Publié le 19 Aug 2019 - 16:15
CHEIKH SARR (COACH SENEGAL)

‘’On a failli en termes de sérénité et de lucidité’’

 

Le coach du Sénégal estime que le Nigeria mérite amplement son titre de champion d’Afrique. Cheikh Sarr regrette le fait que ses joueuses aient manqué de lucidité et de sérénité, dans le money time. Pour le sélectionneur national, l’heure est à la réflexion pour la reconstruction de l’équipe.

 

La défaite

‘’On est juste désolé. Désolé pour tout le soutien du peuple sénégalais et celui du public. On voulait vraiment le faire, mais on a eu des limites au niveau des rebonds. On a perdu beaucoup de ballons : 26 pertes de balle, c’est beaucoup. Mais le Nigeria mérite largement de remporter ce tournoi, parce qu’on leur a donné 13 rebonds offensifs gratuitement. Et dans le money time, on a perdu beaucoup de ballons et on n’a pas su provoquer des fautes. C’est dommage, mais nous tenons à vraiment remercier tous les Sénégalais d’ici et d’ailleurs qui nous ont soutenus jusqu’au bout. Ils y ont cru. Il y a des moments difficiles où on revenait à égalité, mais on a manqué de lucidité et de sérénité. Et on a payé cash.’’

Deuxième défaite d’affilée contre le Nigeria

‘’Cela fait très mal. Cela fait deux ans et on a eu le temps de revoir tout ça, de se préparer et d’ajouter de la plus-value à cette équipe. Le Nigeria ne dormait pas, non plus. Ils ont ajouté des joueuses capables de s’opposer à n’importe quelle équipe au monde. A la Coupe du monde, elles ont été très costaudes, même nous aussi. On a failli en termes de sérénité et de lucidité dans le money time. C’est dans cette période que se gagnent les matches. On a perdu 26 rebonds. Et les plus importants, on les a perdus dans les deux dernières minutes. Cela fait très mal.’’

La force du Nigeria

‘’Le Nigeria dispose de joueuses extérieures très costaudes, solides, qui défendent à la limite de la faute. On a dit ça aux arbitres avant le match, pour leur expliquer que les trois secondes, ce n’est pas permis, mais on n’a pas été écouté. On veut faire un basket propre, mais ce n’est pas évident. Ce genre de basket, elles ne le feront pas en Europe ou ailleurs. C’est en Afrique qu’on le permet. Si tu as en face des joueuses qui sont très costaudes et solides qui t’empêchent de progresser, si tu n’es pas habitué, tu seras très fatigué et tu vas perdre beaucoup de ballons. C’est ce qui nous est arrivé, aujourd’hui. Moi, j’ai passé mon temps à parler de ça aux arbitres, mais ils ne m’écoutaient pas. Ce qui est déplorable, c’est qu’en bas, on essaie de travailler très dur en levant les bras, mais on siffle des fautes contre nous. Ce n’est pas une excuse, mais c’est des faits. Il n’y a pas que ça. Il y a d’autres paramètres.’’

La prestation du Sénégal dans l’ensemble du tournoi

‘’On a joué huit matches en tout, avec la préparation, on en a gagné sept et perdu un seul contre l’équipe championne en titre, qui est venue défendre crânement sa couronne. Ce n’est pas facile. Je pense qu’on devait avoir plus de cran, en un moment donné du match. On est revenu très fort, parce qu’on leur a causé beaucoup de problèmes dans la sortie de balle, pressing zone-presse. Toutes les deux équipes faisaient ça. Mais après, il fallait monnayer, quand tu reçois la balle. Pendant deux minutes, on a eu cinq fautes, on n’était pas capable de provoquer. Quand on l’a fait, on a raté beaucoup de lancers francs. On est à quatorze sur vingt-deux lancers francs, alors qu’elles, elles les mettaient. On s’entraine dur. Pendant les séances d’entrainement, on ne les rate pas et durant la période des money times, il n’y pas assez de lucidité pour les mettre.’’

L’avenir de l’équipe

‘’Il faut faire une bonne prospection. L’équipe du Nigeria a construit son équipe sur la base de la jeunesse. Quand vous voyez les arrières, c’est entre 23, 24, 25 et 26 ans. Les plus anciennes jouent dans le haut niveau, en Espagne, en France et ailleurs. Cela s’est construit pendant longtemps. Depuis la défaite de 2017, on a essayé de renouveler, apporter une plus-value, mais il y a après les blessures. Des joueuses ont subi des opérations, c’est  le cas de Léna Niang, Yacine Diop, entre autres. Mais ces jeunes peuvent rester pendant longtemps en équipe nationale. Il fallait renforcer cette équipe avec des joueuses comme Fatou Diagne, qui n’ont pas d’expérience. Je pense qu’il faut continuer dans ce sens. Encore travailler, développer le jeu et cette mentalité de la gagne pour aller dans le tournoi des Tqo pour défendre nos chances. Il y a matière à réfléchir par rapport à qui doit rester et qui doit partir.’’

LOUIS GEORGES DIATTA

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