Publié le 18 Jul 2023 - 19:44
FOOT - MLS

Messi à Miami, le nouveau testament du soccer

 

La Pulga a été officiellement présentée par l’Inter Miami. Cette recrue haut de gamme s’inscrit dans une longue tradition de promotion du soccer aux USA à travers la venue de grands joueurs en fin de carrière. Après l’échec de son passage au PSG, Lionel Messi parviendra-t-il à marquer l’histoire en faisant changer de dimension la MLS ?

 

Une averse et quelques éclairs stridents dans le ciel de Fort Lauderdale. Les dieux ont semble-t-il tenu à baptiser comme il se doit l’arrivée de Lionel Messi dans l’effectif de l’Inter Miami (son troisième maillot en carrière). Dans les gradins du Drive Pink Stadium, 20 000 fans et curieux s’étaient déplacés, une affluence déjà record et, après avoir patienté 1h30 – une star reste une star –, ils ont pu acclamer leur héros défiant les éléments.

La presse, les réseaux sociaux, la communication du club avaient redoublé d’efforts et de pédagogie pour que personne n’ignore la portée symbolique, et (un peu) sportive, de la présence du septuple Ballon d’or et champion du monde en titre en Floride. Son discours a été comme à son habitude plutôt simple : « Je suis très heureux d’avoir choisi de venir jouer dans cette ville, avec ma famille, d’avoir choisi ce projet, et je n’ai aucun doute sur le fait que nous allons beaucoup nous amuser, que nous allons passer de bons moments, et que de très belles choses vont se produire. » Le Sud-Américain, catalan de cœur, dans un bastion latino des États-Unis doit effectivement se sentir un peu plus à l’aise et chez lui que lors de son débarquement dans la capitale française.

Pelé dans le rétro ?

Le recrutement du génie argentin, ardemment désiré par David Beckham (qui lui aussi avait connu un passage guère convaincant au PSG), détonne dans le contexte actuel, alors que tous ses collègues filent vers l’Arabie saoudite encaisser un chèque à neuf chiffres. La MLS, elle, prolonge la vieille tradition du soccer aux USA et de son besoin de sans cesse dénicher de nouveaux prophètes pour cette nouvelle religion, en forte concurrence avec la NBA ou l’autre football, américain celui-là. Le premier épisode en fut l’aventure avortée du New York Cosmos entre 1975 et 1977, avec Pelé en figure de proue, ce qui nous a offert surtout de belles photos avec Andy Warhol ou Mohamed Ali.

Le lancement de la MLS et son installation durable ont enraciné le ballon rond chez l’Oncle Sam – pour le versant masculin s’entend. Thierry Henry aux New York Red Bulls (2010-2014), David Beckham au Los Angeles Galaxy (2007-2012), Didier Drogba à l’Impact de Montréal (2015-2016) et plus récemment Zlatan Ibrahimovic également en Californie (2018-2020) se succédèrent en cette terre de mission… David Beckham ne dit pas autre chose : « Il y a dix ans, lorsque j’ai entrepris d’établir une nouvelle équipe à Miami, j’avais dit que je rêvais d’amener les plus grands joueurs du monde dans cette ville extraordinaire. (…) Je ne pourrai être plus fier de voir un joueur du calibre de Leo rejoindre notre club, et je suis aussi ravi d’accueillir un bon ami et sa famille au sein de la communauté de l’Inter Miami. »

Agent d’un monde multipolaire

Toutefois, c’est évidemment avec le Roi brésilien, qui nous a quittés récemment, que la comparaison s’impose immédiatement, de par leur stature et leur rôle dans l’histoire du football. Certes, ce sport a considérablement changé de visage et d’ampleur, économique surtout, entre-temps. Y compris aux USA, qui avec un marché intérieur de 330 millions d’habitants, peuvent fonctionner sur d’autres bases que les émirats du Golfe. Les enjeux sont tout autres pour le soccer, et Lionel Messi participe à délocaliser quelque peu un petit monde du ballon rond de plus en plus multipolaire. Il devrait ainsi faire ses débuts le 21 juillet contre Cruz Azul dans le cadre de la Leagues Cup, un nouveau tournoi entre équipes de la MLS et son homologue mexicaine. Une compétition estivale qui prépare à sa façon la future coorganisation du Mondial 2026 avec le Mexique et le Canada (deux équipes canadiennes, Montréal et Toronto, participent à la MLS).

Si Lionel Messi n’a plus seulement pour vocation de convertir ou faire découvrir le soccer aux ignares américains, mais bel et bien de donner sens à sa nouvelle dimension aux USA, et sur la planète foot. La flambée du prix des places, la présence d’Apple TV dans le deal pour financer ses rémunérations, sans parler de la bataille des followers sur Instagram ou TikTok, le prouvent largement. Cependant, il reste encore du boulot en matière de culture foot : la signature de Sergio Busquets à l’Inter Miami était accompagnée, sur le compte Twitter de la MLS, de la photo d’Alvaro Arbeloa.

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