Casa Sports, la vie loin de ses terres
Le Casa Sports évolue hors de ses bases depuis la saison dernière. Cette indisponibilité du stade Aline Sitoé Diatta coïncide avec les mauvais résultats du club. Actuellement à Ziguinchor, nous vous proposons une immersion dans leur quotidien hors du commun.
Au beau milieu du quartier Château d’Eau, se dresse le nouveau temple de l’équipe phare de la ville de Ziguinchor. La chaleur tempérée de cet après-midi d’octobre ne laisse pas présager la fatigue ressentie par les joueurs, deux jours après un déplacement périlleux au stade des HLM de Dakar. Ici, le vert domine. Celui des arbres environnants se marie gracieusement au vert de ce terrain d’entraînement partagé par les féminines du club, les jeunes et l’équipe masculine senior.
Cependant, cet environnement verdoyant contraste avec les résultats au rouge du Casa Sports. Après deux matches disputés en Ligue 1, les champions du Sénégal 2022 sont toujours sans victoire (un nul contre Sonacos et une défaite contre l’ASC HLM). Ces résultats coïncident avec l’indisponibilité du stade Aline Sitoé Diatta depuis la saison dernière.
‘’Aujourd’hui, quand tu vois nos résultats, ça joue. On aurait aimé jouer sur notre terrain. Le soutien du public est un plus pour la confiance des joueurs’’, déclare le coach Balla Djiba, installé sur le banc du club depuis la fin de l’exercice écoulé.
Aline Sitoé, véritable talisman
Debout derrière les buts situés à droite de l’entrée principale du terrain d’entraînement, coach Balla ne quitte pas des yeux l’opposition entre les joueurs. Alerte et avisé, il n’hésite pas à donner des consignes, à replacer et même à remettre à l’ordre un joueur mal appliqué. Les joueurs viennent d’achever un atelier et entament une opposition à onze contre onze. Le temps n’est pas au repos. Pourtant, ils sont arrivés le lundi 28 octobre, lendemain de leur rencontre face aux HLM de Dakar. Le club doit retourner à Dakar avant le samedi 2 novembre pour son troisième match de championnat. Un trajet non seulement épuisant pour les organismes des joueurs, mais aussi peu commode pour l’entraîneur. ‘’Il n’y aura pas de récupération. La planification était d’avoir au moins cinq à six séances avant le match. C’est impossible, car nous sommes obligés de retourner à Dakar vendredi’’, se désole l’ancien coach de Génération Foot.
Pourtant, Balla Djiba et ses joueurs étaient persuadés de disputer leur prochaine rencontre dans leur stade fétiche. Installés depuis le début de la saison aux HLM Grand-Yoff, les Casaçais espéraient évoluer ce week-end à domicile. Malheureusement, leur enceinte n’est pas encore prête. L’interrogation sur la date officielle de sa disponibilité se pose désormais au sein du staff. ‘’Les derniers échos disent que le stade sera livré au mois de novembre. Nous attendons de voir, car on nous avait dit que cette 3e journée se jouerait à la maison’’, signale-t-il.
Pas de temps de récupération
La première partie de l’entraînement s’est écoulée. Pause fraîcheur. Les joueurs reprennent leur souffle après près d’une heure de belle souffrance sur la pelouse. Les plus épuisés sont éparpillés en petits groupes sur les bancs, à même le sol et même derrière les grilles. Les moins fatigués restent sur la pelouse, tapotant sur le cuir ou testant leur précision devant les buts. La bonne ambiance règne, même si rien n’égale les chants d’Allez Casa en plein match au stade Aline Sitoé Diatta.
‘’C’est difficile pour nous de jouer tous nos matches à l’extérieur, loin de notre public. C’est toujours mieux quand tu joues devant ton public, tu es encore plus motivé’’, affirme le capitaine du club. Mohamed Camara, titulaire lors du match du Casa Sports dimanche dernier, montre des signes de fatigue. Il est d’ailleurs épargné de la séance en cours. Mais le défenseur se dit prêt à honorer les couleurs du club, malgré les difficultés. ‘’Heureusement, nous étions déjà préparés à cela depuis la période hivernale. Les joueurs sont préparés et prêts à faire face’’, affirme Mohamed Camara.
Loin des yeux, près du cœur
Le Casa Sports est reconnu comme un club étroitement lié à ses supporters. Nommé à plusieurs reprises pour le trophée Fair-play des meilleurs supporters de la saison, la renommée du collectif Allez Casa dépasse les frontières. Loin d’être présent uniquement à Ziguinchor, il réussit à mobiliser un bon groupe de supporters pour soutenir le club lors des rencontres hors de la capitale méridionale. ‘’Le Casa a une base affective à Dakar. Les supporters se déplacent toujours en masse. Nous l’avons constaté lors des matches face à la Sonacos et à l’ASC HLM’’, déclare Ousmane Cissé, supporter du Casa Sports présent à l’entraînement.
Mais conscient de l’atout de jouer à domicile, il ajoute : ‘’Nous avons une équipe jeune. La plupart des joueurs sont nouveaux. Jouer à domicile devant leurs familles est non négligeable.’’
Ousmane Cissé n’est pas le seul supporter sur place. Le pourtour du terrain est bien garni. Toutes les tranches d’âge sont présentes. Les joueurs peuvent compter sur la fidélité de leurs supporters, en ce jour d’entraînement. Ravis de retrouver leurs joueurs préférés, ils ne cachent pas leur désarroi de ne pas les voir évoluer sous leurs yeux le week-end de matches. ‘’C’est un handicap majeur pour le football de la région. Une équipe, ce sont les supporters. Il faut tout faire pour réceptionner le stade Aline Sitoé Diatta’’, déclare Omar Dia, fervent supporter du club.
Dakar, mieux que Kolda
À défaut de disposer de leur stade, les Casaçais vont évoluer à Dakar pour leurs matches à domicile. Une situation compliquée pour le club et ses finances, mais qui est à l’avantage des joueurs. ‘’Le fait de rester à Dakar, c’est mieux. Il faisait chaud à Kolda et les déplacements étaient difficiles. À Dakar, tous les clubs y sont et nous sommes dans notre coin tranquille’’, se rassure Mohamed Camara.
Actuel 11e de Ligue 1, Balla Djiba reste convaincu que le club reviendra très vite jouer le haut du tableau. ‘’C'est obligatoire. Parce que nous savons que dans ce football, il y a des paramètres. Il faut que les gens soient patients. C’est une jeune équipe. Mais nous avons nos objectifs et nous ferons tout pour les atteindre’’, confirme-t-il.
Mamadou KANE (stagiaire)