Publié le 23 Sep 2020 - 16:23
BARCELONE

Luis Suárez à l’Atlético, la fausse bonne idée ?

 

Annoncé en Italie, et plus précisément à la Juventus, Luis Suárez va finalement rester en Espagne puisque, selon toute vraisemblance, il devrait signer dans les prochaines heures avec l'Atlético de Madrid. Un fit parfait sur le papier, sauf que cette idée pourrait très vite se révéler être contre-productive.

 

Netflix n’a qu’à bien se tenir, le Barça a ringardisé toutes les séries de la plateforme avec son nouveau feuilleton Le mercato 2020. Après un premier épisode palpitant "Lionel Messi se queda" et en attendant le troisième "Memphis Depay, el nuevo Johan Cruyff", les Blaugrana sont en train de boucler le deuxième épisode "Adios Luis Suárez". Attention spoiler si vous n’avez pas encore eu le temps de vous mater cet épisode riche en rebondissements. Blessé en fin de saison dernière et moins mordant qu’il y a quelques années, l’Uruguayen n'entre pas dans les plans du nouveau coach Ronald Koeman. Une aubaine pour la Juventus en quête d’un numéro 9 pour remplacer Gonzalo Higuaín, parti à l'Inter Miami.

Problème, si Luis Suárez est considéré comme européen en Espagne – en raison de sa femme italienne –, ce n’est pas le cas en Italie où il est extra-communautaire. La Juventus n’ayant plus de places disponibles, l’arrivée de Luis Suárez est liée à l’obtention de son passeport italien, qu’il pourrait obtenir via sa femme. Sauf qu’après un examen passé à Pérouse, il s’avère que la mission est impossible à réaliser avant la date butoir du 6 octobre prochain. Tant pis, l’ancien de Liverpool aurait trouvé un nouveau point de chute parfaitement adapté pour lui : L’Atlético de Madrid. Quel cliffhanger.

Simeone, Luis Suárez, Diego Costa, nés pour s'aimer

A priori, cette arrivée de Luis Suárez est un fit parfait. Pour le club déjà, qui remplacerait un Álvaro Morata dépressif – qui va tenter de retrouver le sourire qu’il a perdu depuis son départ à la Juventus en retournant à Turin – par un tueur à gage qui, contrairement à l’Espagnol, ne rate jamais une occasion de planter. Pour Luis Suárez aussi, l’Atlético semble être le club qui lui correspond le mieux. Alors qu’il n'aurait été que la troisième roue du carrosse offensif à la Juventus (derrière Cristiano Ronaldo et Paulo Dybala), l’ancien de l’Ajax Amsterdam va pouvoir être la tête d’affiche offensive d’un club qui joue la Ligue des champions, contrairement à la Roma ou l’Inter Miami aussi intéressés. Et quoi de plus beau finalement que de voir Luis Suárez évoluer sous les ordres du « Cholo » Simeone ? Mieux, quoi de plus beau – ou de pire selon si vous êtes de la famille des défenseurs adverses – que de voir une doublette offensive composée de Luis Suárez et de Diego Costa, si celui-ci ne déménage pas d’ici la fin du mercato ? Et pourtant, cette idée semble pourtant s’avérer foireuse.

C'est quoi le projet ?

Alors oui, Luis Suárez n’a jamais marqué moins de 16 buts en Liga par saison depuis son arrivée en Espagne en 2014, quand Álvaro Morata, lui, n’en a jamais planté plus de 15 par saison depuis le début de sa carrière tous championnats confondus. Sauf que l’Uruguayen n’aura plus les passes décisives de Lionel Messi, ni les centres millimétrés de Jordi Alba qui lui permettaient de conclure seul aux six mètres et ainsi gonfler ses statistiques. Il n’aura plus non plus une équipe offensive derrière lui, qui a planté sur les cinq dernières saisons respectivement 112, 116, 99, 90, 86 buts. Mais plutôt une bande regroupée derrière qui a, elle, marqué « seulement » 63, 70, 58, 55 et 51 pions sur les cinq dernières années. Et ce n’est pas Luis Suárez, aussi adroit devant le but soit-il, qui va faire changer la manière de jouer du Cholo. D’autant plus que l’ancien de l’Ajax Amsterdam vient de terminer sa pire saison statistique depuis 2006-2007 et sa découverte de l’Europe avec Groningen. Pire : il est désormais un trentenaire aux jambes lourdes qui a déjà manqué 246 jours en raison d’une blessure lors des deux dernières saisons. Un chiffre que seuls Abou Diaby et Yoann Gourcuff peuvent trouver léger.

L’idée n’est pas de dire que Luis Suárez est devenu un joueur de district, il reste un attaquant extraordinaire. Mais que va-t-il apporter réellement à l’Atlético de Madrid, si ce n’est quelques pions ? Son caractère bien trempé ? Sa manière de simuler pour gratter du temps ou pour provoquer l’expulsion d’un adversaire ? Son sens du sacrifice ? Autant d’éléments que les hommes de Diego Simeone maîtrisent déjà à la perfection. Et peut-être même mieux que l’Uruguayen.

Et finalement, avec cette arrivée, l’Atlético va continuer de sombrer dans cette volonté de jouer dur avec des joueurs qui se sacrifient sur le terrain qui ne fonctionne plus vraiment depuis 2016 et la finale de C1 perdue face au Real Madrid. Et tant pis si le recrutement des dernières années – Thomas Lemar et João Félix en tête – va à l’encontre de cette stratégie.

Si stratégie il y a. Est-ce que l’Atlético serait allé chercher Luis Suárez si le Barça n’avait pas accepté de faire l’impasse sur sa dernière année de contrat, laissant l’Uruguayen débarquer libre à Madrid ? Probablement pas. Cela montre donc qu’il s’agit seulement d’une opportunité, sans que cela soit vraiment réfléchi. Et le manque de réflexion lors d’un transfert a rarement mené à un coup gagnant. Et dans ce cas précis, il y a fort à parier que ce soit un coup perdant. Du moins pour les amoureux du beau jeu qui espéraient enfin voir João Félix dicter le jeu des Colchoneros.

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