Publié le 16 Jan 2012 - 19:07
23 LIONS CAN 2012

Jacques Faty : il était une foi, Doudou

Jacques Faty

 

 

Sans doute un pis-aller. Jacques Doudou Faty rêvait certainement du fanion du ''Coq rouge'', il s'est finalement réalisé avec la crinière dorée. L'ancien international et capitaine des Bleus des -17 ans, en 2001, n'a pas eu l'honneur d'entrer chez les A français ; il le trouve chez les ''Lions'' du Sénégal. Mais après avoir tant tergiversé et à la faveur d'une loi bienvenue.

 

La Fédération internationale (FIFA) a aboli, en 2009, la limite d’âge de 21 ans quant au choix de sa sélection pour un joueur à la double nationalité ayant déjà évolué dans des sélections de jeunes sans l’avoir été en équipe A. Il a alors 25 ans. Sa carrière internationale venait d’amorcer un virage.

 

 

Aux côtés de Mavuba, Toulalan...

 

Désormais, c’est avec le maillot vert-jaune-rouge que Jacques Faty va poursuivre son parcours international. Il était temps pour celui qui avance, sans trop convaincre : ''Les Bleus n’ont jamais été mon rêve'', dans un entretien avec le quotidien français ''L'Equipe'', en septembre 2009. C'était à quelques jours d'étrenner sa première sélection sénégalaise, après cinq ans d'hésitation à la suite d'un contact avec la fédération du Sénégal, Guy Stéphan était le sélectionneur des Lions. Besoin de rassurer et lever toute équivoque sur son dernier choix ?

 

En tout cas, va pour la Tanière et le ''choix du cœur'', mais pas de la raison. C'est vrai qu'il préparait une ''échéance importante avec l’équipe de France Espoirs, l’Euro 2006'', avoue-t-il toujours. Il a sans doute inspiré son jeune frère, Ricardo Faty qui a de même déclaré sa flamme au Sénégal en novembre dernier.

 

 

Formé à l'INF Clairefontaine (8e promotion), Jacques Faty faisait figure de grand espoir du foot français. Du haut de son mètre 84 pour 81 kg, le défenseur central – qui peut évoluer en milieu défensif voire arrière latéral droit présente un très beau parcours chez les jeunes avec notamment une Coupe Gambardella en 2003 et un titre de champion de France des -18 ans en 2002 avec Rennes son club formateur.

 

Titulaire avec l'équipe de France espoirs lors du Championnat d'Europe en 2006, le jeune Faty et ses coéquipiers, dont Bakary Sagna, Rio Mavuba, Yoann Gourcuff, Jérémy Toulalan, s'étaient inclinés en demi-finale aux tirs au but.

 

 

Capitaine des champions du monde

 

Le parcours professionnel de la fleur hexagonale débute en 2002 avec Rennes où il a évolué en catégorie junior de 1999 jusqu'alors. Et c'est Vahid Halilhodzic qui le lance dans le grand bain à l'occasion d'un match à domicile contre Sedan, remporté par Faty et ses camarades (1-0). Un démarrage prometteur qui l'installe dans le plus haut niveau du foot français. A

 

vec le Stade rennais, il remplit deux saisons pleines (2003-2004 et 2004-2005) et participera, sous la houlette de l'entraîneur László Bölöni, à la qualification des Bretons en Coupe de l'UEFA. Mais, le plus belle ligne du palmarès de Jacques Faty demeure à ce jour son titre de champion du monde des -17 ans. Le natif de Villeneuve-Saint-Georges a été le capitaine d’une équipe de France sacrée à Trinité-et-Tobago 3 ans après les grand Bleus.

 

Mais à l'instar de ses coéquipiers chez les -17 ans, Florent Sinama-Pongolle et Anthony Le Tallec, le binational qui était l'un des plus grands espoirs du foot français a du mal à percer au sein de l’élite française et européenne. Sa carrière vire au modeste, voire à la chute libre. Son temps de jeu baisse. N'entrant pas dans les plans du coach Pierre Dréossi qui préfère le duo John Mensah/Grégory Bourillon, Jacques Faty broie du noir à Rennes pendant la saison 2005-2006.

 

En fin de contrat avec le club breton, l’'Olympique de Marseille lui tend la perche. Pas plus de bonheur sur la Canebière. Faty fait face à la concurrence de Julien Rodriguez et Gaël Givet. La recrue marseillaise joue peu du fait notamment de blessures récurrentes. Résultat, il fait juste un an sur le Vieux Port et embarque pour Sochaux où il signe le 4 juillet 2008, pour un bail de 3 ans. Chez les Lionceaux, le destin s'embrouille de bonheur et d'impairs. Jacques signe son premier but le dimanche 8 mars lors du match Le Havre-Sochaux mais perd (défaite 2-1).

 

La tour de contrôle plantera 5 buts avec les Sochaliens, dont un...contre son camp. C'est également avec ce club que le défenseur écopera de l’unique carton rouge dans sa carrière. Mais la trajectoire au comportement humain exemplaire va souffrir d'un écart de conduite. Le 7 avril 2011, un tribunal condamne Jacques Faty à quatre mois de suspension de permis de conduire et 10 000 euros (6 millions 550 000 F Cfa) d'amende pour excès de vitesse - flashé à 201 km/h - le 3 octobre 2010 sur une autoroute française.

 

Cela a-t-il joué contre une reconduction chez les Doubistes ou juste la fin d'une idylle pour performance déclinante ? Toujours est-il que son contrat n’est pas renouvelé et ‘’Doudou’’, comme l’appellent ses intimes, préfère s’exiler dans le modeste club de Sivaspor en Turquie, un pays laïc qui lui permettra avec sa femme Maryam de vivre encore plus leur religion.

 

 

Latéral et Imam

 

On l’avait annoncé comme l’un des plus grands espoirs en France parmi les défenseurs centraux. Pourtant, c’est comme latéral droit que Jacques Faty sera appelé en sélection pour ses débuts internationaux lors du match amical Sénégal-Angola (1-1) en septembre 2009. Après cette première cape, le frère aîné de Ricardo, cousin de Mikaël Tavares, prend place dans le train de la reconstruction. Amara Traoré lui fera confiance dès la publication de sa première liste contre la Grèce en amical.

 

S’ensuivent sept matches dont trois titularisations. Aujourd’hui, Jacques Faty n’a pas le statut d’un titulaire indiscutable dans la Tanière. L’ex-joueur de Rennes est même derrière Lamine Sané au poste d’arrière droit. Faty n’a ainsi été titularisé qu’une seule fois en match officiel, contre la RDC au match retour. Déjà aligné comme arrière droit et arrière gauche, Faty a l’avantage de la polyvalence puisqu’il peut également jouer dans l’axe. Mais au-delà des aspects purement sportifs, Jacques Faty, friand de Cachupa (le plat national du Cap-Vert), joue aussi un rôle de ‘’guide religieux’’ dans la Tanière où il a désormais le titre d’imam.

 

Celui qui est ‘’un mélange de plusieurs pays dont la France, le Cap-Vert, le Sénégal mais aussi un petit peu le Vietnam’’, fait partie de ceux qui dirigent les prières en sélection. Nul doute que remporter le trophée au soir du 12 février 2012 est une des choses les plus demandées à Dieu en ce moment…

 

La première sélection

Jacques Doudou Faty, de père sénégalo-vietnamien et de mère cap-verdienne, née au Sénégal, a fait son baptême du feu avec la sélection nationale le 5 septembre 2009 à Lisbonne, en amical entre ''Lions de la Teranga'' et Palancas Negras d’Angola (1-1). En pleine phase de reconstruction, le latéral de Sochaux est appelé par le sélectionneur intérimaire Amsatou Fall. Sa sélection fait suite aux changements intervenus en juillet 2009 dans la nouvelle réglementation de la Fédération internationale de football qui permet aux internationaux de pouvoir opter pour une nouvelle nationalité sportive jusqu’à l’âge de 23 ans, s’ils n’ont pas encore joué avec la sélection A. L’ancien défenseur central de l’équipe de France espoir est aligné comme arrière droit avec à ses côtés, dans l’axe, Souleymane Diawara et Kader Mangane. Jacques Faty, victime d’une béquille pendant le match, cédera sa place à Moustapha Diallo non sans avoir convaincu Amsatou Fall.

 

Repères

Jacques Doudou Faty

né le 25 février 1984 à Villeneuve-Saint-Georges.

Taille : 1,84 m

Poids : 75kg

Poste : Défenseur central / arrière droit

Clubs successifs : Rennes (2002-2007) ; Marseille 2007-2008 ; FC Sochaux 2008-2011 ; Sivasspor (2011-…)

Mamadou Lamine BADJI

 

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