Publié le 8 Feb 2012 - 22:09
Commentaire Amara limogé

On a cassé le thermomètre pour faire baisser la fièvre

Quand il y a désamour entre un pays de football et son équipe nationale le fusible le plus facile à faire sauter est effectivement l'entraîneur. Mais le Sénégal méritait-il de passer le premier tour d'une Can qui n'était assurément pas à sa portée. On a cru que mettre côte à côte une pléiade de footballeurs, qui font les beaux jours de clubs européens, suffirait à nous rapporter ce trophée que nous convoitons désespérément depuis qu'il existe. Nous avons cru que battre trois équipes en quelques matches faisait de nos Lions des favoris alors qu'une équipe se forme et devient compétitive au bout d'une trentaine de matches. C'est là qu'il convient de pointer que la personne à laquelle on ne demande pas du tout de rendre des comptes est notre Dtn. En effet, c'est le DTN, en l’occurrence Amsata Fall, qui détermine la politique sportive que doit suivre toute la chaîne qui aboutit à la sélection nationale, qui n'est que le produit, la vitrine de cette politique. Nous avons des joueurs qui sont formés, la plupart du temps par des techniciens locaux, indépendants de clubs navétanes souvent, qui les élèvent un peu comme on élèverait des moutons en vue de la Tabaski, qui sont repérés et envoyés se muscler en Europe et qu'on nous renvoie quand les français n'en veulent plus. Mais point de joueurs formés au terme d'un plan de formation et de croissance de nos footballeurs. Point de compétitions de jeunes, point de concours des jeunes footballeurs, point de campagne de détection des talents, point de remise à niveau de nos entraîneurs qui le plus souvent sont juste de bonne volonté, Toutes choses qui relèvent du domaine réserve du Directeur Technique National. Nous n'avons pas de stades dignes de ce nom, aucun club local qui passe le premier tour d'une Coupe d'Afrique, des championnats qui attirent 300 spectateurs par match, lesquels sont d'un spectacle indigent, et vous voulez que l'on gagne une CAN ? Faut pas rêver !!! Amara n'a été pris que sur la foi de l'irrationnel. « Il a de la chance cet homme. Pensez donc qu 'il a gagné la coupe de France avec Guegnon que pas un français ne savait situer sur la carte de France, qu'il fait la campagne de 2002 avec nos Lions historiques sans jouer une seule minute, qu'il a gagné la coupe du Sénégal avec la Linguère de Saint-Louis, alors en seconde division, qu'il mène ensuite en première division, pour la même année en faire la championne du Sénégal sans même un terrain gazonné ». Cela a suffi pour en faire notre sélectionneur. Qu' a dit alors notre DTN ? Rien. Il donné son onction. La finale de cette Can va opposer deux équipes qui ont profité d'un travail en profondeur de plus d'une dizaine d'années. La Côte d'Ivoire aligne la génération de l'Académie des Mimosas de l'ASEC, Drogba excepté, et la Zambie aligne une génération reconstruite avec méthode, patience et abnégation, autour des valeurs de combativité des populations qui composent ce pays de l'Afrique Australe, après que son équipe mythique a été décimé dans un crash aérien justement au-dessus du Sénégal. Le troisième quart de finaliste, le Ghana, alignait des sélectionnés qui depuis douze années ont trusté les titres continentaux et même mondiaux des catégories cadettes et juniors. Virer Amara Traoré sans se poser ces question équivaut à mettre un emplâtre sur une jambe de bois. Nous devrions nous fixer des objectifs et définir des moyens pour y arriver, plutôt que comme d'habitude compter sur le facteur chance pour espérer remporter une compétition qui nous échappe depuis sa création sans que nous ne nous remettions en question une seule fois. Tant qu'on amènera dans nos bagages plus de marabouts que de compétences, nous finirons toujours nos campagnes par de stériles discussions qui nous évitent de nous poser la question qui fait mal : Quand travaille-t-on ?

 

 

 

 

 

 

Jean Pierre Corréa

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