Publié le 9 Nov 2012 - 20:00
COUR DE RÉPRESSION DE L'ENRICHISSEMENT ILLICITE

Karim Wade & Co sur le gril, Me Wade blanchi

 

 

Tête de liste des présumés enrichis illicitement sous l'ancien régime, Karim Wade sera entendu par les gendarmes jeudi prochain, s'il consent à revenir à Dakar. Lui en premier car il a été au cœur du dispositif mis en place par Abdoulaye Wade. Il sera suivi des ex-ministres Oumar Sarr, Abdoulaye Baldé, Madické Niang et Samuel Sarr, puis par les ex-directeurs Doudou Diagne (Urbanisme) et Tahibou Ndiaye (Cadastre).

 

Le ton a été donné hier. La Cour de répression de l'enrichissement (CREI) illicite va traquer toutes les personnes qui auront détourné les biens de l'État durant la gestion de l'ancien régime (2000-2012). Et pour la phase test, ce sont d'anciens pontes du régime d'Abdoulaye Wade qui sont expressément dans le collimateur du Procureur spécial près de la Crei et de ses collègues dont la démarche est fondée sur les procès-verbaux de la Section de recherches de la gendarmerie.

 

Pour ouvrir le bal, l'ancien ministre des Infrastructures et des Transports terrestres, Karim Wade, sera entendu le jeudi 15 novembre prochain après qu'une convocation en bonne et due forme lui a été envoyée, a précisé Alioune Ndao, le Procureur spécial qui faisait face à la presse hier. Le fils de l'ancien président de la République passera après le flambeau à d'autres dignitaires wadistes que sont les ex-ministres Oumar Sarr, Abdoulaye Baldé, Madické Niang et Samuel Sarr, de même qu'aux ex-directeurs de l'Urbanisme, Doudou Diagne, et du Cadastre, Tahibou Ndiaye.

 

Risque : 5 à 10 ans de prison

 

Selon Alioune Ndao, si les faits qui leur sont reprochés sont avérés, ils seraient passibles, comme le prévoit la loi, de peines de prison de 5 à 10 ans, en plus de devoir payer des amendes au moins égales à la somme détournée. Cette amende peut aussi être portée au double.

Le Procureur spécial, par ailleurs avocat à la Cour d'appel, estime qu'une absence du territoire national d'une quelconque personne d'entre celles attendues à la Section de recherches de la gendarmerie, ne saurait être acceptée. «Il y a toujours une possibilité dans le cadre de l'entraide internationale de les auditionner. A titre d'exemple, explique le magistrat, quand la Section de recherches de la gendarmerie donnait une convocation à Karim Wade, il était hors du pays. Pour vous dire que nous avons les moyens électroniques mais aussi les moyens juridiques et diplomatiques pour procéder à l'audition et à la traduction devant la juridiction. Nous osons espérer que Karim Wade sera là le 14 novembre. Nous attendons. J'ai d'ailleurs reçu la semaine dernière un de ses avocats qui m' en a donné la garantie.»

 

Dans cette foulée, les membres de la Crei peuvent compter, dans leur mission, sur l'appui du Procureur spécial de la Cour de répression des crimes économiques des États-unis, d'un colonel officier canadien et d'un magistrat français. Ils sont tous décidés à apporter un soutien de taille au gouvernement dans sa volonté de clarifier ce dossier des biens mal acquis. Mieux, Alioune Ndao et ses collègues soutiennent mordicus que «nul ne sera au-dessus de la loi. Et personne ne pourra se prévaloir de son immunité et de ses privilèges de juridiction. Même les marabouts impliqués dans des affaires d'enrichissement illicite ne seront pas épargnés».

 

Abdoulaye Wade et Aminata Niane épargnés

 

Si les députés peuvent trembler, l'ancien chef de l'État sénégalais et son ex-Premier ministre peuvent être tranquilles car il semble qu'ils aient été mis à l'abri de la machine judiciaire. Idem pour certains autres dignitaires du wadisme, à l'image de la directrice de l'Apix, Aminata Niane, épinglée par la Cour des comptes. «Nous sommes à la chasse des milliards de F Cfa. À ce que je sache, on reproche à l'ex-directrice de l'Apix un trou de 100 millions de francs Cfa. Or, notre attention est portée sur ceux qui ont détourné des milliards de francs Cfa», a dit le Procureur entouré du substitut spécial, Antoine Félix Dione, et d'autres magistrats.

 

La Cour de répression de l'enrichissement illicite a également tenu à nier les allégations sur l'inertie de cette juridiction dont on craindrait une mort lente comme celle mise en place par Abdou Diouf après son accession à la magistrature suprême en 1981. «La cour existe bel et bien. Elle a un siège, elle est fonctionnelle et travaille dans la discrétion. Nous avons pris l'option de communiquer après», a rétorqué le Procureur Alioune Ndao. La Crei n'a pas été créée pour mettre de la poudre aux yeux, a-t-il ajouté. Et ses membres ne se limiteront pas à placer uniquement le glaive au-dessus des autorités incriminées mais comptent aller au bout de leur logique.

 

«Cette instance est caractérisée par une volonté ferme du gouvernement sénégalais d'instituer la bonne gouvernance. Ce que nous sommes en train de faire émane de la demande sociale. Les autorités en sont conscientes. C'est dans cette dynamique que cette volonté de veiller aux ressources publiques sera traduite en actes», a dit M. Ndao. Dans des perspectives plus larges, «nous travaillons sur notre projet de transformer la Crei en Cour de répression des crimes économiques et financiers. Rendez-vous est pris le 14 novembre prochain pour réfléchir sur les modalités de la mise en place de cette cour qui aura plus de marges de manœuvre».

 

Avec comme domaines de compétence l'enrichissement illicite, la corruption et le recel connexe, la Crei entend exploiter les informations venant de tous bords pour des missions peu aisées. «Nous sommes conscients d'être très exposés. Nombreux sont ceux qui sont réfractaires à ce que l'on touche à leurs biens...»

 

 

Matel BOCOUM

 

 

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