Publié le 16 Mar 2013 - 00:05
THÉÂTRE - CENTENAIRE D'AIMÉ CÉSAIRE

Sorano renoue avec ''La tragédie du Roi Christophe''

Pour célébrer, à l'instar du reste du monde, le centenaire de l'écrivain-poète martiniquais, Aimé Césaire, la troupe du théâtre national Sorano répète mardi la pièce ''La tragédie du roi Christophe''. La presse a été servie en avant-première hier.

 

Les rideaux s'ouvrent sur Pétion et Henri Christophe. Le premier vient présenter au général noir l'acte de décision du Sénat faisant de Christophe le président de la République de Haïti après la déconvenue de Jean-Jacques Dessalines. En tant que compagnon de Toussaint Louverture qui était aux premiers rangs de la révolution pour la liberté en Haïti, le pouvoir revenait de droit à Henri Christophe qui a survécu.

 

L'ancien cuisinier devenu général crachera sur la proposition, jugeant que le Sénat mettait entre ses mains ''un pouvoir vide''. En effet, la constitution avait été changée par la mort de Dessalines, sous prétexte d'éviter des dérives de celui-ci. Mais Christophe est d'avis que ''la modification de la constitution n'est qu'un moyen de (l') éloigner du pouvoir''. Ainsi, celui-ci reviendrait à Pétion. Et c'est ce qui se passe quand Christophe décida alors d'ériger son royaume au Nord d'Haïti.

 

Vous l'avez compris, c'est le synopsis de la pièce de théâtre ''La tragédie du roi Christophe'', d'Aimé Césaire publiée en 1963 et créée le 4 août 1964 par Jean-Marie Serreau. Et la troupe de Sorano a pensé rejouer la pièce à l'occasion du centenaire de son auteur écrivain-poète martiniquais décédé le 17 avril 2008. L'événement est prévu mardi prochain au théâtre Daniel Sorano. Mais la presse a eu droit hier à un avant-goût au même lieu de la pièce dont la mise en scène est signée Jean-Pierre Leurs.

 

L'acte 2 plonge les spectateurs au cœur de la cérémonie de présentation des courtisans et autres membres de la cour du tout nouveau roi Christophe. Avant l'arrivée du souverain, Vastey nommé Duc de la Limonade et Magny discutent de la légitimité de leurs nouveaux titres. Magny est d'avis que la France se moque de leurs titres. ''Le rire des Français ne gêne pas'', répond Vastey. Lequel croit déceler à travers les adjuvants nominaux ''Limonade'' ou ''Marmelade'' une connotation gastronomique. Ce qui n'est pas de l'avis du ''Bouffon royal'' Hugonin interprété par Roger Sambou : ''Cette idée d'inventer une noblesse, c'est une manière d'être le parrain de tout le monde.'' Droit et port altier, le roi Christophe, exécuté par Ibrahima Mbaye, fait son entrée et met fin à la discussion. Il harangue tout le monde afin de forcer le respect à son égard.

 

''Nation de cancres''

 

En général éclairé, Henri est découvert tel un homme possédé par le pouvoir au cours de la scène trois. C'est l'anniversaire du couronnement de ''sa majesté''. Il sera mis en garde par sa reine au cours de cette soirée. Dans la peau de celle-ci, la comédienne Joséphine Zambo a rappelé au souverain qu'il fallait laisser du temps au temps. Henri, s'impatientant, a commencé à traiter son peuple avec dédain en forçant ses sujets à travailler plus que de raison et en les voyant comme ''une nation de cancres''.

 

Pour lui, ''il faut demander aux nègres plus qu'aux autres''. Le roi se permettra de marier les paysans sans leur consentement et de tuer les gens à sa guise. Mal lui en a pris. Il pique une crise au cours de la messe de requiem de l'archevêque qui l'a couronné et qu'il a fait tuer beaucoup plus tard. Le souverain est paralysé, mais son âme est debout, solide et intacte. Pour tout dire, il n'entend pas lâcher le pouvoir, même s'il commence, par moment, à douter de lui. ''Qui m’obéira si mes membres me refusent service'', s'interroge-t-il. Mais toute chose à une fin. Les rideaux tombent sur Hugonin et la mort du roi annoncée tambours battants.

 

BIGUÉ BOB

 

 

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