Publié le 3 Oct 2018 - 20:55
LA BAD ET LE GIABA UNISSENT LEURS FORCES...

Pour éradiquer les flux financiers illicites en Afrique

 

Examiner les défis et tirer les leçons des bonnes pratiques adoptées par les experts dans la lutte contre les flux financiers illicites. Partager les expériences en matière de recouvrement des produits de la criminalité. Explorer le rôle que les parlementaires peuvent jouer pour faciliter le travail des praticiens. Ce sont les objectifs de l'atelier qui s'est ouvert, hier, à Saly. Il regroupe des députés et experts de la justice d'une vingtaine de pays francophones.

 

''Quelle est la destination des flux financiers en provenance d'Afrique ? Qui sont les principaux acteurs et bénéficiaires ? Mieux encore, à qui profite le blanchiment d'argent, le financement du terrorisme et des délits fiscaux et autres crimes financiers ? Que doivent faire les parlements pour que la lutte soit effective, inclusive et en synergie dans nos différents pays ?’’ Voilà, entre autres, les interrogations soulevées par le député congolais Jean-Pierre Pasi Zapamba Buka, Président du Réseau des parlementaires africains contre la corruption (Apnac), pour montrer la profondeur et la gravité du phénomène des flux financiers illicites.

La Banque africaine de développement (Bad), en collaboration avec Groupe intergouvernemental d'action contre le blanchiment d'argent en Afrique de l'Ouest (Giaba) pose le débat, en regroupant des députés, juges, procureurs, membres des forces de l'ordre de plusieurs pays, pour élaborer un plan de guerre et situer les rôles de chacun dans la lutte contre les flux financiers provenant d'Afrique. 

''Nul besoin de rappeler les multiples richesses dont regorge le continent africain. Malheureusement, les dérives des politiques de captation des ressources exacerbées par la faiblesse des institutions et du système de gouvernance, tendent à compliquer les dysfonctionnements du processus d'émergence des économies africaines. A ce constat non moins alarmant, s'ajoutent les effets secondaires de la mondialisation marqués notamment par une internationalisation croissante des activités illicites'', alerte Mariame Ibrahim Touré Diagne, responsable de la recherche en publication et documentation au Service secrétariat du Giaba, par ailleurs, représentante du directeur général du Giaba.

Le représentant de la Bad, Facinet Sylla, d’indiquer que, sur les estimations actuelles, ''l'Afrique perdrait plus de 50 milliards de dollars américains par an, dans les flux financiers illicites. Cela correspond à peu près au montant de l'investissement total et à l'envoi total des fonds des migrants, et légèrement supérieur à l'aide publique au développement. Mais ces estimations pourraient bien être inférieures aux sorties réelles. Car il n'existe pas de données précises pour tous les pays africains. Une certaine forme distincte de flux financiers illicites est difficile à suivre et encore moins à estimer'', fait-il remarquer.

En regroupant ceux qui font les lois et ceux qui sont chargés de les appliquer, la Bad et le Giaba entendent construire une matrice d'actions contre ces fléaux. Car ''les perspectives d'une croissance saine de l'Afrique repose de plus en plus sur des politiques macroéconomiques généralement améliorées, une dette extérieure fiable, une stabilité politique et une bonne gouvernance. On a moins de conflits et des institutions plus démocratiques’’, avance M. Facinet. D’où l'implication des parlementaires. Une nécessité, selon les intervenants, parce qu'ils sont les sentinelles de la démocratie et de la bonne gouvernance.

''Pour autant qu'ils sont investis par les peuples d'Afrique d'une mission de contrôle de l'action gouvernementale, les parlementaires africains, en s'appropriant l'urgence de combattre les flux financiers illicites en provenance d'Afrique, à travers des mécanismes appropriés de coopération interparlementaire, pourront faciliter l'émergence de cadres législatifs et politiques solides pour éradiquer la fuite des capitaux, l'évasion fiscale par les grandes entreprises, la falsification des factures, la fausse facturation dans les opérations commerciales et la fixation abusive des prix de transfert'', explique Mariame Ibrahim Touré Diagne.

KHADY NDOYE (MBOUR)

 

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