Près de la moitié des sélections nationales africaines sont engagées cette semaine et en début de semaine prochaine dans des matches amicaux ou de préparation au Mondial. Un bonheur pour certaines, un calvaire pour d'autres, comme le Congo...

«Une parodie de stage». C'est en ces termes forts que Thievy Bifouma, l'attaquant des Diables Rouges du Congo, a choisi d'évoquer les raisons pour lesquelles il a quitté le rassemblement de son équipe nationale du côté d'Amiens. «Des conditions indignes du football pro...Je n'ai jamais vu un tel amateurisme...» Sous la plume de notre confrère Camille Delourme, Bifouma, qui n'a pas souhaité cautionner ces conditions, raconte avec détails comment le match de préparation unique programmé contre la Guinée Bissau lundi prochain, a été annulé... parce que ses dirigeants ont «refusé de payer les frais d'organisation». Il parle aussi des conditions d'hébergement et de déplacement. Edifiant.

Un match de remplacement contre la réserve de Lens a bien été fixé, mais le mal était fait...Bifouma, pour aller au bout de son raisonnement, évoque également des primes impayées depuis le dernier rassemblement de novembre. Ce qui devait être la reprise des activités de la sélection a tourné à la farce de mauvais goût. Après de longs mois passés à hiberner, cette fenêtre internationale de la fin mars, initialement prévue pour la 2e journée éliminatoire de la CAN 2019 (mais remplacée par une journée de préparations à la demande des Fédérations africaines concernées par le Mondial russe) tombait pourtant à pic. Les états-majors de certains pays ont évolué (Guinée par exemple, avec l'arrivée du Belge Paul Put) et pour les autres, en tout cas ceux sollicités pour servir de sparing partners aux Européens ou aux Asiatiques, cette période était l'occasion de programmer un rassemblement et un, voire deux matches internationaux. L'objectif étant à la fois de faire une revue d'effectif la plus complète possible et d'élargir le groupe en essayant éventuellement quelques joueurs.

Thievy Bifouma espère que ses propos serviront d'électrochoc à chacun pour repartir sur de meilleures bases.

Mercredi soir, en région parisienne, le Togo de Claude Le Roy défiait Madagascar. D'un côté, une nation déjà mondialiste (2006) et habituée aux phases finales de la CAN, arrivée avec sa star Sheyi Adebayor. En face, un autre technicien français, Nicolas Dupuis. En l'espace d'un an, le coach des Barea a transformé son groupe en un adversaire respecté et désormais, un peu plus craint depuis ses victoires sur l'Ouganda ou à Khartoum contre le Soudan (3-1, élim. CAN 2019). Le résultat (0-0) ne dit rien de la domination des Barea, emmenés par Ima Faneva (Le Havre). Sans quelques sauvetages sur la ligne ou parades du gardien togolais, pourtant pas exempt de tout reproche, les Eperviers auraient mordu la poussière. Madagascar, constitué à 80% d'expatriés et de binationaux, est en stage dans les environs d'Amiens. Sans bruit ni plainte aucune, l'équipe de la Grande Ile progresse, lentement mais sûrement. Elle tentera samedi d'arracher un succès face au Kosovo.

D'autres pays, dont on sait qu'ils n'accordent pas forcément des moyens disproportionnés au football, se préparent activement. La Centrafrique, en Gambie. Les Comores, au Maroc. Tous ont en commun la volonté de disputer la première phase finale de CAN à vingt-quatre nations, au Cameroun en juin 2019. Le fait que les deux premiers classés de chaque groupe éliminatoire a aiguisé les appétits des uns et des autres. Les perspectives économiques représentées par une participation au tournoi final aussi. Qu'en sera-t-il du Congo Brazzaville, qui remporta la CAN en son temps (1972, à Yaoundé) du temps des François M'Pelé et de Jean-Michel Mbono «Sorcier» l'actuel président de la fédération ? La sélection et le staff, emmenés par le Français Sébastien Migné, sauront-ils se remobiliser, après les couacs du stage en Picardie ? Thievy Bifouma, et il l'a dit d'ailleurs, espère que ses propos serviront d'électrochoc à chacun pour repartir sur de meilleures bases. Des bases dignes d'une sélection internationale.

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