Publié le 19 Sep 2022 - 16:33
MATAM

Comment Me Moussa Bocar Thiam est devenu ministre 

 

Maitre Malick Sall saute et c’est Me Moussa Bocar Thiam qui le remplace au sein du gouvernement. C’est une première pour la commune de Ourossogui qui aura attendu la nomination d’Amadou Ba comme Premier ministre, pour avoir droit de cité au Conseil des ministres. De porte-parole adjoint du PS, en 2019, il a pris l’ascenseur pour se retrouver aux premières loges de l’APR, grâce à l’inévitable Farba Ngom.

 

Le tout-puissant coordinateur départemental de BBY à Matam, Farba Ngom, a trouvé son acolyte, en la personne du jeune maire de Ourossogui, Me Moussa Bocar Thiam, pour asseoir davantage sa mainmise dans le département de Matam. Les deux hommes dirigent d’une main de maître les destinées de la coalition présidée par Macky Sall. La proximité entre le maire des Agnams et celui de Ourossogui ne fait plus l’ombre d’un doute. Et le jeune maire de la ville carrefour a pris du galon au sein de la coalition BBY. Il est devenu l’un des hommes politiques les plus proches du député Farba Ngom, si ce n’est le plus proche.

La campagne électorale pour les Législatives a raffermi leurs liens. Les deux hommes ne se sont presque jamais quittés. Lors du meeting de clôture de BBY, dans la capitale régionale, le présidium était rempli à 18 h, tous les leaders politiques avaient déjà pris place sauf le chef de la troupe, Farba Ngom et Me Moussa Bocar Thiam. Ils sont arrivés ensemble, s’offrant un bain de foule, avant de regagner triomphalement leurs sièges, aux premières loges.

Pour ce meeting de clôture retransmis en direct sur plusieurs chaînes de télévision, le choix des orateurs fut ultra sélectif. Mamadou Mory Diaw, le maire hôte et candidat départemental de Benno, et Khalilou Wagué de Bokidiawe, en sa qualité de suppléant sur la liste départementale, avaient parlé. Les autres avaient été invités à garder le silence, sauf Me Moussa Bocar Thiam. Ce choix renseignait sur la nouvelle dimension de l’agent judiciaire de l’État. Les autres leaders, dont des militants de la première heure de l’APR, avaient subi ce ‘’favoritisme’’ sans laisser transparaître la moindre frustration.

Moussa Bocar, une ascension fulgurante

À Matam, avec la fronde menée par Me Malick Sall, Farba Ngom a perdu un des responsables politiques les plus généreux. Le ministre de la Justice faisait partie des premiers à mettre la main à la poche, lorsqu’un événement politique se préparait dans le département. Il dégainait vite, mais surtout, il mettait sur la table des sommes que seul Farba Ngom dépassait. Depuis son retrait, Farba Ngom était presque orphelin d’un Crésus qui avait le cœur sur la main, qui dépensait pour Macky Sall sans compter. Finalement, la lueur est apparue avec la nomination de Me Moussa Bocar Thiam au juteux poste d’agent judiciaire. Et à peine quelques mois plus tard, il hérite d’un portefeuille ministériel.

Le maire de Ourossogui est devenu un géant, aux yeux de ses pairs. Sa force de frappe financière semble illimitée, au point de devenir l’un des véritables bailleurs du BBY dans le département de Matam. La campagne électorale qu’il a menée, lors des élections locales, était du 2.0 en termes de moyens. En dépit des critiques dont il faisait l’objet de la part de ses adversaires tels que Me Sally Mamadou Thiam de l’UCS, Abdoulaye Ba et Siré Mamoudou Dia, entre autres, il finit par trouver un compromis pour les faire intégrer son camp. L’équipe qu’il a construite autour de sa personne lui permit de rempiler à la tête de la mairie.

Aux dernières Législatives, avec le concours de son mentor Farba Ngom, Me Moussa Bocar réussit à faire revenir les auteurs de la liste parallèle ‘’à la maison’’. Samba Siré Dia, le rebelle, a accepté de se ranger derrière l’agent judiciaire, ‘’sous certaines conditions’’. Aujourd’hui, le leadership du maire n’est plus contesté par les responsables de la mouvance présidentielle à Ourossogui affiliés au camp de Farba.

Jalousie et frustration

Depuis, Farba Ngom couve son protégé de Ourossogui qui, en retour, fait montre d’une rare témérité pour défendre Macky Sall. Cette ascension fulgurante aux dépens des militants de la première heure génère une certaine jalousie au sein de la coalition Benno. Désormais, Me Moussa Bocar Thiam voit grand, il est jeune et il veut se tracer un destin majuscule avec la complicité de Farba. Il veut aller titiller les sommets, avec le ‘’grand peuple’’.

Moussa Bocar a indéniablement une trajectoire hors du commun. En un temps record, il a réussi à se frayer un boulevard dans le parti, devant un parterre de barons de l’APR. Là où les premiers souteneurs de Macky Sall, lors de sa longue période de traversée du désert, peinent à s’approcher du palais, le maire de Ourossogui vient d’être nommé ministre de la Communication. Une ascension fulgurante qui fait grincer des dents en interne.

En effet, certains responsables se demandent comment quelqu'un qui était, jusqu’en avril 2019, dans une autre formation politique - le Parti socialiste - a pu être porté si haut, au détriment de ceux qui étaient là au tout début. Une forme d’injustice qui serait à l’origine de la léthargie politique de beaucoup de leaders. Ils sont légion, ces leaders de l’APR, dans la région de Matam, à avoir gelé en catimini leurs activités politiques, parce que frustrés par l’absence de reconnaissance.

‘’Je ne me fatigue plus pour le parti. Il n’y a aucune forme de reconnaissance. Le président Macky Sall préfère valoriser les transhumants qui viennent brouter, lorsque la prairie est verte, plutôt que de faire la promotion de ceux qui étaient présents dans les moments les plus durs. Je n’ai pas claqué la porte du parti, mais, je ne me tue plus pour sa cause’’, confesse un responsable, membre fondateur de l’APR.

L’actuel maire de la commune de Nguidjilone, Samba Leldo Seck, Almamy Bocoum, le maire de Orefondé, Amadou Yero Ba, entre autres responsables attendent toujours une reconnaissance du président Macky pour les bons et loyaux services rendus.

Pour l’heure, c’est le nouvel arrivant, Me Moussa Bocar Thiam, qui est appelé aux premières loges des hommes aux grandes responsabilités du régime en place. Il siégera tous les mercredis à la table du Conseil des ministres, à défaut de voir et de parler régulièrement avec le président de la République Macky Sall.

DJIBRIL BA (MATAM)

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