Le profil idéal
À quatre ans de la retraite, Dijé Mandiaye Bah va se recycler à l’Assemblée nationale. Economiste de formation, administrateur civil ayant passé près de 30 ans dans l’Administration centrale, elle a une expérience qui pourrait être profitable à la 13e législature.
Si toutes les femmes admises à l’hémicycle avaient la même carrière qu’elle, on ne pourrait plus accuser la gent féminine d’avoir fait baisser le niveau à l’Assemblée nationale. Dijé Mandiaye Bah est de ces profils recherchés pour une Assemblée de qualité. Le deuxième député de Nioro, à côté de Moustapha Niasse, a de quoi tenir la dragée haute aux hommes. Après le Bac obtenu en 1980 au lycée Kennedy, elle débarque à l’Université de Dakar. Économiste de formation, cette dame, qui a vu le jour en 1961 à Saint-Louis, a eu sa maitrise en Science économique en 1986 avec comme option gestion des entreprises. Mais cette mère de 6 enfants n’a pas comme seul mérite d’avoir décroché des diplômes universitaires.
Administrateur civil, elle est de la promotion Kader Fall (1988-1990) de l’ex-Ecole nationale de l’administration et de la magistrature (Enam, devenue Ena). Affectée au ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales à sa sortie de l’Ena, elle est dans l’aménagement du territoire depuis 2001, en particulier sous le volet collectivité locale.
Aujourd’hui, elle est la directrice nationale de l’Etat civil. Un sujet dont elle parle avec passion. Ceux qui peinent à avoir des pièces d’identification trouveront sans doute en elle leur député. ‘’Le défi, aujourd’hui, est d’avoir un état civil électronique, fiable et accessible à tous les citoyens’’, souligne-t-elle.
Mais déjà, 16 millions d’actes sont numérisés et informatisés, révèle-t-elle. Le projet d’appui à l’état civil a permis de faire 75 % du chemin. À 4 ans de la retraite, Mme Bah n’a plus de challenge dans ce domaine. Ainsi elle quittera son poste actuel sans hésiter une seconde. ‘’J’ai fait plus de 27 ans à l’état civil. Je n’ai plus rien à prouver. En plus, le peuple m’a choisi une nouvelle carrière. J’ai le devoir de répondre à cette mission’’, lance-t-elle.
Mme Bah ne le dit pas, mais ce sera sans doute aussi une occasion de sortir de l’anonymat pour se placer sous les projecteurs. En effet, malgré près de 3 décennies de services, elle est quasi inconnue du grand public. L’Assemblée est donc une bonne vitrine pour se faire un nom et gravir les échelons dans l’Apr, sachant que d’ici 4 ans, elle aura plus de temps libre.
En attendant, elle espère remplir bien sa nouvelle mission avec une touche personnelle, grâce à son expérience. Elle dit avoir fait le droit administratif et que son premier métier consiste à rédiger des textes. Sans compter le fait qu’elle a toujours était dans l’Administration centrale. Ce qui lui a permis d’être témoin de toutes les réformes engagées depuis 1992. Si l’on y ajoute le fait qu’elle a été conseillère spéciale extraordinaire de l’Assemblée générale consultative de la Cour suprême.
Par ailleurs, même si elle est député pour la première fois, elle ne vient pas découvrir l’hémicycle. ‘’Je suis directrice nationale depuis 2005. En tant qu’administrateur de crédit, j’ai toujours accompagné mon ministre à l’Assemblée’’, rassure-t-elle.
Mme Bah est entrée en politique en 2004. Elle a fourbi ses premières armes au Pds. Un choix qui s’explique par la nécessité de répondre à un devoir citoyen, mais surtout de combler un vide. ‘’Dans ma localité et mon département, il y avait un besoin de cadres. Le personnel politique avait un faible niveau sur le plan intellectuel et de l’alphabétisation. J’ai pensé donc que je pouvais être de ceux qui devaient la conduire au développement’’, explique-t-elle. En 2012, elle rejoint l’Apr, le parti de son ‘’ami’’ Macky Sall.
Divorcée et remariée, la nouvelle parlementaire dit avoir choisi le social. Pour cette raison, elle s’est battue pour devenir cadre. Et en tant que musulmane, elle estime que c’est de son devoir de venir en aide à son prochain. Avec son nouveau siège, elle a désormais l’opportunité de faire du social avec tout un peuple.
BABACAR WILLANE