Des écoles primaires sous haute tension

Une cartographie inédite menée par la Cosydep révèle la vulnérabilité de centaines d’écoles primaires face aux risques d’inondation dans les régions de Dakar, Kaolack et Saint-Louis. Entre quartiers basses, cuvettes et urbanisation rapide, l’étude met en lumière l’urgence d’une action coordonnée pour protéger élèves, enseignants et infrastructures scolaires.
La cartographie du niveau d’exposition aux risques d'inondation des écoles primaires a été réalisée dans le cadre de la « Nouvelle Initiative pour la Transformation Humaniste de l'Éducation » menée par la Cosydep. « L’une des réalités les plus critiques révélées par les contributions citoyennes et les études de terrain concerne l’exposition accrue de nombreuses écoles aux aléas climatiques, en particulier les inondations », a-t-elle indiqué. D’après elle, cette vulnérabilité n’est pas seulement environnementale : « elle constitue un révélateur brutal des inégalités d’accès à une éducation sécurisée, continue et équitable ».
La cartographie est conduite dans trois zones prioritaires : la région de Dakar et les départements de Kaolack et de Saint-Louis. Elle documente de façon précise les impacts multiformes de ces inondations sur le fonctionnement scolaire, la qualité des apprentissages et la capacité de résilience du système. « L'étude, basée sur l'analyse de 683 établissements scolaires, met en évidence une vulnérabilité significative et géographiquement concentrée face aux risques d'inondation », a soutenu la Cosydep. D’après le document, si la majorité des établissements (65,0 %) sont en zone à faible risque, une vulnérabilité significative existe, avec 27,0 % des écoles situées en zones à risque modéré ou élevé. La vulnérabilité varie considérablement d'une région à l'autre.
Saint-Louis : exposition localisée mais sévère
Le document indique que les établissements situés en bordure du fleuve Sénégal ou dans les zones basses (ex. Goxu Mbacc, Pikine, Sor Diagne) subissent les effets conjoints des pluies, des crues et de la remontée de la nappe phréatique. La cartographie révèle aussi que certaines écoles hors des périmètres historiquement recensés comme à risque sont néanmoins régulièrement affectées, soulignant la nécessité d’une mise à jour des diagnostics territoriaux. « Pour cette étude, Saint-Louis est la plus vulnérable, avec près de la moitié de ses écoles (46,8 %) classées en catégories à haut ou très haut risque », lit-on dans le document.
Kaolack : vulnérabilités topographiques ponctuelles
Selon l’étude, les établissements les plus exposés sont concentrés dans les zones de cuvette, les abords des axes hydrauliques et certains quartiers périphériques. « Le caractère récurrent des sinistres y est moins marqué qu’à Dakar ou à Saint-Louis, mais les effets ponctuels peuvent être très sévères (retards prolongés de la rentrée, dégradation de locaux, transferts d’élèves…) », a-t-on expliqué. Pour cette étude, Kaolack est la deuxième région la plus touchée, avec un tiers de ses écoles (33,5 %) en zone à haut risque. Elle présente la plus forte concentration d'écoles à très haut risque.
Dakar : un risque multifactoriel aggravé
L’on souligne que l’urbanisation rapide, l’imperméabilisation des sols et les faiblesses du réseau d’assainissement rendent plusieurs zones particulièrement vulnérables. Il est aussi relevé que les quartiers de Thiaroye, Keur Massar, Cambérène ou Pikine enregistrent des cas fréquents d’inondation affectant les établissements scolaires, tant en saison des pluies qu’en saison sèche. La carte révèle également des disparités très fines : des écoles voisines peuvent présenter des profils de risque radicalement différents selon leur élévation, les aménagements autour ou la gestion communautaire des eaux pluviales. Pour cette étude, « Dakar a la plus faible proportion d'écoles à haut risque (17,4 %) ».
Ainsi, l'analyse révèle « une répartition inégale des niveaux de risque entre les régions de Dakar, Kaolack et Saint-Louis, avec une forte concentration d'écoles à haut risque dans les deux dernières ». D’après la Cosydep, ce rapport fournit un diagnostic précis de l'exposition des écoles aux risques d'inondation, permettant ainsi de formuler des recommandations stratégiques basées sur des données quantitatives pour une meilleure planification et une gestion plus efficace des risques.
Elle note que cette cartographie des risques d'inondation en milieu scolaire met en évidence l'urgence d'une action concertée et durable : « La situation requiert une approche intégrée, combinant mesures techniques et renforcement des capacités locales. La réussite des interventions dépendra largement de la mobilisation effective de tous les acteurs concernés et de la mise en place de mécanismes de coordination efficaces », a soutenu la Cosydep.