Publié le 3 Nov 2022 - 20:17
AUDITION D’OUSMANE SONKO

L’opposition met la pression

 

La Conférence des leaders de la coalition Yewwi Askan Wi a apporté son soutien, hier, au leader du Pastef/Les patriotes qui doit faire face au juge pour son audition, dans le cadre des accusations de viol dont il fait l’objet.  

 

‘’Nous ne saurions, ne pourrions exclure une réédition de mars 2021’’. A la tête de la Conférence des leaders de la coalition Yewwi Aska Wi, principale force de l’opposition sénégalaise, Khalifa Sall a lancé, hier, lors d’un point de presse, un élément sur la détermination des coalisés autour d’Ousmane Sonko à faire face à ce qu’ils qualifient d’injustice.

Ce matin, le leader du Pastef/Les patriotes, fervent opposant au régime, est convoqué pour son audition, dans le cadre d’une affaire de viol présumée. Placé sous contrôle judiciaire depuis mars 2021, face aux accusations d’une jeune masseuse, l’arrestation d’Ousmane Sonko, le 3 mars sur le chemin de son audition, avait abouti à une semaine d’émeutes qui avait fait 14 morts. Un an et huit mois plus tard, le pays retient son souffle avec la peur d’une nouvelle vague de violences.

Quelques mois après ces émeutes, lors de la clôture du Conseil présidentiel pour l’insertion et l’emploi des jeunes, le président de la République avait eu un discours offensif. ‘’Vous savez, chers jeunes, ce qui s’est passé récemment dans notre pays, si le Sénégal n’était pas une grande démocratie, croyez-moi, le bilan aurait été catastrophique. Il n’est pas possible, dans un pays, de se réveiller, de tout détruire sans conséquence. Mais même en étant démocrate, il y a au moins des limites que tout le monde doit respecter. (…) Il y a des pays où un citoyen normal ne penserait pas une seconde à attaquer une gendarmerie, là où on stocke des armes, attaquer des tribunaux et brûler la maison des gens comme cela, gratuitement. Mais cela ne se reproduira plus !’’, assurait Macky Sall.

Khalifa Sall : ‘’Nous ne pouvons exclure une réédition de mars 2021’’

Depuis, l’opposant s’est renforcé comme le principal adversaire du régime et est même devenu le maire de la ville de Ziguinchor. Et il n’a jamais cessé de dénoncer un complot politique destiné à l’empêcher de se présenter à la prochaine élection présidentielle de 2024. Une carte sur laquelle continuent de jouer ses partisans au sein de la coalition politique Yewwi Askan Wi.

Car, pour Khalifa Sall, ‘’nous ne pouvons pas nous laisser humilier, sans broncher, par ce régime. Nous ne souhaitons, ni œuvrons pour que mars 2021 se reproduise. Mais, nous ne pouvons pas l’exclure, car nous nous défendrons’’.

L’ex-maire de Dakar est bien placé pour dénoncer un dossier judiciaire entremêlé de politique. Lui qui a perdu son mandat après une condamnation pour détournement de deniers publics, à quelques mois de la Présidentielle-2019, révoqué par le président de la République avant de bénéficier d’une grâce du même Macky Sall, après les élections.

Pour éviter la même mésaventure à son partisan, le président de la Conférence des leaders de Yaw assure que leur formation ‘’accompagnera le président Ousmane Sonko, comme nous l’avons toujours fait, dans cette épreuve. Et nous sommes prêts à tout assumer, en toute responsabilité. Si la justice accomplit son travail en toute transparence, nous n’avons rien à craindre. On ne peut pas accepter que le pouvoir choisisse à chaque fois ceux avec qui il va aller en compétition. Toute cette histoire n’a qu’un seul objectif : liquider un adversaire politique’’.

Coordinateur du Mouvement pour la défense de la démocratie (M2D), Cheikh Tidiane Dièye a lancé un appel au président Macky Sall, afin qu’il comprenne que le peuple ‘’qui s’est ligué contre lui en mars 2021 est toujours présent pour défendre sa démocratie et l’État de droit’’. Parmi les acteurs de la société civile qui ont fait le tour des familles religieuses pour un retour au calme, le directeur exécutif d’Enda Cacid réédite sa demande à ces régulateurs sociaux ‘’d’arrêter Macky Sall avant que le pays ne retombe dans des actions violentes’’.

Pour Moussa Taye de Taxawu Sénégal, cette histoire est liée à une volonté du président actuel de briguer un troisième mandat. ‘’On ne considère pas que nous sommes dans une affaire privée. Khalifa Sall était en tournée politique à Tamba, lorsqu’il a été convoqué. On considère que c’est ce qu’on veut faire avec Ousmane Sonko (qui effectue son ‘Nemeeku Tour’). Et nous n’accepterons pas qu’il soit sacrifié sur l’autel d’un troisième mandat. Notre peuple reste épris de justice’’.

Le Forum du justiciable dénonce des propos inacceptables

Les positions défendues par les membres de la Conférence des leaders de Yewwi Askan Wi n’ont toutefois pas bonne presse auprès de tous les Sénégalais. Un qui s’en est offusqué est le leader du Forum du justiciable.

Selon Babacar Ba, ces propos sont inacceptables, dans un État de droit : ‘’Le Forum du justiciable condamne fermement les propos tenus par les leaders de Yewwi Askan lors de leur point de presse. Ces propos qui sonnent la révolte et mettent la pression sur la justice sénégalaise sont inacceptables dans un État de droit.

La justice joue un rôle essentiel pour l’équilibre de la société et la nation entière lui doit un respect inaltérable. Le Forum du justiciable appelle donc les acteurs politiques et leurs sympathisants au calme et à la sérénité, et de laisser la justice faire correctement son travail en toute indépendance.’’

L’organisation, qui s’identifie comme membre de la société civile, en appelle, par ailleurs, au sens de la responsabilité et de la retenue des acteurs politiques.

Lamine Diouf

 

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