Publié le 4 Jun 2012 - 15:43
CONSEIL DES MINISTRES À SAINT-LOUIS

Le protocole s'affaire, les populations dans l'espoir

 

Saint-Louis va ouvrir le bal des Conseils de ministres décentralisés. Ce jeudi, le président Macky Sall, son Premier ministre et ses ministres vont se pencher sur les difficultés économiques de la vieille ville. Les repérages du Protocole de la présidence ont débuté, le chef de l'Etat devant y passer la nuit. Et un conseil interministériel présidé par Abdoul Mbaye se épluchera les différents dossiers ce mercredi.

 

Le président de la République, le Premier ministre, les ministres et leurs collaborateurs sont attendus à Saint-Louis ce jeudi. Ici, se tient pour la première fois au Sénégal un Conseil des ministres, comme le chef de l'Etat l'avait annoncé lors de sa dernière adresse à la nation et consacrée à l'annonce de la suppression d'agences et d'autres directions budgétivores. On rappelle au passage qu'un Conseil interministériel sur les inondations avait été tenu dans la capitale du Nord en 1993 sous la présidence d'Abdou Diouf.

 

Déjà en visite de reconnaissance, le chef du Protocole de la Présidence, Bruno Diatta, était à Saint-Louis en compagnie d'une forte délégation. Il s'est rendu au Conseil régional où devra se tenir le Conseil des ministres. Guidée par le gouverneur Léopold Wade et le maire Cheikh Bamba Dièye, la délégation a également visité la suite de la gouvernance ainsi que l'hôtel Maison Rose. L'un de ces deux endroits sera choisi comme dortoir pour le président Macky Sall qui passera la nuit de jeudi dans la ville. Selon nos informations, des «directives fermes» ont été données au secrétariat général du Conseil régional afin que le bâtiment public fasse peau neuve.

 

Avec son bureau ovale, le Conseil régional de Saint-Louis dispose d’une salle adéquate pour tenir ce conseil de ministres. Cependant, la climatisation y fait défaut, une remarque faite par le protocole dont l'un des chefs, Massamba Sarr, a indiqué que toutes les dispositions seront prises à cet effet. La même préoccupation a été exprimée pour la sonorisation de la salle.

 

Mais qu'attendent les populations d'une telle innovation ? L’ancienne capitale du Sénégal est une ville d'agriculture, de tourisme, de pêche, d’éducation, d’histoire avec son riche patrimoine matériel et immatériel... Ces habitants espèrent donc que les difficultés liées à ces secteurs seront débattues et bien prises en compte. La pêche, principale activité traditionnelle, souffre de l'éternel problème des licences octroyées par la Mauritanie aux pêcheurs de Guet-Ndar. A ce casse-tête, s’ajoutent la mévente et l’inconfort des sites de transformations halieutiques.

 

Côté tourisme également, les obstacles sont là contre le développement du secteur ! Avec près de 5000 visiteurs annuels à travers les nombreux festivals organisés organisés et grâce aux sites touristiques situés sur la langue de Barbarie et dans les villages environnants. «Nous espérons que le gouvernement se penchera sur les questions liées à l'insécurité, l'agrandissement de l’aéroport, l'insalubrité», indique Doudou Gaye, directeur de l’hôtel Maison Rose.

 

S'agissant du patrimoine bâti, sujet de campagne électorale naguère soulevé par l'ancien président, il devrait occuper une place importante en Conseil des ministres. Aujourd'hui, dans cette île classée patrimoine mondiale par l'Unesco, des maisons s’écroulent sous le poids de l’âge. En collaboration avec la mairie de Saint-Louis, le partenariat Lille-Saint Louis, appuyé par d’autres bailleurs, réhabilite quelques maisons dans un projet qui rentre en droite ligne avec les objectifs du programme touristique financé par l’Agence française de développement (AFD). Ce qui devrait permettre de restaurer les avenues Jean-Mermoz, la place Faidherbe et le port polonais situé sur l’Hydrobase.

 

Par ailleurs, les populations attendent beaucoup de Macky Sall sur les promesses de Me Wade concernant un port fluvio-maritime, la réhabilitation des ponts Masseck Ndiaye et celui de Moustapha Malick Gaye... L'agriculture ne sera pas en reste si l'on sait que la région a été peinte comme la Californie sénégalaise. Mais à cause d'une «mauvaise politique agricole», le secteur tarde à s'affirmer malgré l'eau en abondance. Plus de 300 mille mètres cubes d'eau fluviales se jettent quotidiennement dans la mer avec l'ouverture de la brèche depuis 2003 pour sauver Saint-Louis des inondations. Dans le Walo comme dans le Fouta, les producteurs souffrent de gros problèmes liés à l'écoulement des produits faute de pistes praticables, surtout en période hivernale.

 

Ainsi ce conseil des ministres est très attendu et va constituer un point de départ pour l'envol économique de cette région qui regorge de beaucoup de ressources. Une activité de travail pleine de sens et de symbole dont les responsables de l'APR ont reçu comme ordre de ne pas la politiser. Le chef de l'Etat passera la nuit dans la ville pour des audiences politiques.

 

FARA SYLLA

correspondant, Saint-Louis

 

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