Publié le 2 Feb 2012 - 12:19
L'énigme d'EnQuête

Où est passé notre drapeau ?

 

Nos Lions de la Pachanga sont donc rentrés mardi soir, à trois heures du mat' comme des voleurs, de Bata où ,comme disait la publicité de l'ancienne marque de chaussures de Rufisque, ils n'ont pas fait plus de trois pas, hormis en discothèque, où là ils ont pu démontrer tous nos talents innés de glandeurs internationaux. Ils auraient pu quand même prévenir les populations sénégalaises de leur retour. On ne leur en voulait pas d'avoir été éjectés ainsi du Ghota africain du football. Nous n'avons jamais cru qu'ils en faisaient partie, car une équipe qui bat en éliminatoire l'île Maurice et ses deux terrains de foot, le Congo en guerre et des camerounais proches de la retraite, ne peut être championne d'Afrique, juste parce que notre président a misé dessus électoralement. Pour ramener cette CAN, il aurait fallu que nous soyons d'abord heureux, et que nous le désirions collectivement.

 

Notre équipe n'avait pas de projet de jeu. Comme notre pays n'a pas de projet de vie. Aussi simple que ça. Des incantations n'ont jamais ramené une victoire, même avec notre force de frappe occulte dont les sénégalais sont si fiers, qui nous met tous les jours face à notre particularité qui veut qu'on croie en Dieu mais qu'on ne  Lui fasse pas confiance. Sous nos contrées, un mot fait fureur et est entré dans notre lexique autant qu'il pénétré notre ADN, c'est le mot « Takhalé ». Nous avons voyagé à Bata en faisant du Takhalé, nous avons joué en faisant du Takhalé, nous vivons en faisant du Takhalé, et vous voulez rentrer victorieux de cette compétition où vous avez croisé des équipes qui elles travaillent depuis 10 ans. Travaillent, vous avez bien lu !!! Non, nous ne sommes pas étonnés que vous ayez perdu. Vous pouviez rentrer à une heure normale, quoique hier, c'était un peu risqué, vous auriez pu finir dans les assiettes en pneu et sous forme de Lion braisé, mais une question me taraude l'esprit : pourquoi vous remet-on tout le temps notre Drapeau national en grande pompe au palais, avec un chef de l'état en béatitude et complètement extatique d'espoirs, devant une nation transie de vos mots prometteurs, espérant de vous, vous ayant vus aller tous les jours de mosquée en prières, dopée par vos exploits dans les divisions secondaires d'obscurs championnats européens, droits dans vos costumes taillés à coup de pub par une marque qui aurait dû nous alerter, « Central Park », qui pousse plutôt à la ballade, et que vous nous rameniez toujours ce Drapeau national, la nuit, délavé, chiffonné, et habillés en bermudas, avec vos écouteurs de m... sur les oreilles ? C'est une question qui me taraude vraiment l'esprit. Elle vaut bien une enquête. Quoique, la réponse est simple : On sait tout. On n'a pas besoin d'attendre pour apprendre. La preuve ? Donnez un bonbon à sucer à un sénégalais. Dix secondes plus tard, il croque dedans. Imparable.

                                                                                                                                          Moby Dic

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