Publié le 2 Nov 2019 - 02:28
3e EDITION DES ATELIERS DE LA PENSEE

Entre basculement des mondes et dévulnérabilisation

 

C’est parti pour la 3e édition des Ateliers de la pensée. Elle s’est ouverte hier matin au Musée des civilisations et se poursuit jusqu’au 3 novembre.

Après 2016 et 2017, les Ateliers de la pensée reviennent. La troisième édition est ouverte hier au Musée des civilisations noires et a refusé du monde. ‘’Cette année, on a décidé de réfléchir ensemble autour de deux grandes problématiques : les pratiques de dévulnérabilisation et le basculement des mondes’’, annonçait, à l’ouverture, l’un des initiateurs de cette plateforme, Felwine Sarr.

‘’La terre où nous habitons a atteint ses limites planétaires (…) Ces dernières se font sentir du point de vue des ressources naturelles, notamment des énergies fossiles, de l’eau, des métaux, mais aussi du point de vue des transformations, de la biosphère, la destruction d’écosystèmes complexes, bref le dérèglement climatique. Nous nous trouvons à un moment critique de la planète. L’horizon se rétrécit, les perspectives d’avenir sont réduites pour beaucoup’’, a expliqué l’autre initiateur des Ateliers de la pensée, Achille Mbembé, concernant le choix de la thématique sur le basculement des mondes.  

Pour le second, M. Sarr a expliqué qu’en Afrique, ‘’au Nord comme au Sud, beaucoup trop de groupes humains ou de classes de populations sont victimes de formes insidieuses d’abandon. Laissés sans protection et de plus en plus exposés à des risques accrus, ils font l’expérience de multiples vulnérabilités’’. 

Il est prévu, pour la présente édition, la participation de beaucoup d’intellectuels du continent et de la diaspora qui apporteront leurs contributions pendant les ‘’soirées de la pensées’’ qui seront reçues par l’Institut culturel de Dakar ou encore pendant les panels.

A l’ouverture, était présente la femme politique française Christiane Taubira. Il est également attendu la participation de Rama Yade, de Lilian Thuram, de l'artiste Kader Attia, de Rodney Saint-Éloi, de Rokia Traoré qui donnera un concert, du scénariste burkinabé Étienne Minigou et de l'acteur rwandais Dorcy Rogamba ainsi que le photographe Sammy Balloji et la cinéaste Mati Diop, primée à Cannes pour son film ‘’Atlantique’’. Elle fera d’ailleurs partie des animateurs du premier panel de ce jour.

La liste des participants est très variée, parce que, comme l’a dit Felwine Sarr, ‘’la programmation est transdisciplinaire. Pour nous, la pensée ne se limite pas à la production de textes théoriques ou philosophiques. Elle inclue une multiplicité de gestes qui peuvent être discursifs ou non. Elle inclue une multiplicité de champs, de styles allant des corpus littéraires à l’architecture, à la photographie, à la musique, à la danse, etc.’’.

En outre, il affirme que ‘’le premier axe de l’édition de cette année analysera ces situations, leurs paradoxes et leurs déterminants. Le deuxième axe sera consacré à l’exploration de ces basculements’’. 

L’édition 2019 des Ateliers de la pensée s’inscrivent ainsi dans la continuité des précédentes. En effet, au début était la recherche d’une plateforme d’une pensée critique. ‘’En octobre 2016, s’est tenue la 1re édition des Ateliers de la pensée à Dakar et à Saint-Louis. Il s’agissait, pour nous, de reprendre les initiatives de la pensée sur notre destin, donc nos présents et nos futurs, de repenser le devenir de notre Afrique qui est au cœur des transformations du monde’’, a expliqué l’auteur d’’’Afrotopia’’.

‘’Il était important, pour nous, de créer une plateforme pour reprendre l’initiative d’un point de vue théorique et proposer un regard pluriel sur les réalités du continent africain. Il était important, pour nous, de proposer de nouveaux cadres d’analyse qui soient innovants’’, a-t-il indiqué. Aussi, ‘’on avait senti le besoin d’avoir une intelligence neuve, la nécessité de renouveler l’intelligibilité’’, a-t-il ajouté.

C’est ainsi qu’est née cette plateforme qui favorise l’énonciation plurielle. Tout cela parce que ‘’la tâche essentielle qui est de penser, de se penser, de lire, d’écrire, de déchiffrer, de décrypter le réel, nous ne pouvions pas la déléguer à d’autres, bien qu’elle incombe aussi à qui veut. Mais il était important, pour nous, de la reprendre à notre compte’’, a fait savoir Felwine Sarr. Par conséquent, ‘’le projet, au début, était de relancer une pensée critique qui est confiante avec sa parole, à l’aise avec toutes les archives de l’humanité, donc avec celles africaines et qui était en mesure d’ouvrir des chemins nouveaux à la hauteur des défis de notre temps’’, a expliqué M. Sarr. 

Donc, ce n’était pas seulement pour relancer la pensée critique, mais surtout pour faire rencontrer des humanités. Lui et Achille Mbembé sont d’avis que ‘’la pensée est un préalable à l’action éclairée. Elle n’est pas un luxe’’.

BIGUE BOB

 

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