Publié le 9 Jan 2025 - 19:49
EXPOSITION ‘’IDENTITÉ SPIRITUELLE UNIVERSELLE’’

Yanne Senghor invite les Africains à se reconnecter aux ancêtres

 

L’artiste visuelle Yanne Senghor présente à la Galerie nationale son exposition intitulée ‘’Identité spirituelle universelle’’. Explorant la coiffure et le couvre-chef, l’artiste souligne l’importance de la spiritualité et invite les Africains à un retour aux sources. Telle une envoyée, elle lance un message de paix et de tolérance.

 

‘’Identité spirituelle universelle’’. C’est le thème de l’exposition de Yanne Senghor qui se déroule à la Galerie nationale d'art. Ce travail est le fruit de seize années de recherche consacrées à la coiffure et au couvre-chef. Yanne Senghor met en exergue leur rôle, au-delà de l'esthétique. Plusieurs thématiques sont soulevées par l’artiste visuelle prolifique dont ses œuvres sont très profondes et complexes. Il y a, dans cette exposition, de nombreuses toiles, dont ‘’Les guides (1 à 15)’’, ‘’Les animaux totems (16 à 30)’’, ‘’à travers le voile (76 à 84)’’, mais aussi des installations, dont ‘’Indut (57 à 68)’’, ‘’Les Salma Koor (69 à 75)’’ et ‘’Retour aux sources’’.

Spontanée, spirituelle, de blanc vêtue, avec des tatouages africains de couleur blanche sur le visage, Yanne Senghor appelle les Africains à accorder de l’importance aux initiations ethniques faites avec des guides qui forment les individus dans le spirituel. ‘’On critique beaucoup nos ancêtres, même moi je l'ai fait avant…’’, a-t-elle indiqué lors du vernissage.

Parlant de la spiritualité, sans dénigrer, elle souligne que les ancêtres africains connaissaient l'existence de Dieu avant leur rencontre avec les Arabes ou les Européens. ‘’Nos ancêtres connaissaient Dieu. Chez les Sérères, on dit ‘Rok Sène’. Ils ne nous ont rien appris. Quand on vient nous dire qu'il y a un seul Dieu, les ancêtres le savaient. Même en Égypte, on a des traces. C'est vrai qu'on a des intermédiaires, que ce soit en Égypte ou ailleurs, mais on a toujours cru en un seul Dieu’’, a soutenu Yanne Senghor.

Provocatrice, elle ajoute : ‘’Ils nous disent que oui, nos intermédiaires, c'est satanique, c'est animiste et tout. Mais ils nous amènent d'autres, leurs ancêtres à eux. Que non, ce sont des saints, des purs. Je n'ai rien contre, parce qu'on est connectés, on est universels. Mais je ne veux pas qu'on m'enlève ce que j’ai’’. Ensuite, elle souligne l’importance des religions. Tout ce qui existe, c’est parce qu’elle doit exister, à ses yeux, que ce soit bien ou mal. ‘’On en a besoin pour notre évolution. On dit que le parfait n'existe pas. Mais on est là pour ça. On est là pour ce parfait. Mais ce n'est pas en une vie. Dieu qui nous a envoyés, il sait que ce n'est pas en une vie’’.

L’envoyée des ancêtres

Depuis trois ans, l'artiste Marianne Saint-Gaurien a essayé de présenter le projet, mais cela n'aboutissait pas ; il n'y avait que des embûches. Elle a estimé qu'il fallait que les ancêtres réunissent toutes les personnes qui ont participé à ce projet-là. Aujourd'hui, avec la réalisation de ce projet, elle se considère comme une envoyée. Elle délivre un message de paix, de pardon, de réconciliation. ‘’Je dis pardonnez aux gens qui vous font du mal. Parce que c'est difficile de faire du mal. Être méchant, c'est dur, ils souffrent. Quand on est heureux, on ne fait pas de mal. Et en faisant ce mal-là, ils ont comme mission de nous élever. Que ce soit les grands prophètes, les grands hommes et femmes qui ont réussi, c'est par la douleur et la souffrance", a invité l’artiste, soutenant que l’humain a peur de souffrir alors qu'on s'élève par la souffrance.

‘’N’oublions pas que nous sommes des créatures divines. On est spirituels et la spiritualité a été créée avant le matériel, avant la chair. Donc, on nourrit notre corps physique, mais il faut nourrir l'âme’’, a-t-elle ajouté.

Communion entre le monde des humains et des non-humains

Les différentes thématiques abordées mettent en valeur toute la communication, la communion entre le monde des humains et des non-humains, selon le secrétaire d’État à la Culture, aux Industries créatives et au Patrimoine historique, Bakary Sarr, qui salue aussi l’esthétique qui relève à la fois de la relation, de l'interrelation, de la traversée et du tissage.

‘’Cela renvoie à une profondeur de la création et fait ressortir toute la complexité mais également toute une esthétique du paradoxe et de l'ambiguïté dans la manière dont ces éléments fonctionnent entre eux", a-t-il indiqué.

‘’C'est donc à saluer dans cette complexité, cette profondeur de la création, mais également toute la beauté que cela renvoie, et qui nous renvoie notamment le miroir à nous, humains, dans nos manières, dans nos rapports avec l'environnement, avec les autres êtres, non-êtres, les animaux, le monde du souterrain, le monde des profondeurs’’, a poursuivi Bakary Sarr.

Pour sa part, la Galerie nationale en a profité pour affirmer que la place très importante qu'occupent les arts visuels sur le terreau culturel sénégalais est visible dans le cadre des actions du département de la Jeunesse, des Sports et de la Culture. ‘’Nous projetons de maintenir ce cap de développement et d'innovation dans le secteur des arts visuels durant cette année 2025 avec encore d'autres belles initiatives, toujours aussi fédératrices et inspirantes, comme le salon national des arts visuels, la grande exposition sur le patrimoine artistique privé de l'État, les sessions de renforcement de capacités des artistes visuels, etc.’’, a indiqué la Galerie nationale.

Par BABACAR SY SEYE

Section: 
RENTRÉE SCOLAIRE 2025/2026 : L’U2PF mise sur l’égalité des chances
LIVRE – DJEMBERÉ, CELLE QUI CHANGE TOUT : Une résiliente face au chaos institutionnel et social
PROLIFÉRATION DES MÉDIAS ÉTRANGERS : Péril sur la souveraineté
ACCES 2025 : Le musique africaine rencontre le monde à Pretoria
TROISIEME EDITION FESTIVAL JOTAAY JI : Dakar a vibré aux voix du féminisme 
BARRIÈRES À L’AUTONOMISATION DES FEMMES : La plaidoirie de l’AJS
SUNU YEUF : Championne de la diffusion des séries sénégalaises
DECES D'ABDOULAYE DIALLO : Ngor perd son Berger
Oscars 2025
EL HADJI CHEIKHOU SALL DE LEBALMA SUR L’ INCUBATION ET LE FINANCEMENT : ‘’La Fintech est une révolution qui redonne le pouvoir aux populations’’
THIÈS – DÉNONCIATION DU RETARD DANS LA MISE EN ŒUVRE DE SON AUTONOMIE : L’ENSA en grève de 72 heures
DÉTACHEMENT DU MINISTÈRE DE LA CULTURE, NOMINATION D’AMADOU BA : Un espoir pour les acteurs
JANT BEATS FESTIVAL : Un nouvel événement audacieux dans le paysage culturel
BRASSAGE RDC-SÉNÉGAL : Cœur de lion et de léopard
CHEIKH NDIGUEL LÔ : ‘’Ma retraite, c'est ma mort’’
CÉLÉBRATION DES 50 ANS DE CARRIÈRE DE CHEIKH NDIGUEL LÔ : Cinq décennies de succès mondial  
6E EDITION DIALAWALY FESTIVAL : Trois jours de rythmes, de couleurs et d’unité à Dagana
ARTS VISUELS : L'identité et la souveraineté en question
FRANÇOIS AKOUABOU ADIANAGA (DG FESPACO) ‘’Il faut travailler sur la distribution du cinéma en Afrique’’
DIFFUSION ET EXPLOITATION DES FILMS AFRICAINS : Mobiciné, un modèle de réussite en Afrique