Publié le 17 Jan 2025 - 13:28
ALORS QUE SA LEVÉE DE L’IMMUNITÉ PARLEMENTAIRE EST PRÉVUE AUJOURD’HUI

Farba s’est dit prêt à aller en prison dignement

 

Des responsables de l’APR ont fait face à la presse, hier, pour apporter leur soutien à leur camarade Mouhamadou Ngom dit ‘’Farba’’, qui est dans le viseur du Pool judiciaire financier. Le député, dont l’immunité est en passe d’être levée, dit être prêt à aller en prison, non sans proférer des menaces à peine masquées.

 

Alors que les députés sont convoqués en séance plénière aujourd’hui vendredi à 11 h pour l’examen d’un projet de résolution visant à constituer la commission ad hoc chargée de statuer sur la demande de la levée de l’immunité parlementaire du député Mouhamadou Ngom, les responsables de l’APR ont fait face à la presse hier, en présence de l’intéressé.

Le député-maire a pris la parole pour s’adresser aux militants, à ses administrés d’Agnam et aux membres de son ethnie, en langue pulaar. Parlant de lui à la troisième personne, il a dit : ‘’Farba est un griot. J’en suis trop fier. Je suis un griot qui empêche beaucoup de dormir. S’il plaît à Dieu, une chose est sûre : je veux rassurer les militants, camarades de parti, pour qu’ils sachent que ce combat que nous entamons va se solder par une victoire. Ils veulent instrumentaliser la levée de mon immunité, c’est le Sénégal qui me l’a donnée. Les magistrats du Pool financier judiciaire, le temps est devant nous… L’histoire écrira beaucoup de choses avec cette affaire. Puisqu’ils ont démarré cette traque avec moi, retenez que vous qui aviez des postes de responsabilité, vous avez gagné cette guerre. L’histoire du Sénégal retiendra cette affaire. Elle sera dans les annales.’’

Ensuite, se montrant philosophe, il a ajouté : ‘’Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye n’ont pas compris le message de Dieu sur la gestion du pouvoir. Ce message est de vivre quelque chose qu’on n’a jamais espéré. Ils n’ont jamais pensé dans leur vie qu’ils seraient là où ils sont aujourd’hui. C’est cela le message de Dieu. Ils doivent comprendre cela, mais tel n’est pas le cas. Le combat de Bassirou Diomaye était d’élire Ousmane Sonko. Dieu en a décidé autrement. Sonko, qui avait créé le parti, est devenu le Premier ministre de celui qui se battait pour son élection. Je suis sénégalais. Au nom de quoi la justice ne devrait-elle pas avoir besoin de moi ?’’

‘’Avec moi, celui qui s’y frotte s’y pique’’

Annonçant que ses avocats feront face à la presse aujourd’hui pour parler aux Sénégalais, il a ajouté : ‘’Ousmane n’est ni Dieu ni prophète. Dieu est là pour tout le monde. Pourquoi ne devrais-je pas avoir de l’argent ? Avec ce dossier, d’autres vont être inquiétés. Allons, sous peu, tout sera clair. Si je dois aller en prison, je le ferai dignement. Je ne vais jamais reculer. Mais tout est politique. Avec moi, celui qui s’y frotte s’y pique. L’avenir va nous édifier. Je ne suis pas dans les menaces. On verra avec ceux qui vont gérer ce procès. L’histoire retiendra. S’il y a une personne qui a peur, ce n’est pas moi. Je ne suis pas un peureux. Vu que je suis une cible, une personne qui dérange, je me suis préparé depuis. J’ai la même détermination que Sonko avait avec Macky. Partout où il va, il parle de moi. Il est venu dans ma commune que j’ai gagnée depuis 2008 pour m’attaquer. Il a refait la même chose à l’Assemblée nationale. C’est une fierté pour moi qu’il parle de ma personne en tant que chef de gouvernement’’.

Ensuite, pour se défendre contre les accusations, Farba a déclaré : ‘’L’État du Sénégal ne m’a jamais donné de poste étatique. Si l’on voit quelque part où j’ai pris de l’argent dans le Trésor, je vais me livrer à la gendarmerie. Maintenant, si une personne me donne un travail à faire avec tout ce que cela suppose comme boulot et déplacements, il va me payer. Tout ce que j’ai eu dans cette vie, c’est dans le privé. J’ai une fois demandé à Macky de m’offrir un terrain à Fann-Résidence, il m’a clairement dit qu’il ne le ferait pas, car depuis qu’il m’a connu, j’ai toujours obtenu les choses à la sueur de mon front. Quand Macky m’a demandé si je voulais un poste de responsabilité, je lui ai demandé deux choses : je veux vous voir quand je le veux et vous parler quand j’ai à le faire. Si c’est le cas, j’aurai tout ce que je veux. Le décret d’engagement que j’ai avec Macky, je l’ai signé. Tant qu’il est dans la politique, je serai avec lui. Je n’ai pas d’autre volonté que ce que Macky souhaite.’’

Le discours ethniciste de Me Moussa Bocar Thiam

Lieutenant attitré de Farba Ngom à Matam, Me Moussa Bocar Thiam a pris la parole pour défendre son mentor. ‘’Alors que le peuple s’attendait à la poursuite de nombreux chantiers entamés par le président Macky Sall à Dakar, a-t-il fulminé, le pouvoir préfère un ‘coup d’État’’ à la mairie de Dakar en éjectant Barthélemy Dias par le biais d’une ‘simple’ lettre d’un préfet par intérim. Où va notre pays ?’’, s’est-il interrogé.

Ensuite, beaucoup plus véhément, il a ajouté : ‘’Après avoir annoncé et manipulé depuis des années l’opinion sur de présumés détournements d’argent public, force est de constater que depuis une année, le régime en place est incapable de prouver ses allégations passées. Pour rappel, n’avons-nous pas entendu parler de scandale Covid, de scandale de 94 milliards, de scandale du pétrole volé, de scandale du Prodac ? Il avait promis de régler l’emploi des jeunes et de freiner la vague de l’immigration clandestine en deux mois. Le récent drame de Mbour met en lumière ces 2 500 jeunes qui ont péri en mer et des centaines dans les prisons marocaines, libyennes, algériennes et mauritaniennes. La réalité est que le peuple a compris que seules des questions électorales intéressent ce régime qui a plongé le pays dans la ruine avec l’arrêt de tous les grands projets (cinq hôpitaux, l’aéroport de Ziguinchor, Kaolack et Ourossogui, la phase 2 du TER Diamniadio - AIDB, l’autoroute Tivaouane – Saint-Louis, l’autoroute Mbour - Kaolack, les chantiers universitaires).’’

Ensuite, il a une nouvelle fois essayé de tirer sur la fibre communautariste. Un discours teinté d’ethnicisme. ‘’Ousmane Sonko, après plusieurs séjours dans le Nord, n’a jamais su convaincre les vaillants et dignes fils du Fouta qui ont décidé de résister et de dire non à l’intimidation, à la manipulation, à l’indifférence et au manque de respect. Oui, le Fouta constate qu’aucun de ses fils n’est au gouvernement. Une indifférence coupable des autorités face au désarroi des populations lors de la crue du fleuve. Aucune nomination aux directions nationales, aucune promotion de ses fils. Licenciement de plus de 1 000 jeunes de la région (au Port, à La Poste, à la Lonase, à l’UCG, etc.), annulation de milliers de bourses familiales, tous les chantiers sont à l’arrêt : route du Dandé Mayo, université de Matam, hôpital et aéroport de Ourossogui, Isep Matam, Eno de Kanel et Ourossogui. Le Fouta est sanctionné par le régime’’, a soutenu l’ancien ministre.

Pour lui, l’État exécute la volonté d’Ousmane Sonko, qui a publiquement dit à Agnam, lors des élections législatives, que l’honorable député Farba Ngom ne participera plus à aucune élection. ‘’Dans quel pays sommes-nous ? La machination politique a commencé par l’enclenchement de la procédure de levée de l’immunité parlementaire de Farba. Nous tenons à témoin l’opinion nationale et internationale que l’acharnement contre un digne fils du Fouta ne passera pas. Farba Ngom est notre fierté de par son amour démesuré pour le Fouta, son utilité pour le Fouta et sa détermination à développer le Fouta. Nous n’accepterons jamais qu’un régime qui est dans l’indifférence totale pour cette région du Sénégal élimine l’un de ses rares fils utiles à tous’’, a promis Me Thiam.

Reprenant l’argumentaire de son mentor, il a rappelé que Farba Ngom n’a jamais bénéficié de l’argent public, n’ayant jamais concouru aux marchés publics et surtout n’ayant jamais eu de nomination. Pour tous ces motifs, les responsables, militants, sympathisants, amis et famille de l’APR et de l’honorable député Farba ont décidé, selon lui, de témoigner leur soutien, solidarité et engagement ‘’indéfectible’’ à ses côtés, de lutter pour la préservation de la démocratie, de la justice et du respect des droits de tout citoyen, d’appeler le pouvoir à la ‘’retenue’’ et à l’arrêt du ‘’harcèlement’’ à l’encontre des opposants politiques, d’inviter les Sénégalais à ‘’combattre’’ l’injustice, le ‘’mensonge’’ et la ‘’manipulation’’, de rappeler à l’opinion que le Fouta fait partie du Sénégal et doit être pris en compte dans les politiques publiques, et de tout mettre en œuvre pour ‘’défendre’’ l’honorable député Farba et toute autre ‘’victime’’ des ‘’manigances’’ de ce régime visant à ‘’museler’’ l’opposition.

CHEIKH THIAM

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