Monaco, faible avec les faibles, fort avec les forts
Vainqueur d'un match passionnant à Bollaert face à Lens ce dimanche (2-3), Monaco a une nouvelle fois cultivé son étiquette de poil à gratter pour les grosses équipes de Ligue 1. Doucement mais sûrement, l'ASM s'est replacée sur le podium et pourrait bien jouer de vilains tours à de nombreuses formations dans la course à l'Europe.
Décidément, il y a quelque chose d’inexplicable qui fait qu’on redemanderait tous les week-ends des Lens-Monaco. La première confrontation de la saison entre les deux formations avait donné lieu à un récital monégasque face à des Nordistes entrés piano piano dans leur saison, la deuxième, en Coupe de France, s’était réglée au bout d’une folle séance de tirs au but, et la troisième, qui a eu lieu ce dimanche, a été un feu d’artifice rare pour notre championnat, au point de se placer peut-être tout en haut des plus beaux matchs français de l’exercice en cours. Au bout du compte, ce sont des Asémistes souvent désorganisés, mais très tenaces qui ont remporté la mise (2-3), histoire d’ajouter un brin d’illisibilité supplémentaire à leur saison. Souvent embêté par les « petits », Monaco sait se sublimer contre les gros, et vient de prouver encore une fois qu’il faudra compter sur lui jusqu’au bout.
L’énigme Balogun, à l’image de son équipe
Le contenu de son match à Bollaert était d’ailleurs révélateur de ce double visage permanent. En première période, on a aperçu une équipe prête à mordre dans chaque espace laissé, bien aidée certes par les vagues lensoises souvent très hautes. En seconde, on a plutôt vu une équipe qui s’est peu à peu délitée, au point d’être totalement acculée par les Sang et Or, mais qui s’est relevée dans les derniers instants grâce au génie de Takumi Minamino, alors qu’elle était sur le point de craquer définitivement. Entre-temps, il y a aussi eu l’énigme Folarin Balogun, qui a retrouvé le chemin des filets pour la première fois depuis trois mois, mais qui a aussi raté un penalty importantissime, soit son quatrième loupé dans l’exercice depuis son arrivée sur le Rocher.
La prochaine fois, Youssouf Fofana y réfléchira sans doute à deux fois avant de laisser le ballon à l’international américain, mais en attendant un éventuel penaltygate, Adi Hütter a laissé parler sa joie quant à la prestation de ses garçons. « C’était un sacré match entre deux équipes qui se sont beaucoup battues jusqu’au bout. […] On a très bien commencé, on a mis beaucoup de pression. C’était différent en seconde, nous devons nous améliorer, mieux finir les actions. J’espère que ça va apporter de la confiance avant un gros match contre le PSG, la meilleure équipe du championnat. Nous devons faire mieux à domicile », a-t-il lâché en conférence de presse. L’Autrichien ne s’y trompe pas, c’est bien le leader du championnat, invaincu depuis dix-neuf rencontres, qui s’avancera le week-end prochain à Louis-II pour un choc au sommet. Et Monaco a des arguments : en douze matchs disputés face à des équipes de première partie de classement, l’ASM s’est imposée sept fois.
Paris réussis pour Hütter
Ce succès en terre lensoise a aussi le mérite de redonner du crédit à l’entraîneur monégasque, légèrement tancé ces derniers jours après l’élimination à Rouen en Coupe de France, puis la déroute face à Toulouse. Sans faire de bruit, l’Autrichien a pris ses responsabilités : dans la cage, exit Philipp Köhn, faites de la place à Radosław Majecki. Choix payant, puisque le Polonais a été brillant, ce qu’a d’ailleurs apprécié son entraîneur : « Après le match contre Toulouse, c’est la première fois que je me suis dit qu’il fallait reconsidérer la situation des gardiens. On a discuté de tout cela avec le staff technique, et Radek a fait de très bons entraînements ces derniers mois. Je pense que c’est définitif comme choix. Pourquoi je rechangerai maintenant ? »
La cerise sur le gâteau s’appelle Minamino, en difficulté lors de sa première saison à Monaco l’an dernier, et désormais l’un des maillons forts du secteur offensif de l’ASM. Lui qui n’avait plus marqué depuis début décembre avec son club a sûrement réalisé sa meilleure prestation depuis son transfert en Principauté, en étant dans tous les bons coups et surtout auteur de deux pions, dont un bijou pour offrir trois points précieux à son équipe. « J’y ai cru jusqu’au bout. Je voulais tenter ma chance, faire quelque chose pour mon équipe. […] On veut aller en Ligue des champions, c’est notre objectif », a conclu le discret Japonais au micro de Prime Video. Vu le rythme auquel avancent les concurrents – du quatrième au septième, personne n’a gagné ce week-end –, il y a clairement la place pour y arriver, en tout cas.