Au moment où les pro-Khalifa Sall faisaient face,  hier,  sur la Vdn, aux forces de l’ordre, les leaders de l’opposition ont préféré tout simplement se barricader à l’intérieur de la permanence de Bokk Gis Gis.

C’est à croire que les leaders de l’opposition réunis dans le Collectif des 25 candidats à l’élection présidentielle de février 2019 limitent seulement leurs actions dans les salles de conférence et autres lieux où ils tiennent souvent leurs rencontres. Hier, Idrissa Seck, Malick Gakou, Ousmane Sonko et les autres responsables de l’opposition réunis à la permanence de la Convergence libérale et démocratique/Bokk Gis Gis (Cld/Bgg) pour les besoins d’un point de presse, ont refusé de suivre les pro-Khalifa Sall dans leur volonté d’investir la rue. ‘’Trêve de discours. Nous ne pouvons pas concentrer tout le temps nos actions dans les salles de réunion pour dénoncer seulement les actions du régime. Il faut sortir dans la rue et mener le combat’’, fulmine un jeune ‘’khalifiste’’, pierre à la main. Mais il a prêché dans le désert.

Les leaders de l’opposition, qui ont même écourté leur point de presse après seulement la lecture du discours liminaire par le coordonnateur du Front de résistance nationale, Moctar Sourang, par ailleurs leader de l’Union nationale du peuple (Unp), ne se sont pas du tout hasardés à sortir. Ils ont simplement pris place dans l’antichambre de la salle de conférence de Bokk Gis Gis, au moment où les pro-Khalifa Sall investissaient la Vdn. Ces derniers n’ont pas mis du temps pour brûler des pneus sur la chaussée, bloquant ainsi la circulation sur cet axe pendant plus d’une dizaine de minutes avant que les forces de l’ordre ne se déportent sur les lieux. A coups de grenades lacrymogènes, les gendarmes  ont, en un temps record, réussi à disperser les manifestants qui ont aussitôt battu en retraite. Mais c’était pour délocaliser la bataille sur les deux voies de Sacré-Cœur, en face de la permanence même de la coalition Taxawu Dakar. Là aussi, ils ont brûlé des pneus et bloqué le trafic routier avant qu’ils ne soient à nouveau dispersés par les forces de l’ordre.

 Appel à la résistance nationale

Pourtant, peu de temps avant le démarrage des hostilités par les pro-Khalifa Sall, le C25 a émis un appel à la résistance nationale à l’endroit du peuple sénégalais. ‘’Nous appelons le peuple sénégalais, dans tous ses compartiments, à la résistance nationale. Le pays fait face, désormais, à une situation sans précédent et le défi qui lui est lancé doit être relevé’’, fulmine Moctar Sourang, Coordonnateur du Front de résistance nationale. Selon le leader de l’Union nationale du peuple (Unp) qui a lu la déclaration liminaire du C25, Macky Sall, plutôt que d’organiser normalement les élections libres et transparentes, construit une confiscation du pouvoir par un coup d’Etat électoral. ‘’Il ne compte désormais plus que sur les forces de défense et de sécurité et l’espoir d’une apathie citoyenne et d’une désunion de l’opposition pour atteindre son sinistre objectif. C’est pourquoi nous lançons à celles-ci un appel solennel pour qu’elles se tiennent résolument à l’écart de toute tentative de les amener à renier leur vocation consistant à assurer la sécurité du peuple’’, a-t-il déclaré.

Pour sa part, Malick Gakou estime que trop, c’est trop. ‘’Nous n’allons plus tolérer l’intolérable, encore moins accepter l’inacceptable. Aujourd’hui, c’est notre démocratie et sa survie qui sont menacées. Le président Macky Sall et son régime veulent nous faire accepter un diktat inacceptable pour le peuple sénégalais.

C’est la raison pour laquelle le C25 et les forces vives de la nation s’organisent pour organiser la résistance nationale afin de défendre le Sénégal, sa démocratie et les libertés dans notre pays’’, lâche le leader de la Grande coalition de l’espoir/Suxxali Sénégal, recalé à l’étape du parrainage.

Pour porter le combat et avoir gain de cause, Malick Gakou estime, en effet, qu’aucune action ne sera de trop. ‘’Le président Macky Sall nous a montré toute sa détermination à ne ménager aucun effort pour fouler au pied les principes sacro-saints d’une démocratie et d’une organisation d’élection libre, démocratique et transparente. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé, avec la même détermination, sinon plus, de nous mobiliser avec les forces vives de la nation et le peuple sénégalais pour faire face, afin de sauvegarder les intérêts supérieurs de la nation et de défendre la patrie’’, fulmine-t-il.

Sauf que cette déclaration, à la limite guerrière, s’est arrêté dans les locaux de la permanence de la Convergence libérale démocratique/Bokk Gis Gis.

ASSANE MBAYE