Publié le 4 Nov 2012 - 17:05
BABACAR DIAGNE, AMBASSADEUR DU SÉNÉGAL À BANJUL

Les dessous d’une nomination

 

 

On en sait un plus sur les raisons de la nomination de Babacar Diagne, au poste d’ambassadeur du Sénégal en Gambie en remplacement de Ngongo Dieng. Selon des sources dignes de foi, la nomination du désormais ex-directeur de la Radio télévision sénégalaise (RTS) répond à une volonté du président gambien de renouer le fil du dialogue entre le Sénégal et la Gambie interrompu depuis l’exécution, vers fin août dernier, de trois ressortissants sénégalais à Banjul condamnés à mort.

 

''Depuis cet incident, souffle-t-on, Yaya Jammeh s’est senti de plus en plus isolé par la communauté internationale. Il a demandé, par l’intermédiaire du président mauritanien (Mohamed Ould Abdel Aziz, Ndlr), à Macky Sall et à Alassane Ouattara de la Côte d'Ivoire de lui envoyer rapidement un ambassadeur. Il espère, à travers cette décision, normaliser ses relations avec les deux pays''. Ce que l’homme fort de la Gambie semble réussir puisque, selon nos informations, le président ivoirien est actuellement en visite officielle en Gambie.

 

Le nouveau chef de la diplomatie sénégalaise en Gambie ne sera pas trop dépaysé. L’ancien patron de la RTS a l’avantage de très bien manier la langue de Shakespeare. Ce profil aurait pesé sur le choix du président de la République. ''C’est un professeur d’anglais qui a de l’entregent'', indiquent nos interlocuteurs.

 

Mais ces ''atouts'' seront-elles suffisantes à Babacar Diagne pour faire face aux enjeux géostratégiques (crise en Casamance et en Guinée Bissau) qui impliquent les deux pays ? Le Sud du Sénégal est en proie à une rébellion vieille de 30 ans. Ses accointances avec le régime de Jammeh constituent un obstacle majeur au retour à la paix. Il s'y ajoute les misères que Banjul fait vivre aux transporteurs et voyageurs sénégalais aux bacs de Faréfégné ; le voisin sénégalais faisant traîner de surcroît le projet de construction d'un pont sur cette partie du fleuve Gambie.

 

Honni avant le 25 mars 2012, jusqu'à s'attirer à la veille du second tour de la dernière présidentielle les foudres du candidat de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) mécontent des méthodes à la ''Pravda'' (journal de propagande de l’ex-URSS) de la RTS sous Babacar Diagne, les deux hommes se sont rapprochés par la suite. ''Babacar Diagne a fini par gagner la confiance du président de la République grâce à leur proximité. Il accompagne le président dans ses déplacements à l’étranger pour veiller sur le travail des reporters de l’équipe de la RTS'', confient nos sources. Un travail au corps payant, comme M. Diagne y est parvenu en conseillant Abdoulaye Wade après l'avoir fait pour son prédécesseur Abdou Diouf.

 

 

DAOUDA GBAYA

 

 

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