magal dans la vie de tout disciple de Cheikh Ahmadou Bamba, à l’intérieur même de leur résidence, non sans certaines restrictions’’, regrettent les avocats. Qui se désolent également qu’elles aient été soumises à l’obligation de célébrer cette cérémonie importante pour tous les mourides dans des conditions ‘’surréalistes’’.

Les avocats rappellent avoir usé des recours qui s’offraient à eux. Ainsi, l’on se rappelle qu’ils avaient saisi le ministre de l’Intérieur d’une requête aux fins de recours hiérarchique contre un arrêté préfectoral.

En effet, dans une lettre adressée au préfet de Mbour datée du 2 octobre dernier, Sokhna Aida Diallo l’informait de la tenue, à son domicile, le 6 octobre, du Magal à Médinatoul Salam. En réponse à cette demande, ‘’l’autorité administrative lui a opposé un refus, motif pris, selon elle, de l’impératif de «préserver l’ordre et la quiétude publique»‘’, lit-on dans la note.

‘’Chemin faisant, l’autorité administrative s’est adjugé le pouvoir d’encadrer la célébration du culte de madame Aida Diallo, même à l’intérieur de son domicile, en prescrivant, entre autres mesures restrictives, le bannissement de toute forme «de sonorisation, tam-tam ou musique» dans sa concession à Médinatoul Salam. Que manifestement, un tel acte, au-delà de son illégalité, est en lui-même porteur de multiples vices rédhibitoires qui affectent sérieusement sa validité par une atteinte grave aux règles qui gouvernent la matière administrative’’, regrettent le duo d’avocats.

Il ajoute que ‘’l’autorité administrative s’est, en effet, méprise sur le sens et la portée de ses pouvoirs, en prescrivant des mesures attentatoires à l’intimité de la vie privée, à la règle de la non-discrimination, l’inviolabilité du domicile, la liberté de culte, ainsi que l’égalité de tous devant la loi, entre autres principes à valeur constitutionnelle’’.

Par ailleurs, il se désole que cette mesure d’interdiction et (ou) de restriction n’a concerné que Sokhna Aida Diallo, ‘’au moment où tous les autres Sénégalais d’obédience mouride célébraient tranquillement leur culte, à l’occasion du grand Magal de Touba’’.

C’est pour cela qu’il relève son ‘’caractère aberrant qui fait d’ailleurs qu’elle ne peut être rattachée à l’exercice d’aucune fonction administrative au point de constituer un acte détachable qui oscille entre l’abus d’autorité et la voie de fait’’.

Eu égard à cela, Mes Cissé et Bâ avaient demandé le retrait ou l’annulation ‘’pure et simple de cet acte administratif référencé 0011226 /DMB/P en date du 4 octobre 2020, dans le cadre du délai du recours pour excès de pouvoir, conformément aux dispositions pertinentes de l’article 74-1 de la loi organique n°2017-09 du 17 janvier 2017‘’.

BIGUE BOB

 

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